Energies renouvelables dans la région Mena - Une croissance de 9,9% à l’horizon 2020

La crise pétrolière actuelle constitue-t-elle une opportunité pour le développement des énergies renouvelables dans les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), ou au contraire cela risque de mettre en péril certains objectifs fixés, notamment dans les pays exportateurs de pétrole ?

Résultat de recherche d'images pour "Apicorp"C’est sur cette problématique que s’est penchée le dernier rapport de l’Apicorp, bras financier de l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep). Celui-ci explique d’emblée que l’industrie des énergies renouvelables devrait croître de 9,9% dans la région MENA à l’horizon 2020.

Cependant, cette croissance, explique Apicorp, devrait être disparate d’un pays à l’autre et devrait surtout être tirée par les pays importateurs nets de pétrole et les Emirats arabes unis qui font d’ailleurs figure d’exception dans la région.

Le rapport met ainsi en avant les efforts entrepris par certains pays, à l’image du Maroc, de la Jordanie, de l’Egypte et des Emirats pour augmenter la part du renouvelable dans le mix énergétique via certaines mesures fiscales et tarifaires, entre autres.

Des efforts motivés par la dépendance de certains de ces pays au fuel importé, les poussant à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à rechercher des énergies alternatives. C’est ainsi que le Maroc nourrit l’objectif d’atteindre des objectifs de 2 gigawatts en éolien et de 2 gigawatts en solaire en multipliant les projets de concentration solaire comme les programmes Noor. Les Emirats arabes unis, qui font l’exception au sein des exportateurs de pétrole, entendent, eux, générer 75% de leur électricité à partir du solaire à l’horizon 2050 et multiplient la mise en place de projets dans ce sens.

Mais qu’en est-il pour les reste des exportateurs de pétrole ? A ce titre, l’Apicorp rappelle que malgré les engagements pris, les progrès se font attendre. Le rapport met en avant les avantages comparatifs que présentent les coûts d’extraction des énergies fossiles dans des pays comme l’Arabie Saoudite, le Qatar ou encore le Koweït, qui ne font que plomber encore plus des programmes de développement des énergies renouvelables, déjà minés par des politiques incertaines et un manque d’efficience de l’environnement réglementaire.

L’Algérie veut-elle vraiment investir dans le renouvelable ?

L’Apicorp estime aussi que malgré les engagements pris, le potentiel de développement des énergies renouvelables dans ces pays ne sera pas atteint. Non pas que les subventions aux prix de l’énergie fossile constituent le principal problème, mais que soit la structure du marché de l’électricité qui exclut toute forme de concurrence entre les énergies qui en constitue le nœud gordien.

Des marchés caractérisés par l’existence d’un seul acheteur d’électricité, qui n’est autre que la société d’Etat. Une problématique soulevée d’ailleurs, lundi, par le PDG du groupe public Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, qui a estimé qu’il ne peut y avoir de développement réel du marché des énergies renouvelables sans un marché de l’électricité concurrentiel.

Celui-ci a d’ailleurs jeté un pavé dans la mare en tenant des propos semant le doute quant à la volonté réelle des pouvoirs publics d’investir dans le renouvelable. Ainsi, au moment où le gouvernement a réaffirmé l’engagement de mettre en place une capacité de 4,5 gigawatts en renouvelable d’ici à 2020 et de 22 gigawatts en 2030, M. Boutarfa a mis en avant les arbitrages concernant le programme d’investissement de Sonelgaz qui ont desservi les ENR.

Pis, M. Boutarfa expliquait la semaine dernière que bien que le groupe public ait prévu d’investir dans un projet structurant de développement du photovoltaïque pour 100 milliards de dinars par an, le programme en question a été reporté, au bénéfice de l’énergie classique, par l’assemblée générale constituée des institutions représentant l’Etat actionnaire, et par conséquent le gouvernement.

Mieux encore, le PDG du groupe Sonelgaz a estimé, mardi, que si son groupe est prêt à accompagner le programme de développement des ENR, encore faut-il en mobiliser les financements. Il estime aussi que l’objectif de réalisation de 27% de renouvelable dans le mix énergétique «est techniquement impossible à atteindre à l’horizon 2030 (…) eu égard aux conditions de fonctionnement du système production-transport» et qu’il serait plus «raisonnable» de parler d’un objectif de 10%. Des propos qui battent en brèche les discours prometteurs tenus par les responsables du secteur depuis de nombreuses années.

Par Roumadi Melissa - Source de l'article El Watan

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