Depuis juillet 2015, les pays lèvent un à un leurs sanctions économiques contre l'Iran. L'accord de Vienne ouvre des opportunités d'affaires pour les pays du pourtour méditerranéen. Revue sectorielle croisée.
La principale inconnue réside dans la production du pétrole iranien. Le pays, doté des 2èmes réserves mondiales de gaz et 4èmes de pétrole (CIA World Factbook 2015), a annoncé l'augmentation de sa production de 500 000 barils/jour. Même si l'Iran a affirmé vouloir jouer le rôle de stabilisateur, cette offre supplémentaire est susceptible d'entraîner les prix du pétrole vers le bas.
Les gagnants: la Turquie, qui cherche à remplacer le pétrole irakien transitant sur son territoire; les autres importateurs d'hydrocarbures comme l'Egypte ou le Liban; les entreprises du secteur privé en général, grâce à la baisse des coûts de production et de transport.
Les perdants: les pays exportateurs de pétrole, notamment l'Algérie et la Libye. L'Iran souhaitant de plus échanger en euro, la monnaie européenne pourrait se voir revalorisée face au dollar, accentuant le déficit commercial de pays exportant leurs hydrocarbures en dollars et important en premier choix depuis la zone euro.
Les échanges internationaux ont largement été entravés par les sanctions sur le secteur bancaire depuis 2012. Les institutions financières iraniennes seront à nouveau connectées par SWIFT. Bien que le secteur bancaire soit fortement étatisé, les banques étrangères (hormis américaines) sont invitées à se réimplanter dans le pays. Si les banques européennes demeurent frileuses à cette idée, le Liban et la Turquie, où les banques iraniennes ont déjà développé leur présence, seraient en première ligne. L'accord commercial signé par le Liban et l'Iran le 2 février 2016 comprend d'ailleurs un volet financier.
Dans le domaine de l'automobile, l'Iran est non seulement le 2ème producteur de la région mais aussi un marché juteux de 80 millions d'habitants encore en croissance. Le taux d'équipement en véhicules de particuliers en 2013 était de 147 pour 1000 habitants, alors que l'Allemagne et l'Italie dépassent allègrement les 500 (données OICA). En plus des franchises européennes (Renault-Nissan, Mercedes-Benz, etc.), les constructeurs produisent des modèles destinés au marché intérieur ou régional. Iran Khodro, le 1er constructeur iranien, est par exemple implanté en Algérie et en Tunisie.
Les entreprises du BTP peuvent également avoir une carte à jouer. La gestion de l'eau et le domaine aéroportuaire restent à développer en Iran, et le réseau ferroviaire est vieillissant. Même si les entreprises européennes, surtout françaises, ont déjà placé leurs pions, les constructeurs turcs ont également leurs chances.
Outre le fait que l'Iran devienne au fil des ans une destination prisée, le secteur du tourisme en Méditerranée attend également la clientèle iranienne (la classe moyenne, selon les sources, constitue de 50 à 60% de la population). La Turquie, la Tunisie et l'Egypte espèrent combler en partie les pertes de la clientèle européenne.
Depuis les années 1990, l'Etat iranien soutient une politique de modernisation de l'agriculture, motivée par la rareté de certaines denrées. L'équipement et l'ingénierie agroalimentaire offrent encore des opportunités, surtout en faveur des entreprises européennes.
Les industries chimiques et pharmaceutiques ont déjà ouvert la voie, avec non seulement l'implantation de leaders européens, tels que Novartis et Sanofi Aventis, en Iran, mais aussi des partenariats iraniens avec le Liban ou encore la Tunisie.
L'ouverture économique de la puissance chiite amène donc d'importantes possibilités de partenariats avec le Proche-Orient et l'Afrique du Nord comme l'Europe. L'internationalisation grandissante de l'économie iranienne ne laissera certainement pas de marbres ses rivaux sunnites, Arabie Saoudite et Qatar en tête, qui pourraient chercher à la concurrencer sur les plans économiques tant que politiques.
Source de l'article Animaweb
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