De fortes disparités dans le bilan 2015 des pays de la Méditerranée ont été constatées.
Pour Zoé Luçon, coordinatrice scientifique à Anima et auteure d'une note sur les IDE en Méditerranée, les bons chiffres de l'investissement direct étranger annoncés par la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) pour 2015 ne sont malheureusement pas partout synonymes d'une embellie économique tangible. La reprise mondiale de l'investissement repose en partie sur d'importantes reconfigurations des entreprises multinationales.
La Cnuced annonce pour 2015 une progression de 38% des IDE dans le monde. Une manne captée en grande partie par l'Europe et les Etats-Unis. Les entrées d'IDE stagnent ainsi en 2015 autour de 15 milliards de dollars au total pour l'Algérie, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Palestine et la Tunisie, explique Zoé Luçon.
Sur les rives sud et est de la Méditerranée, seuls la Turquie, Israël et l'Égypte progressent car les investisseurs aiment visiblement les pouvoirs forts. «Les deux champions de la région, Israël et la Turquie, enregistrent de très bons crus avec respectivement 11 et 16 milliards de dollars d'entrées d'IDE en 2015, en forte hausse par rapport à 2014» remarque Zoé Luçon. «La Turquie figure ainsi à la 20ème place du classement des économies attirant le plus de flux d'IDE au monde. Les plus grosses opérations concernent le secteur financier (acquisition de Turkiye Garanti Bankasi AS par l'espagnol Banco Bilbao Vizcaya), la distribution (entrée au capital de Boyner Perakende par le qatari Mayhoola) et les médias (acquisition de la plateforme de télévision digitale Digiturk par la division sport d'Al Jazeera.
L'Égypte a attiré 49% d'IDE de plus qu'en 2014. Le pays retrouve son niveau d'IDE d'avant la révolution et devient la deuxième économie africaine la plus attractive pour les étrangers.«Ils ont massivement investi dans les secteurs bancaire (CIB Bank et Citadel Capital), pharmaceutique (Pfizer), des télécommunications (rachat de Mobile Towers Services par le britannique Eaton Towers) et des hydrocarbures», souligne Zoé Luçon.
La Jordanie (-37%), le Liban (-19%) et la Palestine (-25%) font peur en raison de l'instabilité de leurs voisins, la Syrie et l'Irak. L'Algérie voit pour la première fois le flux d'investissements étrangers reculer (-587 millions de dolars). «Le volume des désengagements dépasse en effet celui des investissements effectués en raison du rachat par l'Etat algérien de l'opérateur télécom Djezzy au russe VimpelCom, pour un montant de plus de 2,6 milliards de dollars» précise Zoé Luçon. La Libye comme la Syrie et dans une moindre mesure la Tunisie, connaît une nouvelle année blanche, à l'exception d'investissements de l'italien ENI en Libye dans le secteur des hydrocarbures. La Cnuced tout comme les annonces détectées en 2015 par l'observatoire Anima laissent penser qu'en dépit de la baisse globale de l'investissement attendue en 2016, les pays MED les plus attractifs poursuivront leurs bonnes performances au cours des prochaines années. En attendant, l'Algérie enregistre pour la première fois un flux d'investissement étranger négatif. Va-t-elle se rattraper en 2016?
par Ali Tirichine - Source de l'article L'Expressiondz
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