Allemagne – Maghreb : ce que l’on sait des accords sur le rapatriement de migrants

Suite à une tournée maghrébine de trois jours qui l'a conduit au Maroc, en Algérie et en Tunisie, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a pu avoir l'accord des trois pays pour la réadmission de leurs ressortissants demandeurs d'asile. Berlin est soulagé, mais que s'est-il conclu au juste ?

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Le ministre marocain de l'Intérieur, Mohamed Hassad,
et son homologue allemand, Thomas de Maiziere,
le 29 février à Rabat. © Abdeljalil Bounhar / AP / SIPA
Le 1er mars, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a achevé une tournée au Maghreb dont l’objectif était d’organiser le retour des migrants provenant du Maroc, d’Algérie et de Tunisie. Entamée le 28 février, cette tournée visait à examiner avec les gouvernements respectifs les modalités de réadmission de leurs ressortissants qui ont demandé l’asile en Allemagne au même titre que les réfugiés syriens.

Une situation compliquée qui remonte à juillet dernier lorsque, face à la crise migratoire syrienne, l’Allemagne a choisi d’accueillir en nombre les réfugiés provenant de ce pays. Mais suite à des afflux records et aux estimations portant à 3,6 millions de nombre de réfugiés dans le pays d’ici 2020, la chancelière Angela Merkel a dû se résoudre à durcir sa politique.

Des pressions en ce sens se sont aussi faites plus fortes suite à des agressions sexuelles commises la nuit du 31 décembre dans la ville de Cologne (Allemagne). Premiers visés par l’opinion publique : des hommes « issus de l’immigration », « d’origine arabe et nord-africaine », arrivés illégalement dans le pays. Même si l’identité des agresseurs sexuels n’a pas été avérée à ce jour, Berlin met fin au tabou de l’immigration illégale sur son sol et prend la décision de refouler les ressortissants marocains, algériens et tunisiens, considérant qu’ils proviennent de « pays sûrs » et ne sont donc pas éligibles au statut de demandeurs d’asile comme les Syriens. Après une série de négociations assez serrées avec les trois pays, ces derniers ont accepté le rapatriement de leurs ressortissants.

Combien de migrants sont concernés ?

D’après les autorités allemandes, le nombre de demandeurs d’asile algériens est passé de 847 en juin 2015 à 2 296 en décembre 2015, et celui des demandeurs marocains était de 368 en juin et 2 896 en décembre.

Mais après cette importante hausse fin 2015, le nombre de personnes concernées s’est affaibli. En janvier, 1 600 Marocains, 1 600 Algériens et seulement 170 Tunisiens auraient déposé une demande d’asile en Allemagne.

Que propose l’Allemagne pour les rapatrier ?

Jusqu’à aujourd’hui, lorsque les demandeurs d’asile du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie étaient déboutés de leurs demandes et devaient être expulsés, leur pays refusait souvent de les rapatrier en l’absence de pièces nationales d’identité.Plusieurs migrants se débarrassaient de leurs papiers avant d’arriver en Europe et tentaient de se faire passer pour des réfugiés syriens pour augmenter leurs chances de rester.

« Nous devons parvenir à ce que la procédure [de raptriement, NDLR] soit plus efficiente et plus rapide », avait déclaré Thomas de Maizière à l’AFP, évoquant pour cela un éventuel « recours aux technologies modernes, comme l’utilisation de données biométriques pour l’identification » des ressortissants.

L’Allemagne propose donc de délivrer les noms et empreintes des demandeurs d’asile maghrébins déboutés, afin que le Maroc, l’Algérie et la Tunisie puissent les comparer avec leurs propres bases de données. Une efficacité néanmoins soumise à la concordance des informations recueillies par les différents pays. Ces ressortissants pourront alors être rapatriés via des vols commerciaux, dont les coûts seront pris en charge par Berlin.

Des accords ont-ils été conclus ?

Si en Algérie, les détails de ces reconductions restent encore à définir, le gouvernement marocain a annoncé vouloir répondre en 45 jours après réception des empreintes digitales des migrants concernés. Rabat et Berlin sont en effet déjà liés par d’anciens accords de réadmission où chacun des deux pays s’engage à accueillir les migrants interpellés en situation irrégulière sur le territoire de l’État partenaire.

Concernant la Tunisie, le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière a annoncé la mise en place d’un « projet pilote visant à accélérer l’expulsion des demandeurs d’asile tunisiens déboutés ». « Dans un premier temps, 20 Tunisiens doivent être rapatriés pour tester un (système) de reconduite efficace », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse conjointe à Tunis avec le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid. Le rapatriement devrait se faire en vols charter avec une limite de 25 personnes par vol, sous la surveillance d’agents allemands.

Par Rebecca Chaouch - Source de l'article Jeune Afrique

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