Cette note écrite en
septembre 2009 est diffusée avec retard.
Tous les experts et les politiques de
bonne foi l’admettent: la mondialisation tous azimuts : aller n’importe où,
acheter n’importe quoi à n’importe qui à
la seule condition du bon prix, couplée à la libéralisation sauvage des
échanges et la financiarisation de l’économie a conduit à la grande crise de
2008-2012 et la montée des populismes en Europe
Pour
en sortir, au niveau international, il est préconisé :
- la régionalisation
c'est-à-dire le retour de la proximité et les échanges avec ses voisins.
- l’intégration par
la production et non par les échanges inégaux implique que pour exporter
dans un pays, il faut d’abord et aussi y produire une partie du bien.
- un pacte de
co-localisation qui fixe les conditions et les règles que les pays voisins
acceptent.
C’est
pourquoi, dans la perspective d’une intégration progressive des pays européens
et des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM), la France et
l’Algérie ont élaboré à titre expérimental un pacte de « co-localisation ».
La
crise économique et financière au Nord et les exigences d’un développement
économique et politique au Sud permettent de repenser radicalement le paradigme
des échanges internationaux et de l’intégration entre pays voisins et
complémentaires.
Dans
un premier modèle, le Sud exporte vers la France des travailleurs immigrés et
des matières premières non transformées et la France exporte des marchandises
transformées. Maintenant, le nouveau modèle doit être radicalement différent.
Le Sud et l’Algérie en particulier pourrait exporter des capitaux pour sauver
les entreprises françaises minées par la crise et exporter des produits de
première transformation et la France en retour exporterait vers le Sud du
savoir faire et des technologies.
Le
moment historique est venu entre la France et les pays du Maghreb, et l’Algérie
en particulier, de renouveler radicalement leur coopération :
- Que l’Algérie avec
son épargne liquide en abondance vienne investir en France pour sauver les
PME/PMI qui sont menacées par les restrictions des crédits bancaires.
- Qu’en retour la
France accepte de créer des activités et des transferts de technologies en
Algérie pour y créer des emplois stables.
Laurent
Fabius (Les échos du 23/08/2012, la diplomatie économique, une priorité pour la
France) a été clair « Est-il normal que la «co-localisation» soit si peu
pratiquée ? c'est-à-dire une stratégie de développement mieux coordonnée entre
la France et les pays sud-euro-méditerranéens ? Clairement non ! ».
La
France a l’ambition de travailler au redressement productif. Elle a l’ambition
de créer des emplois industriels sur son territoire national. Mais la France
admet qu’elle ne peut pas tout produire sur son territoire national et admet
aussi que pour exporter dans un pays, il faut en partie produire dans ce pays.
La France entend privilégier les pays de son voisinage sud de la Méditerranée
et les pays du Maghreb en particulier.
Dans
cette perspective, des co-localisations vont naître. De nombreuses entreprises
vont avoir un pied au Nord et un pied au Sud. Des capitaux vont circuler. Il
faudra les autoriser et les encadrer ; des personnes vont recourir à la
mobilité, il faudra là encore l’autoriser et l’encadrer. Mais il y aura aussi
la sécurisation des investissements à assurer, le partenariat public privé à
promouvoir, les garanties des PME à assurer, les clusters à favoriser.
L’Algérie,
de son côté, a l’ambition de devenir, en une génération, un pays développé qui
maîtrise la transformation de ses matières premières (pétrole, gaz, solaire…)
mais qui s’intègre dans le Maghreb et qui demain servira de tremplin vers
l’Afrique sub-saharienne. Se développer, créer des emplois, retenir sa
population jeune, la former, créer des technopoles et des champions
industriels, telle est son ambition. En une génération, l’Algérie veut sortir
de l’économie de rente, se développer et entraîner le Maghreb pour être le
territoire charnière entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne.
Avec
la France, à titre expérimental, elle signe un pacte de co-localisation et, en
contrepartie du soutien financier que les Algériens pourront librement apporter
aux entreprises françaises, confrontées à la restriction des crédits, les
entrepreneurs algériens exigeront qu’ en retour soit assurée sur place une
formation de qualité, soient définies des stratégies filière par filière
(solaire, agro-alimentaire, médicaments, eau…) que des clusters efficaces
soient constitués, que les entreprises s’implantant en Algérie engagent leur
responsabilité économique, sociale et environnementale (RESE) .
La
France et l’Algérie confient à leurs milieux professionnels le soin de leur
faire des propositions. Un premier rapport sera préparé par le Forum des Chefs
d’Entreprises (FCE) et l’Institut de prospective économique du Monde
Méditerranéen (Ipemed).
Par
Jean-Louis Guigou – Source de l’article Blog de Jean-Louis Guigou
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