Les modes de consommation déterminent la durabilité des systèmes agricoles et alimentaires. Pour les pays méditerranéens, il y a urgence d’adopter des mesures pour évaluer les régimes alimentaires durables dans différentes zones agro-écologiques.
A ce sujet, Marc Dedeire, maître de conférences en aménagement à l’université Montpellier 3 relève la nécessité de réfléchir à la façon de voir si les modes de consommation se régionalisent ou pas. C’est aussi, aux yeux du spécialiste, l’idée de voir s’il y a un système d’homogénéisation des modes alimentaires, voire un modèle alimentaire globalisé. Mais la question qui requiert davantage l’attention est celle de savoir «si la globalisation à l’échelle mondiale intègre importe la question de l’alimentation». Pour la Méditerranée, M. Dedeire propose de «chercher la façon de régionaliser les modes et modèles alimentaires». Les pays méditerranéens ont-ils les moyens d’aller vers cette «régionalisation alimentaire»? Le spécialiste cite, d’abord, l’existence des modes alimentaires, comme la «diète méditerranéenne».
En s’appuyant sur ce modèle, «on devrait promouvoir des actions intersectorielles innovantes pour contrer la dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité et la simplification des régimes alimentaires à travers l’amélioration des pratiques alimentaires durables». Les pays concernés sont appelés à «préserver cet acquis et mettre en avant cette particularité en intégrant une dimension de durabilité au point de pouvoir mieux gouverner cette région au niveau des modes de consommation alimentaires». M. Dedeire pense beaucoup à «l’intérêt d’un mode alimentaire régionalisé à l’échelle des grandes régions, pas forcément au niveau de chaque pays».
Si, comme le proverbe le dit, «nous sommes ce que nous mangeons», alors nous devons aussi manger en respectant ce que nous sommes. D’autre part, le spécialiste dira que la question de la Méditerranée est importante parce qu’on a affaire à un territoire qui est «très homogène sur le plan climatique et agronomique». L’idée étant de pouvoir développer des stratégies de développement agricole et rural cohérentes à l’échelle du bassin méditerranéen. «Il sera également question d’imaginer un modèle de labellisation qui puisse convenir à tous les pays et de pouvoir, collectivement, faire connaître les produits de région à travers toute l’Europe, mais aussi à travers le monde», a ajouté M. Dedeire.
D’autres spécialistes diagnostiquent que «réformer» l'agriculture sur des bases plus écologiques et plus directement nourricières ne suffira pas si le secteur agroalimentaire n'adopte pas une obligation de qualité nutritionnelle. Une prise de conscience nouvelle à l'instar des questions écologiques peut finir par faire évoluer le système alimentaire dominant. A l’avenir, les enjeux d'un changement vers un mode alimentaire plus durable peuvent être compris et acceptés par nombre de citoyens, incités à faire de nouveaux choix pour leur santé, mais aussi pour soutenir une gestion plus sociale et écologique de l'alimentation. Poser la question de la durabilité des systèmes alimentaires des territoires méditerranéens c’est reconnaître que la manière dont les citoyens s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture, pose à l’heure actuelle de redoutables problèmes sociaux, environnementaux et économiques.
D’où l’urgence de repenser la gouvernance des systèmes alimentaires de la région, de la territorialiser. Et l’espace méditerranéen en a tous les atouts.
Par Fouad Irnatene - Source de l'article Elmoudjahid
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