Des enfants viennent chercher de l’eau au puits après l’installation d’une pompe, à Calaba Town (Sierra Leone). Expertise France agit principalement en Afrique subsaharienne et au Maghreb. / Tommy Trenchard/Panos-Rea |
Aider les pays du Sud à élaborer et mettre en œuvre leur propre projet de développement : c’est la mission d’Expertise France, l’agence française de coopération technique internationale.
Après des études d’ingénieur à Poitiers et quatre années passées comme consultant pour un grand groupe français de l’énergie, Ilyès Gouja a eu l’envie de retourner dans son pays, la Tunisie, avec une idée fixe en tête : créer sa propre entreprise.
« C’était en 2013, deux ans après la révolution, se souvient le jeune homme. La situation était encore chaotique et il n’existait pas grand-chose pour accompagner les rares start-up qui voulaient se lancer. »
Celui-ci se tourne donc vers l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à Marseille, pour soumettre son projet de valorisation de micro-algues et obtient son ticket pour le Programme d’appui à la création d’entreprises innovantes en Méditerranée (Paceim) mis en place en partenariat avec la GIZ, l’agence allemande de coopération internationale.
« Un savoir-faire mondialement reconnu »
Trois ans plus tard, Vitalight Lab s’est installée dans la zone industrielle La Charguia, près de Tunis, emploie 9 personnes et s’apprête à lancer sa première gamme de produits cosmétiques et de compléments alimentaires. « Une manière de montrer que la Tunisie est un pays de compétence et pas seulement de sous-traitance », revendique fièrement Ilyès Gouja.
C’est pour multiplier les réussites de ce genre que le programme Paceim a été intégré, en 2016, dans un projet plus large, Meet-Africa, pour accompagner 80 jeunes Africains diplômés en France ou en Allemagne qui souhaitent, comme Ilyès, développer leur projet dans leur pays d’origine. Un programme financé par l’Union européenne et coordonné par Expertise France, l’agence de coopération technique, qui œuvre, loin des lumières médiatiques, au développement des pays du Sud.
« Nous n’avons pas de budget en propre, mais nous avons des experts. Un savoir-faire mondialement reconnu qui nous permet d’être présents dans 80 pays, principalement en Afrique subsaharienne et au Maghreb, pour conseiller et former nos partenaires à la mise en place de politiques publiques adaptées aux besoins des populations », explique Sébastien Mosneron Dupin, directeur général de l’agence.
« Il ne s’agit pas d’apporter la lumière, mais des solutions techniques »
En langage spécialisé, on appelle cela du « renforcement de capacités ». « À la différence de l’Agence française de développement (AFD), nous ne finançons pas de grands projets, mais concevons et mettons en œuvre des projets de coopération technique. Notre métier est basé sur l’échange entre pairs pour aider les administrations ou la société civile à identifier les problèmes et apporter des solutions. Il s’agit non pas de faire pour eux, mais de les aider à faire », souligne Anne de Soucy, directrice de la stratégie.
C’est ainsi qu’Expertise France intervient à la frontière turco-syrienne pour soutenir le bon fonctionnement de six hôpitaux et trois maternités au service des réfugiés, en République centrafricaine pour structurer et former une administration douanière efficace, ou encore en Tunisie pour améliorer le fonctionnement de l’Assemblée des représentants du peuple, le Parlement créé par la constitution de 2014.
« Notre action est basée sur la conviction que ce qui manque aux pays du Sud, c’est moins l’argent que des politiques publiques de qualité. La finalité de notre mission est de leur apporter la capacité à mener, par eux-mêmes, leur projet de développement », insiste Sébastien Mosneron Dupin. Et si le directeur général reconnaît qu’Expertise France est un instrument d’influence française dans le monde, il récuse d’être un outil de puissance. « Il ne s’agit pas d’apporter la lumière, mais des solutions techniques, pratiques et efficaces quand on nous le demande », réplique-t-il.
Un volume d’activité de 170 millions d’euros
Opérateur sur le terrain des projets financés par l’Union européenne, la France ou de grandes institutions internationales et financières, Expertise France a conduit aujourd’hui 400 projets pour un volume d’activité de 170 millions d’euros.
Pas mal pour une agence née en 2015 de la fusion d’une demi-douzaine de structures similaires. Mais loin encore de son homologue allemand, la GIZ, dont le chiffre d’affaires a avoisiné les 2,5 milliards d’euros en 2016.
Par Antoine d’Abbundo - Source de l'article La Croix
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