Printemps arabe: la politique de l'Occident toujours critiquée

Près de trois ans après le déclenchement du Printemps arabe, et malgré les promesses de changements, la politique de l'Occident a fait l'objet de critiques persistantes à l'occasion d'un "Forum du sud" à Tanger (Maroc).

Colloque MEDays.
"Au nom de la stabilité, de la lutte contre el-Qaëda et du processus de paix au Proche-Orient, la communauté internationale a appuyé des dictatures. Nul doute là-dessus", a réaffirmé vendredi l'envoyé spécial de l'Union européenne pour le sud de la Méditerranée, Bernardino Leon Gross.

"Mais on a appris la leçon et on essaie désormais de mettre devant toute autre considération l'appui --sans ingérence- à la démocratie et aux droits de l'Homme", a-t-il assuré, à l'occasion d'un débat intitulé "Monde arabe: l'hiver après le printemps?" dans le cadre des MEDays, un colloque annuel qui s'est achevé samedi.

Aux premières heures des révoltes en Tunisie et en Egypte, les Occidentaux ont en effet été accusés d'avoir soutenu les régimes en place.

En Egypte, "l'Occident a eu du mal à comprendre qu'une population si passive pendant si longtemps se mette d'un coup à battre le pavé", rappelle la politologue et ancienne parlementaire égyptienne Mona Makram-Ebeid. "On espère que les Etats-Unis et l'Europe se mettront cette fois du bon côté de l'histoire, du côté des populations", a ajouté cette Copte opposée aux Frères musulmans.

Mais M. Gross s'est défendu: en Egypte, "on nous a accusés de ne pas avoir soutenu la démocratie, et on nous accuse maintenant de soutenir les Frères musulmans. L'idée que l'UE a soutenu une faction est ridicule", a-t-il asséné, en référence à la confrérie de Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu du pays qui a été déposé en juillet par l'armée après des manifestations montres réclamant son départ.

'Trop' ou 'Pas assez'

Le diplomate espagnol a expliqué avoir "passé huit mois à tenter de convaincre le président Morsi et son équipe que la seule façon de gérer l'Egypte était d'inclure l'opposition".

"Au mois de novembre (2012), il a publié un décret où il s'est octroyé toute une série de pouvoirs législatifs. J'ai appelé ce soir-là pour dire +ça ne va pas marcher+", a-t-il plaidé. "On a fait des erreurs, des personnalités ont fait des erreurs --Silvio Berlusconi en Italie avec (l'ex-dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi ou des responsables français avec (l'ancien président tunisien Zine El Abidine) Ben Ali. Mais on ne peut pas généraliser à l'UE", a-t-il aussi rappelé.

Revenant sur la chute de Hosni Moubarak, Philip J. Crowley, ancien porte-parole d'Hillary Clinton au Département d'Etat, a pour sa part raillé "les conspirationnistes selon qui les Etats-Unis tirent les ficelles".

"Je peux vous assurer que ça n'a jamais été le cas. Tous les jours de janvier 2011, nous tenions des réunions de deux heures sur l'Egypte, et on passait la moitié à essayer de comprendre", a-t-il avancé.

Comme l'a dit récemment "le président (Barack) Obama aux Nations unies: on nous reproche soit d'en faire trop, soit de ne pas en faire assez", a rappelé M. Crowley, en expliquant que l'enjeu était désormais le triptyque "paix, respect et stabilité pour les citoyens".

"Il y a eu, en Egypte, l'établissement d'une feuille de route qui pose des balises pour l'avenir", a embrayé Mona Makram-Ebeid, avant d'ajouter: "Mais les Etats-Unis semblent ne pas voir ce qui se passe sur le terrain".

La réponse est venue du représentant de l'UE: "On ne peut pas diaboliser complètement une partie, en l'occurrence les Frères musulmans". "L'inquiétude que nous avons c'est la polarisation de la société égyptienne", a-t-il ajouté, précisant que les Européens tenaient à s'exprimer "en tant qu'amis".
Source de l'article l'Orientlejour

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