Bruxelles et Le Caire se sont entendus sur des priorités communes jusqu’en 2020. L’UE insiste sur le respect des droits de l’Homme alors que ceux-ci sont mis à mal en Égypte.
Un « conseil d’association » entre l’Union européenne (UE) et l’Égypte, s’est tenu le mardi 25 juillet à Bruxelles. « Un certain temps est passé depuis le dernier : sept ans… », a rappelé Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne. Et pour cause, depuis la révolution égyptienne de 2011, qui a abouti à la démission d’Hosni Moubarak, l’UE avait suspendu la tenue de telles rencontres dans le cadre de l’accord d’association signé en 2001 (et entré en vigueur en 2004).
L’Égypte un acteur clé
Mais Bruxelles a toujours considéré l’Égypte comme un acteur clé, autant pour garantir la stabilité dans la région que pour gérer les flux migratoires. L’objectif de cette réunion était de définir de nouvelles priorités de partenariat, pour la période 2017-2020. Celles-ci touchent aussi bien au développement socio-économique du pays qu’à la lutte contre le terrorisme.
Car à Bruxelles, un seul mot d’ordre anime le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) : « Ne pas laisser l’Égypte mal tourner. » L’Europe veut pouvoir compter sur ce pays de près de 100 millions d’habitants. « Il y a une peur réelle de la part de l’UE de voir l’Égypte exporter en masse des réfugiés, des migrants, voire des terroristes », expose un représentant de l’ONG EuroMed Droits, à Bruxelles.
Les ONG sous la coupe du régime
Justement, ces ONG en Égypte sont sous la coupe du régime : une nouvelle loi promulguée par le président Abdel Fattah al-Sissi régule leurs activités. Il est par exemple interdit de publier une étude ou un sondage sans l’aval étatique. L’existence de cette loi, déjà dénoncée par le SEAE en mai, a été rappelée par Federica Mogherini pour souligner l’importance du respect des droits humains. Mais, des prisonniers politiques, exécutions extrajudiciaires et autres cas présumés de torture, elle n’a pas dit mot.
« L’Égypte n’a jamais été un pays très ouvert, mais aujourd’hui, il est en train de se fermer complètement, reprend-on au bureau d’EuroMed Droits. Cette volonté d’éradication de la société civile est inquiétante car c’est elle qui permet d’impulser des réformes pour aller vers plus d’ouverture. Même sous Moubarak, les ONG pouvaient travailler ! » Qui plus est, celles-ci ont un rôle crucial à jouer dans la mise en œuvre des priorités adoptées pendant la réunion.
Lutte contre le terrorisme
« Le moment est très mal choisi par l’UE pour se rapprocher de l’Égypte », insiste pour sa part David Nichols. Pour le directeur du programme Politique étrangère de l’UE au bureau bruxellois d’Amnesty International, l’accent mis sur la lutte commune contre le terrorisme est particulièrement dangereux puisque ce sont souvent par les mesures prises dans ce cadre que le régime égyptien justifie les restrictions des libertés individuelles.
Par Céline Schoen - Source de l'article La Croix
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