Algérie - Les compagnies aériennes publiques restent fragiles face à l'échéance de " l’Open Sky "

Avec de nouvelles liaisons aériennes et une augmentation de la flotte, toutes les conditions sont remplies pour accroître de manière considérable la capacité du transport aérien en Algérie. Toutefois, des défis exogènes, notamment un environnement plus concurrentiel à venir et des conflits sociaux, risquent de limiter les bénéfices de cette campagne d’expansion.
Des chiffres publiés par l’Établissement de Gestion de Services Aéroportuaires montrent que le nombre de passagers a enregistré une hausse de 7% entre 2011 et 2012, passant de 1,29 million à 1,38 million. Le nombre d’Algériens qui ont effectué un voyage en avion est passé de 1,03 million à 1,1 million sur la même période, tandis que le nombre de passagers internationaux est passé de 263 000 à 275 400.
En Algérie, le secteur de l’aviation intérieure est composé de la compagnie aérienne nationale, Air Algérie, et de trois autres compagnies intérieures, dont Tassili Airlines (TAL), une filiale à 100% du groupe pétrolier et gazier public Sonatrach. Air Express Algeria et Star Aviation, les deux autres transporteurs, plus petits, proposent principalement des services de vols charter et des vols cargo, en grande partie à destination du secteur pétrolier et gazier.
Renforcement des flottes d’Air Algérie et Tassili
Le projet d’Air Algérie d’élargir sa flotte de près de 40% en achetant de nouveaux avions occupe une place centrale dans la stratégie de développement de la capacité du transport aérien. Au mois de mai, Air Algérie a annoncé son intention de procéder à un appel d’offres en vue de l’acquisition de 16 nouveaux appareils, ce qui porterait sa flotte à 58 avions. La compagnie aérienne a déjà renouvelé ou remplacé près de deux tiers de ses avions, pour un coût de 60 milliards de dinars (541 millions d’euros).
Les avions supplémentaires viennent soutenir le projet d’Air Algérie d’accroitre sa présence en Afrique en effectuant un plus grand nombre de vols vers des destinations telles que Dakar, Niamey, Bamako, Nouakchott et Abidjan, tout en lançant de nouvelles destinations. En outre, la compagnie aérienne a signé un accord de principe avec le Canada qui, s’il est approuvé, permettra à Air Algérie d’augmenter la fréquence de ses vols à destination du pays et de proposer un vol par jour.
Quant à TAL, qui jusqu’à récemment centrait ses activités sur la prestation de services à destination du secteur des hydrocarbures, elle développe aussi ses opérations. La compagnie prévoit d’ajouter 6 avions à sa flotte, qui en compte actuellement 31, afin d’exploiter de nouvelles opportunités sur le marché intérieur. En septembre, le PDG de TAL a déclaré à Algérie Presse Service que la compagnie aérienne pourrait bénéficier de subventions de l’État afin d’assurer des vols réguliers vers le sud du pays.
Deux mois plus tôt, TAL avait lancé ses premiers vols charter internationaux qui relient Béjaïa et Jijel aux villes françaises de Saint-Étienne et Grenoble. La compagnie aérienne prévoit désormais de lancer de nouvelles liaisons charter à destination de Dubaï, du Maroc, de l’Espagne et de la Turquie.
Un secteur fragile à « l’Open sky »
Si le soutien appuyé du gouvernement peut être interprété comme une preuve de la confiance dans le potentiel du secteur du transport aérien, il n’en reste pas moins que celui-ci va devoir faire face à de nombreux défis, qui pourraient encore entraver son développement. Air Algérie fait partie d’un marché en pleine évolution et le monopole qu’elle exerçait sur la quasi-totalité des liaisons internationales s’érode petit à petit. La décision de l’Algérie de signer plusieurs accords bilatéraux en matière de services aériens, en particulier, a ouvert le marché à de nouveaux acteurs du secteur. En janvier 2013, l’Algérie et l’Italie ont signé un nouvel accord bilatéral, plus poussé, qui permet à Alitalia de faire passer son nombre de vols hebdomadaires vers le pays d’Afrique du Nord de 14 à 18. Un conflit opposant Air Algérie et le Syndicat national du personnel navigant, qui réclame une revalorisation du salaire et du statut, peut également représenter un frein à la croissance. Le syndicat soutient que le transporteur n’a pas mis en application certains éléments d’un précédent accord et la menace d’une grève de durée indéterminée reste en suspens.
Dans un tel contexte, les appels se multiplient pour demander que le pays signe un accord « ciel ouvert » avec l’UE et donne à des compagnies aériennes à bas prix l’opportunité de s’installer sur le marché. Les partisans de cette politique soulignent le rôle clé qu’ont joué les compagnies aériennes low-cost dans la stimulation de la croissance au Maroc voisin, pays qui a signé un accord « ciel ouvert » avec l’UE en 2006. Les transporteurs à bas prix, tels que les compagnies européennes Easyjet et Ryanair, n’ont pas attendu pour s’engouffrer dans le marché et, alors qu’ils proposaient 550 000 sièges en 2006, ce nombre atteignait 7,1 millions en 2010. Aujourd’hui, les compagnies low-cost s’arrogent 35% des sièges au Maroc, contre moins d’1% en Algérie.
Source de l'article Maghrebemergent

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