Le premier ministre français, Bernard Cazeneuve, a achevé sa visite d’une journée à Tunis, vendredi 7 avril, en louant l’« excellence » de la relation bilatérale et en insistant sur la « grande confiance » qu’inspirait à Paris la transition démocratique tunisienne.
Il a tenu à afficher un optimisme sur la Tunisie en décalage avec le scepticisme grandissant d’un certain nombre de bailleurs de fonds internationaux, aux premiers rangs desquels le Fonds monétaire international (FMI), qui s’interrogent sur la capacité de Tunis à honorer ses engagements à réduire ses déficits publics. Avec une croissance du PIB stagnant à 1 % et un déficit budgétaire en hausse continue – il s’est élevé à 6 % du PIB en 2016 contre 4,8 % en 2015 – l’économie tunisienne peine à se relancer alors que mûrissent les tensions sociales. Sa visite a été conclue par la signature avec son homologue Youssef Chahed par la signature de plusieurs accords, notamment pour financer les travaux de réaménagement du métro léger, place de Barcelone à Tunis et de renforcer le système d’alimentation en eau potable dans les régions du Cap Bon, du Sahel et de Safax.
Auparavant, le premier ministre français Bernard Cazeneuve a rencontré des personnalités de la société civile tunisienne et des milieux économiques. Ouided Bouchamaoui, la présidente de l’Union tunisienne de l’industrie (Utica), n’a ainsi pas mâché ses mots. « On est un peu déçus par l’aide de la communauté internationale. La Tunisie n’a pas eu ce qu’elle méritait », a-t-elle expliqué. Elle a fait remarquer qu’un soutien important était apporté à la lutte antiterroriste et au secteur sécuritaire mais que la transition économique de la Tunisie restait à faire, notamment en direction d’une jeunesse durement frappée par le chômage. « L’échec de la Tunisie serait l’échec de toute la région et les Européens seront aussi touchés » a-t-elle prévenu, soulignant deux sujets d’inquiétude particulièrement aigus : l’économie parallèle – jusqu’à 50 % du PIB selon certaines estimations – et l’instabilité dans la Libye voisine.
De son côté, Chafik Sarsar, président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), a lui aussi alerté sur le risque de « désillusion grave » d’une grande partie de la population. « La question risque d’être : si la démocratie n’engendre pas la prospérité, est-ce que la dictature ne vaut pas mieux ? » Il a estimé que les prochaines élections municipales et régionales devraient être un levier important pour activer les changements du pays : « Les habitants des régions de l’intérieur ont besoin d’une lueur d’espoir».
Source de l'article Espace Manager
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