«Il n’y a pas d’Union pour la Méditerranée sans l’Afrique»

Depuis bientôt 4 ans à la tête du secrétariat de l’Union pour la Méditerranée (UpM), Fathallah Sijilmassi dresse le bilan de ses principales réalisations. Dans cette interview, le SG de l’UpM salue également la présence marocaine sur le continent qui constitue, selon lui, un ciment entre l’Afrique et l’espace méditerranéen.


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Les Inspirations ÉCO : La présence marocaine en Afrique subsaharienne peut-elle constituer un trait d’union entre la Méditerranée et l’Afrique ?

Fathallah Sijilmassi : Bien sûr que oui. La présence du Maroc sur le continent constitue un ciment entre l’Afrique et la Méditerranée. Il n’y a pas de Méditerranée sans l’Afrique. Il n’y a pas d’Euro-Méditerranée sans l’Afrique. Tout ce que nous faisons s’inscrit dans une vision qui connecte l’Europe à la Méditerranée et à l’Afrique. Tel est notre plan stratégique. Il est normal que des institutions comme l’UpM, zooment sur la Méditerranée, que l’UE s’occupe des questions européennes, etc. En Afrique aussi, des institutions bien connues s’occupent des questions africaines. Au finish, il est important que la vision qui nous porte soit la même et que nos objectifs soient communs. C’est la raison pour laquelle je suis profondément convaincu de cette liaison stratégique entre l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique. Je le dis et je le répète, il n'y a pas de Méditerranée sans l’Afrique.

Les différentes crises en Syrie, ou encore en Afrique, notamment en Libye, ne constituent-elles pas un frein de plus à l’UpM ?

Tous les conflits en cours dans la région, y compris la question palestinienne, sont effectivement des freins à l’UpM. Mais je crois que ce serait une erreur stratégique de dire qu’il faut attendre que ces conflits soient résolus avant de construire l’agenda positif. Nous nous devons, vis-à-vis des millions de jeunes de la région euro-méditerranéenne, de leur fournir l’appui et l’accompagnement nécessaires. Ce que nous vivons au Maroc et en Afrique par exemple comme dynamique, montre l’existence d’un potentiel que je retrouve partout dans les pays de la Méditerranée. Il y a une jeunesse dont je tiens à saluer la vitalité et l’engagement. Je crois qu’il faut continuer à investir ce champ afin de faire en sorte que nous préparions le terrain à un avenir meilleur dans la région. J’espère que ces foyers de tensions cesseront d’être une source d’inquiétude et se transformer en un espoir pour un meilleur avenir. 

Cela dit, comment va l’UpM ?

L’UpM est une institution que je pense, elle est plus importante que jamais. Si l’UpM n’existait pas, il faudrait la créer. Nous vivons dans un monde où, au-delà des difficultés et des foyers de tensions, il y a le besoin affirmé et confirmé de devoir faire en sorte que tout le monde se parle et que l’on avance ensemble. C’est ensemble que nous réussirons et pas de façon isolée. Je suis de ceux qui croient que l’UpM est plus essentielle que jamais. Elle avance de façon pragmatique et construite. Nous ne sommes certes pas à un niveau satisfaisant d’intégration régionale, mais c’est précisément la raison pour laquelle nous devons continuer de travailler.

Quelles réalisations avez-vous à mettre en avant depuis votre arrivée à la tête de l’UpM ?

Je crois sincèrement que nous tenons le bon bout. Il faut être lucide et pragmatique, mais je suis persuadé qu’avec l’implication des 43 États membres, et sous le leadership des deux coprésidences de l’UE et de la Jordanie, nous tenons le bon bout au niveau de la méthodologie de travail. Maintenant, il faut aussi savoir que lorsque l’on travaille dans le cadre d’une organisation comme celle-là, il s’agit d’un processus, d’une construction et d’un acte de foi. C’est pourquoi le facteur temps est important. Il faut donc continuer à travailler, redoubler d’efforts, et faire en sorte que cette plateforme qu’est l’UpM continue à rapprocher non seulement les gouvernements, mais aussi la jeunesse et la société civile. 

Plus concrètement, quels sont les projets qui ont vu le jour ou qui sont en développement ?

À ce jour, 47 projets ont été labellisés et sont en mise en œuvre. Les deux plus récents d’entre eux portent sur le lancement en Tunisie d’un grand projet de dépollution du lac de Bizerte, pour un montant de 91 millions d’euros, financé par la Banque européenne d'investissement (BEI), la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), et l’Union européenne, avec, bien sûr, le soutien du gouvernement tunisien. Ce projet ouvre des perspectives, au-delà de l’aspect environnemental et permet la création d’emplois aux populations locales. Le lancement de ce projet a été fait avec le chef de gouvernement tunisien, la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, et moi-même. Le second projet a été lancé à Marrakech lors de la COP22. Il s’appelle «SPREF» et a été labellisé avec la BERD. C’est un mégaprojet de près de 900 millions d’euros qui vise à stimuler l’investissement privé, notamment des PME, dans le domaine des énergies renouvelables. Comme vous le voyez, les projets marchent, la dynamique politique est là. Il faut de la constance, de la régularité, du travail et de continuer à investir le champ du possible dans une approche volontaire, ambitieuse, mais pragmatique.

Par Oumar Baldé - Source de l'article Lesecos

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