La Valette - Les dirigeants des
pays du Sud de la Méditerranée se sont attachés à rassurer leurs homologues sur
l'état de la démocratie dans leurs pays et appeler de leurs vœux une plus ample
coopération, à l'occasion du sommet du Dialogue 5+5 vendredi à Malte.
"Pour la première fois de
notre histoire, nous partageons les valeurs de la démocratie", s'est
réjoui le président tunisien Moncef Marzouki, au cours de la cérémonie
d'ouverture de ce sommet 5+5 (Espagne, France, Italie, Malte, Portugal + Algérie,
Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie), le premier depuis le "Printemps
arabe" de 2011 qui a entraîné la chute des dirigeants tunisien et libyen.
Les changements en cours sur la
rive Sud de la Méditerranée "ne constituent pas une menace pour
l'Europe", a déclaré M. Marzouki, en appelant par exemple à "ne pas
avoir peur des groupes salafistes". "Le peuple n'accepterait jamais
des systèmes islamiques non démocratiques. Nous voulons la démocratie
islamique, pas l'autocratie", a-t-il insisté.
"L'Europe est notre destin",
a ajouté le président tunisien. Selon lui, les pays européens "vont
trouver beaucoup d'opportunités dans notre région", qui a "un besoin
criant d'infrastructures".
Même écho de la part du président
mauritanien : "La région a connu des développements politiques qui vont
contribuer à la stabiliser", a assuré Mohamed Ould Abdel Aziz.
Pour lui, le dialogue 5+5
"devrait contribuer à affronter des défis comme le terrorisme, le crime
transfrontalier, le trafic d'armes qui imposent de changer de mentalités".
"Nous sommes
complémentaires", a ajouté le président mauritanien, plaidant en faveur
d'"un dialogue entre civilisations", sans "toucher aux questions
religieuses ni léser la dignité des peuples" et en respectant "les spécificités".
Pour sa part, le président
français François Hollande a évoqué "deux défis". D'abord
"accompagner la transition démocratique et le respect des droits des
peuples", en faisant "en sorte que la dignité des personnes soit
partout respectée". Puis le "défi économique", avec le "développement
de la rive Sud de la Méditerranée" et "la croissance qui doit être
stimulée au nord de la Méditerranée", les deux allant "de pair".
"Transition
démocratique"
Parmi les projets, il a cité
"l'autoroute du Maghreb", qui bute sur le conflit au Sahara
occidental divisant Alger et Rabat.
Le président français a cité
parmi ses priorités la jeunesse, évoquant "un Erasmus" - programme
d'échanges entre étudiants européens - afin de permettre "la mobilité des
jeunes de la rive Sud de la Méditerranée", ainsi que l'énergie, les
transports et les infrastructures".
Enfin, "il y a la sécurité
de la région" du Sahel avec la question du Mali, a-t-il noté.
A côté du gros dossier du
co-développement, les dirigeants ont parlé d'immigration clandestine, de
terrorisme et de nouveaux domaines de coopération possibles comme la formation
professionnelle ou les énergies renouvelables.
Pour le Premier ministre italien
Mario Monti, "notre aide aux pays du Sud doit devenir plus systématique
car la démocratie se renforce grâce au développement".
Rome a rappelé que "les
jeunes avaient joué un rôle fondamental" dans les révoltes arabes, mais,
"sur les deux rives de la Méditerranée, ils sont un facteur de croissance
sous-utilisé, très fortement touché par le chômage".
"Les printemps arabes
peuvent se faner rapidement si les gens n'ont pas à manger", a souligné M.
Monti.
"Malgré les problèmes en
Europe, il est de la plus grande importance et de l'intérêt commun de coopérer
par exemple dans le tourisme, la sécurité énergétique et les migrations",
a-t-il ajouté.
Selon M. Monti, les participants
au sommet 5+5 ont trouvé beaucoup d'"inspiration" dans le modèle
d'intégration européen, un modèle qu'ils n'avaient pas pu adopter jusqu'à
présent "tant qu'existaient les dictatures dans leurs pays".
En marge du sommet, France,
Espagne, Italie, Portugal et Malte ont discuté de la crise de l'euro. Les
dirigeants des cinq pays ont "réitéré leur appel à l'application rapide
des décisions adoptées par le Conseil européen en juin". Ils ont également
souhaité que le prochain conseil "ouvre la voie à l'établissement d'un
système de supervision bancaire unique en Europe, à décider avant la fin de
l'année et opérationnelle d'ici à janvier 2013".
Par l’AFP – Source L’Express
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