Bernardino León, représentant spécial
de l'Union européenne pour la région du sud de la Méditerranée, était en visite
à Tunis les 7 et 8 mai. Cette tournée a été l’occasion d’une série d’entretiens
au sommet de l’État et avec différents leaders politiques. Le diplomate
européen semble avoir pris la mesure de l’enlisement politique de la Tunisie
alors que la constitution se fait toujours attendre.
Rencontres tous azimuts
C’est au siège de la délégation de l’Union européenne que Bernardino León a donné rendez-vous à la presse pour une sorte de compte-rendu de cette visite en Tunisie. Deux jours de consultations ont amené le diplomate à rencontrer tous ceux qui comptent dans la vie politique tunisienne, du premier ministre Ali Laarayedh à Beji Caid Essebsi en passant par Ahmed Nejib Chebbi ou encore Rached Ghannouchi.
Il a beaucoup été question de la constitution et des élections durant ces entretiens, sans que M. León n’en détaille la teneur. Il en ressort avec une « impression intérimaire positive ». Sans avancer que la Tunisie a réussi sa transition démocratique, comme s’était risqué à le fairela semaine dernière la parlementaire française Élisabeth Guigou, l’émissaire européen affirme toutefois repartir de Tunisie « plus optimiste » qu’à son arrivée.
Il a en outre mis l’accent sur l’importance de la réussite du dialogue national convoqué par le président Marzouki. Les parties prenantes doivent selon lui parvenir à des accords dans un esprit constructif sous le regard attentif de la communauté internationale.
Agir en gouvernement légitime
Bernardino León était aussi porteur d’un message de soutien aux autorités de transition. Il a ainsi appelé le premier ministre à agir justement comme s’il n’était pas à la tête d’un gouvernement transitoire en mettant l’accent sur la justice transitionnelle et l’économie. Sur ce dernier point, M. León explique d’ailleurs que les discussions avec le FMI sont en bonne voie. Les élections sont quant à elles timidement évoquées pour la fin de l’année, au mieux.
Il semble que l’Europe, tout comme les principaux bailleurs de fonds internationaux, attendent non plus des élections et un nouveau gouvernement issu des urnes, mais plutôt le feu vert du Fonds monétaire international pour augmenter son soutien financier. Un accord entre la Tunisie et le FMI signifierait en effet l’adoption par les autorités tunisiennes d’une feuille de route de réformes structurelles de l’économie à même de rassurer les investisseurs et les institutions financières.
Or, six mois après la fin du mandat moral du gouvernement actuel, la question de sa légitimité à mener des réformes aussi impactantes sur la vie des Tunisiens est de plus en plus remise en question. D’où tout l’intérêt de la caution européenne qu’est venu apporter l’émissaire de Catherine Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères.
La cohésion sociale avant les valeurs universelles
Compte tenu de la crise du massif Chaambi en cours, il a également été beaucoup question de sécurité lors de cette visite, même si Bernardino León n’a pas pu rencontrer les ministres de la Défense et de l’Intérieur en visite sur le terrain du côté de Kasserine. Concernée au premier chef par l’insécurité croissante en Tunisie, l’UE devrait apporter son soutien dans ce domaine.
Mais, le diplomate a rappelé que cette aide doit répondre aux causes profondes de l’insécurité. Le défi n’est pas seulement d’ordre sécuritaire, mais surtout d’ordre économique et social, notamment dans les régions intérieures, qui ont longtemps été marginalisées.
Enfin, Bernardino León a réitéré que l’objectif de l’Europe était avant tout de conforter unmodèle de démocratie et de cohésion sociale avant de promouvoir les relations commerciales. Malgré une ébauche de constitution très décriée au sein de la société civile, le diplomate a cependant été plutôt évasif sur les valeurs universelles qui fondent pourtant la démocratie à l’occidentale dont il se fait le porte-parole.
Par Rached Cheri - Source de l'article Le Courrier de l'Atlas
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