Après l’Allemagne qui veut accélérer le rapatriement des migrants tunisiens, c’est autour de l’Italie de vouloir « expulser les migrants hors de ses frontières ».
A la suite d’une révolte qui a éclaté en début de semaine dans un centre d'accueil pour migrants à Cona, au sud-ouest de Venise, suite au décès d'une jeune femme ivoirienne de 25 ans, le ministre des Affaires étrangères italien Angelino Alfano a déclaré que les autorités de son pays agit « avec rigueur et humanité: nous avons sauvé beaucoup de vies mais nous ne pouvons pas accepter de quiconque des violations des règles ».
Il a ajouté que « c'est pour cela que nous devons accélérer les expulsions et les rapatriements. Je travaille pour conclure des accords qui diminuent les arrivées et empêchent les départs ». Il a précisé « qu’il y a un triangle de pays fondamentaux: le Niger, avec qui nous sommes proches de conclure un accord, la Tunisie et la Libye ».
C’est pour cette raison que le ministre de l'Intérieur italien, Marco Minniti, s'est rendu, mardi dernier, en Tunisie pour « renouveler un accord bilatéral de rapatriement en échange d’aides diverses ». Il a été reçu par le chef du gouvernement Youssef Chahed et s’est longuement entretenu avec son homologue Hédi Majdoub, avant de se rendre, mercredi 4 janvier, à Malte qui assure la présidence tournante de l'UE au premier semestre, pour parler aussi d'immigration et de sécurité. Au menu de ces deux rencontres, la lutte contre le terrorisme et l’émigration clandestine.
Le ministère italien de l’Intérieur établit à près de 200.000 le nombre de migrants arrivés au cours des 12 derniers mois sur les côtes du sud du pays. Soit une hausse de 19 % par rapport à 2015. Mais selon les autorités, la majeure partie de ces migrants n’est pas éligible au statut de réfugié. Rome prévoit donc un sérieux tour de vis dans les procédures de contrôle et de rapatriement.
Depuis 2014, face à 500 000 arrivées les autorités italiennes n’ont rapatrié que 15 000 migrants illégaux alors que plus de 60 % de ceux qui débarquent dans le Sud ne sont pas éligibles au statut de réfugié pour raison politique ou humanitaire. Rome doit faire face aux résistances de différents États. Le Nigeria, l’Égypte, Le Maroc, la Tunisie et le Soudan depuis août 2016, acceptent en théorie, -mais bien plus difficilement dans la pratique - l’engagement de l’Italie à organiser des vols charter de rapatriement.
Le gouvernement italien espère donc promouvoir de nouveaux accords bilatéraux et la mise en place de projets de développement dans les régions concernées, avec le soutien de l’Union européenne. Évidemment, cela signifierait aussi trouver des accords avec le principal pays de départ, la Libye où la situation demeure très complexe.
De fait, plusieurs ONG lancent déjà l’alarme sur le risque d’entassement, et de révoltes, de migrants dits « économiques », enfermés dans des centres d’identification et d’expulsion dans l'attente hypothétique d’être rapatriés.
Le nouveau ministre de l’Intérieur Marco Minniti prévoit de multiplier par cinq le nombre de Centres d’Identification et d’Expulsion (CIE). De quatre, actuellement ouverts et disposant seulement de 400 places, ces centres devraient passer à vingt. L’objectif est de répondre à une demande européenne, en ne permettant plus à ceux qui font l’objet d’un avis d’expulsion de prendre la poudre d’escampette.
Source de l'article Espacemanager
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