L'espèce d'origine tropicale, fléau des mers, est dangereuse pour les écosystèmes et les économies locales. Pire que tout : sa piqûre peut tuer
Ne vous fiez pas à ses jolies couleurs de poisson tropical, avec ses rayures marron/rouge et blanc/jaune, ni à ses élégantes nageoires en éventail. Le Pterois miles ou poisson-lion, une espèce de rascasse originaire de l'océan Indien et du Pacifique, est doté d'un véritable arsenal d'épines empoisonnées (13 sur le dos, 4 sur le ventre). Extrêmement venimeux, sa présence décourage à juste titre celle des touristes : la piqûre du poisson-lion cause des réactions allergiques dangereuses, voire fatales ! Problème : il arrive en Méditerranée et pourrait bien devenir l'espèce dominante en quelques années, comme il l'a déjà fait dans d'autres eaux.
L'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) a confirmé quePterois miles, ou poisson-lion, avait été observé au large de la Turquie et de Chypre. Les craintes de voir l'espèce envahissante et agressive menacer les écosystèmes locaux sont réelles, puisqu'elle s'est développée en cinq ans dans les Antilles, détruisant l'équilibre de l'écosystème marin local après avoir été introduite accidentellement vers 2007. "Cette espèce peut entraîner un impact négatif considérable aussi bien sur les écosystèmes que sur les économies locales", explique le docteur Carlos Jiménez du Cyprus Institute, l'expert en la matière cité par l'IUCN.
Un prédateur ultime
Exclusivement carnivore, le poisson-lion est très agressif et attaque directement les autres espèces. Prédateur ultime, sa technique de chasse est terrifiante : pour attraper ses proies, le poisson-lion déploie ses nageoires pectorales en grand, nage après les poissons, crée ainsi une dépression et les aspire avec son immense gueule. Pouvant atteindre les 50 centimètres, il n'a pas de prédateurs, les requins hésitant à l'attaquer. Capable de se positionner au sommet de la chaîne alimentaire, ses femelles peuvent pondre jusqu'à 30 000 œufs tous les 4 jours, et ce toute l'année.
Baigneurs et plongeurs des eaux méditerranéennes pourraient vivre un calvaire, comme leurs collègues antillais et américains. Les poissons-lions ne s'attaquent pas directement à l'homme en principe, mais leurs épines empoisonnées peuvent faire des dégâts. Les piqûres déclenchent des douleurs qui peuvent durer plus de 24 heures, ainsi que des malaises, fort dangereux lorsque l'on est dans l'eau. Aux dommages écologiques s'ajoutent les pertes économiques puisque la présence du poisson-lion diminue les populations de mérous et d'autres espèces pêchées et commercialisées.
Leur goût exquis pourrait aider à leur régulation
Les premiers poissons-lions ont été aperçus dès 1991, au large d'Israël. Et plus récemment le long des côtes libanaises et tunisiennes, d'après UICN. Selon une étude suédoise datant de 2011, plus de 900 espèces exotiques ont déjà commencé à coloniser la Méditerranée, dont des espèces toxiques comme le Fugu, qui secrète de la tétrodotoxine, une substance potentiellement mortelle pour l'homme. Passant par le canal de Suez, les espèces les plus agressives trouvent en Méditerranée un nouveau terrain de chasse où s'épanouir et où elles peuvent devenir dominantes.
Seule bonne nouvelle dans ce tableau bien sombre, les poissons-lions ont un point faible : leur goût. Si vous vous donnez la peine de les pêcher et d'ôter non sans peine leurs terribles dards, leur chair délicate ne vous décevra pas. Aux Antilles,plusieurs chefs en proposent dans leur menu, en carpaccio, en accras, en brochettes ou en papillote. Une belle manière de joindre l'utile à l'agréable dans cette lutte contre ce poisson plus sympathique dans l'assiette que vivant.
Par Maxime Degenève - Source de l'article Le Point
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