Parce
que l’Union européenne connaît une de ses plus graves crises économiques et
financières, et parce que le monde arabe n’a jamais autant aspiré au changement
politique, mais aussi économique... l’occasion de réunir ces deux « voisins »
s’est imposée comme une évidence des deux côtés de la Méditerranée. Retour sur
les points forts et déclarations du forum économique euro-arabe lancé hier à
Beyrouth.
De gauche à droite, Mme Eichhorst, MM. Salamé, Nahas, Kassar, Fontaine Vive et Itani |
C’était
une image forte, hier, que celle offerte au public venu assister au forum
économique euro-arabe dans la grande salle du bâtiment Adnane Kassar pour
l’économie. Réunis sur une même scène, le président de l’Union générale des
Chambres de commerce arabes, Adnane Kassar, la chef de la Délégation de l’Union
européenne (UE), Angelina Eichhorst, le vice-président de la Banque européenne
d’investissement, Philippe de Fontaine Vive, le gouverneur de la Banque du
Liban (BDL), Riad Salamé, et le président de l’Autorité publique pour la
promotion des investissements au Liban (IDAL), Nabil Itani, se sont, tour à
tour, prononcés en faveur du « partenariat euro-arabe pour une meilleure
complémentarité économique ».
«
Nous sommes aujourd’hui réunis à un moment où des changements radicaux porteurs
d’espoir, mais aussi empreints de nombreux dangers, marquent nos pays arabes »,
a ainsi déclaré, d’entrée de jeu, M. Kassar dans son discours. « Parallèlement,
l’UE traverse une étape cruciale en pleine crise de la dette souveraine et
œuvre pour un processus de reconstruction économique, basé sur davantage de
croissance et d’équilibre », a souligné M. Kassar. Pour lui, le moment est venu
pour les deux zones géographiques d’unir leurs forces pour mieux faire face à
leurs faiblesses. « Ce forum est donc un tremplin pour accomplir ces objectifs
et reconstruire le partenariat euro-arabe sur de nouvelles bases, plus
équitables et équilibrées pour les deux parties concernées », a-t-il ajouté.
L’infrastructure, le partenariat public-privé, les petites et moyennes
entreprises, l’éducation, les industries vertes, le développement agricole
durable ou encore les technologies de l’information sont autant de thèmes et
d’axes que le président des Chambres de commerce arabes a dit vouloir développer
avec les voisins européens.
Pour
Mme Eichhorst, « l’UE a certes beaucoup à apporter au monde arabe en termes de
connaissances ou de savoir-faire, mais les investisseurs européens y trouvent
également leur compte dans la région ». M. Nahas partage également ce point de
vue. « L’UE est le premier partenaire commercial des pays arabes, les produits
européens sont très demandés dans la région et, parallèlement, les exportations
agricoles arabes trouvent de plus en plus preneurs sur le marché européen »,
a-t-il indiqué. Mais ce que la majorité des intervenants a mis en avant, ce
sont les ressources humaines dont jouissent les pays arabes. « Nos pays
possèdent une population jeune, dynamique, très souvent hautement qualifiée,
mais qui est malheureusement confrontée à un taux de chômage de plus de 25 % en
moyenne, a déploré M. Nahas. Il faut donc savoir tirer profit de cette
ressource pour éviter qu’elle n’émigre ou ne se radicalise. »
Le
Liban, un acteur majeur dans cette coopération euro-arabe
«
La situation géographique du Liban le place au cœur de deux régions qui ont
aujourd’hui un intérêt mutuel à coopérer : le monde arabe et l’UE, qui
représentent une cinquantaine de pays et un marché de plus de 700 millions de
personnes », a indiqué le président de l’IDAL, Nabil Itani. « Il a donc un rôle
très important à jouer, comme lieu de passage, mais aussi comme plate-forme
pour les investissements de la région », a-t-il ajouté. M. Itani a indiqué que
le Liban avait accueilli en 2011 plus de 4 milliards de dollars
d’investissements directs étrangers (IDE), « et cela malgré la situation
sécuritaire précaire, la crise économique et la crise syrienne ». Selon lui, le
Liban a beaucoup de potentiel et les investissements peuvent y être très
rentables, surtout dans les secteurs des infrastructures, des technologies de
l’information et du tourisme médical et conférencier.
Le
vice-président de la Banque européenne d’investissement partage le même avis. «
Le Liban est le terreau le plus efficace pour faire pousser un dattier dans la
région », a-t-il affirmé, soulignant par ailleurs qu’un important travail pour
améliorer les infrastructures du pays était nécessaire pour attirer plus
d’investissements et créer par là même des opportunités de travail.
Un
autre pilier sur lequel le Liban peut compter pour faire valoir son rôle
d’acteur majeur dans la coopération économique euro-arabe, c’est indéniablement
son secteur bancaire. Le gouverneur de la BDL a, à cette occasion, rappelé que
malgré la période économique très difficile que traverse le Liban, le pays avait
réussi à conserver sa stabilité monétaire et sa résilience. « Sur un an, les
dépôts ont augmenté de 8 % et les prêts de plus de 10 % », a indiqué M. Salamé.
Beaucoup
d’espérances donc que promet ce forum, autant pour les pays arabes que pour
l’UE. Mais comme l’a très bien dit Mme Eichhorst, « l’économie a besoin de
politique et surtout de décisions courageuses pour lutter contre la corruption,
pour assurer une stabilité politique et répondre aux nouveaux besoins des
populations ». Elle confie à L’Orient-Le Jour que les investisseurs européens
sont très intéressés par les opportunités qu’offrent les pays arabes, mais
cherchent avant tout des pays qui possèdent un cadre juridique solide. «
J’appelle donc très fortement le Parlement libanais à adopter tous les projets
de loi qui vont dans ce sens et qui sont prêts depuis longtemps. » Espérons que
son appel sera entendu...
Par
Marisol RIFAI
Source de l'article l'Orient le Jour
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