ACWA Power International,
entreprise saoudienne, est retenue pour la contruction du complexe thermo
solaire de Ouarzazate.
Louis Boisgibault a participé à
la 6ème édition de l'African Power Forum (APF 2012) à Marrakech. Il commente
ici une nouvelle lourde de sens : l'échec des sociétés européenne dans le
projet solaire de Ouarzazate.
Annoncée le 26 septembre dernier
par la presse marocaine, l''annonce de la victoire de l'entreprise saoudienne
ACWA Power International pour le projet de centrale solaire à concentration de
Ouarzazate suscite beaucoup de commentaires. Le sujet a longtemps été débattu,
le thème du forum portant en effet sur la nécessaire transition vers les
énergies renouvelables.
La fin du suspens arrive après un
long processus qui avait permis à 180 consortiums internationaux de participer
: une première sélection de 19 groupements, 4 finalistes devenus 3 après la
faillite de l'allemand Solar Millenium. L'enjeu est majeur puisqu'il s'agit de
construire l'une des plus grandes centrales thermo-solaires du monde, avec des
capteurs cylindro paraboliques pour produire de l'électricité (160 MW pour la
première phase, avec un objectif de 500 MW sur le site de 3 040 hectares ). ACWA Power
International est le chef de file d'un consortium qui comprend les espagnols
Aries Ingenieria y Systema et TSK Electronica y Electricitad (*). Il a gagné en proposant un prix heure de pointe
évalué de 1,6187 dirhams par kWh, soit 21% inférieur à l'offre suivante.
En discutant avec un responsable de MASEN, l'Agence
Marocaine pour l'Energie Solaire, on comprend tout l'enjeu de ce choix pour le
Royaume. Les évènements vont maintenant s'enchaîner rapidement, après un an
d'attente. Les travaux vont débuter fin 2012 et la construction va durer 2 ans.
"C'est un grand pas que nous franchissons aujourd'hui. Ces résultats sont
de très bon augure pour l'allègement de la pression que subit notre pays, liée
à la volatilité des prix de l'énergie fossile, sans parler de la contribution
positive à la concrétisation de notre politique de développement durable"
avait déclaré Ali Fassi Fihri, Président du conseil de surveillance de la
MASEN. C'est dans ce contexte que nous avons remis à MASEN le trophée
"African Power Forum Award 2012".
En tant que seul représentant
français au Forum, parmi plus de 100 participants africains, cette décision
sonne comme un échec de l'Union Européenne. Nous aimerions que le Maroc regarde
au Nord pour les coopérations industrielles innovantes mais force est de
constater qu'il regarde maintenant vers l'orient, avec cette entreprise
Saoudienne, et avec la Chine en embuscade pour la fourniture de panneaux
solaires et divers équipements dans le domaine des énergies renouvelables. La ligue arabe constitue un réseau important
où les pays frères s'entraident, avec des capitaux significatifs venant des
Emirats et d'Arabie Saoudite pour financer des projets maghrébins.
L'Union Européenne est incapable
de porter une offre industrielle pour ces grands chantiers d'avenir. Chaque
pays, Allemagne et Espagne en tête pour l'énergie solaire, fait sa proposition
sans aucune coordination, en compétition avec le voisin. La crise économique de
la zone euro a des répercutions négatives puisqu'elle renforce les
nationalismes et fragilise les entreprises : la faillite du finaliste allemand
Solar Millénium a choqué les marocains, à juste titre. La France décroche, elle
doit maintenant renforcer ses efforts pour garder un leadership technologique
et arriver à vendre son offre à l'exportation. On est conscient des efforts du
Syndicat des Energies Renouvelables qui a lancé France Solar Industry. C'est un
regroupement des entreprises françaises qui interviennent dans les différentes
filières de l'énergie solaire et se présentent sur les marchés internationaux.
Mais cela ne suffit pas.
Nos amis marocains ont pourtant
encore besoin de nous pour...le financement : Cette première phase de la
centrale de Ouarzazate est évaluée à 1 milliards de dollars, dont 200 millions
proviennent de prêts concessionnels contractés auprès d'institutions bancaires
et d'agences de développement,et notamment de l'Agence Française de
Développement. On souhaite bien sûr que la construction ne pose pas de
problèmes et que les coûts et délais ne dérapent pas. Mais on n'a pas fini
d'entendre parler de ce projet emblématique.
Par Louis Boisgibault - Energies renouvelables et développement durable
Source de l'article L'ExpansionPar Louis Boisgibault - Energies renouvelables et développement durable
(*) Voir ouvrage "l'énergiesolaire après fukushima, la nouvelle donne", www.medicilline.com Chapitre
4, 3ème partie, page 112 : l'exemple de la centrale solaire de Ouarzazate.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire