Lors des Petits déjeuners de la Méditerranée et de l’Afrique, rencontre régulière organisée par l’Institut de prospective économique du monde (Ipemed) et la Banque publique d’investissement avec d’autres partenaires, il a été question de la sécurité et la souveraineté alimentaires entre pays africains, méditerranéens et européens.
D’emblée, les experts, après diagnostic, justifient le pourquoi de cette sécurité en révélant les quatre raisons qui militent pour cette cause.
Concernant la santé publique dans l’espace constitué par l’Afrique et le Moyen-Orient, selon Kelly Robin et Jean-Louis Rastoin, «au moins 500 millions de personnes se trouvent en situation de déficit alimentaire et 400 en excès, soit près de 70% de la population totale, avec le triple fardeau de la faim, de pathologies telles que l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2 et les maladies infectieuses d’origine alimentaire, entraînant une mortalité et des coûts très élevés».
En 2050, d’après les mêmes spécialistes, la population de la grande région Afrique-Méditerranée-Europe passera à 3,3 milliards (actuellement, elle est de 1,9 milliard d’habitants) sous la poussée du continent africain, dont la population fera plus que doubler, tandis que l’Union européenne connaîtra un déclin démographique de 1%. D’où la nécessité de la création de centaines de millions d’emplois au Sud pour absorber ce choc démographique.
Or, toujours selon K. Robin et J.-L. Rastoin, «en 2050, un tiers de la population de l’Afrique, de la Méditerranée et de l’Europe sera rural. D’où la nécessité d’agir en faveur d’un développement durable et inclusif des zones rurales afin d’éviter le risque de migrations massives et déstabilisantes au sud comme au nord».
Economiquement, le voyant est au rouge également, puisque le lourd déficit de la production par rapport aux besoins génère en Afrique et en Méditerranée des importations de produits agricoles et alimentaires approchant 180 milliards de dollars, soit quatre fois plus qu'en 2000. Un constat qui nous renvoie inéluctablement à la question du professeur Boubacar Yacouba Barma : «L’année 2017 sera-t-elle l’année du début du grand bond de l’agriculture ?»
L’industriel franco-algérien Mounir Gaouar tente d’apporter des réponses : «Il y a dans le monde 900 millions de personnes qui souffrent de malnutrition, avec des disparités en Afrique entre le Nord et le Sud, d'où l'importance d'une solidarité nord-sud, sud-nord et sud-sud. L'agriculture est le secteur économique le plus créateur d'emplois, dont 70 à 80% d'emplois féminins. Il convient de respecter en Algérie, comme partout en Afrique, l'agriculture et les cultures propres au pays et de ne pas importer des méthodes non adaptées à la région. Ainsi il est primordial de s'appuyer sur ce qui fait la force de l'agriculture algérienne et son savoir-faire. Il serait souhaitable de multiplier en Algérie des petites unités agricoles créant environ 150 emplois plutôt que de partir sur de grands projets.
L'exemple de fermes pilotes comme au Bénin (Songhai), parties d'un hectare pour atteindre 24 hectares, est une bonne option. Il est important de créer des cités agroalimentaires, à l'instar de celle créée à Saragosse, où l'on fera de la formation dans l'agriculture, de la production, de la conservation, de la logistique (stockage, espaces réfrigérés, transport) ainsi que la création d'énergie…»
Source de l'article ElWatan
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