Égrené sur plusieurs mois et en plusieurs lieux, Photomed a confié le commissariat de sa 7ème édition à l’écrivain, photographe et vidéaste Guillaume de Sardes pour évoquer les mutations des villes méditerranéennes.
Plongées urbaines, scènes quotidiennes, portraits, paysages, intérieurs, panoramiques ou petits formats… quelque soit le point de vue de l’artiste, photographier Tanger, Alger, Beyrouth, Eboli ou Marseille revient aussi à parler de soi.
À la Villa Méditerranée, deux traversées impactent notre mémoire : Sur la route d’Alger de Franck Déglise et Jardin d’essai de Maude Grübel invités par Soraya Amrane, fondatrice de l’Atelier de Visu à Marseille. Deux autobiographies photographiques dévoilées avec pudeur dans des styles opposés. Franck Déglise emprunte des chemins pénétrés d’un sentiment fugace de nostalgie, comme s’il effectuait un retour sur un monde en passe de disparaitre. Celui de ses origines. Les zones de non retour révèlent les âmes envolées tandis que d’autres, habitées, évoquent la solitude des êtres : une densité émotionnelle fuite à travers le mouvement, l’équilibre précaire entre le net et le flou, le noir et la couleur intenses. Alger, toujours, aux façades décrépies, aux êtres solitaires, au temps arrêté dans un entre-deux indéfinissable, Maude Grübel en offre un portrait plus distancié. D’origine allemande, la jeune photographe marseillaise interroge les espaces architecturés ou naturels, les éléments de décor, les visages dissimulés, pour dire son propre rapport à la cité. Objectif et sensible. Un fil invisible relie ces deux artistes, sans doute leur manière d’être au plus près du monde des humains.
Bernard Plossu a tiré 135 photographies de son carnet de route pour composer L’heure immobile à l’Hôtel des arts. En voyageant à ses côtés dans ces trains de lumière, l’évidence du titre apparaît en une fraction de seconde, dans la blancheur éclatante de ses photographies tirées au cordeau. Ponctuée de citations d’écrivains qu’il admire tels Tabucchi, Malaparte et Camilleri, sa sélection questionne la manière de photographier la ville. Sa réponse fuse, simple, évidente : « Quand tout est blanc il y a une lourdeur et une transparence, une cruauté ». Pas de flou, ni retouche ni recadrage, des contrastes aiguisés. Bernard Plossu saisit des villes immuables sous un soleil de plomb.
Marie Godfrin Guidicelli
Juin 2017
Photomed
jusqu’au 14 août
Villa Méditerranée, MuCEM, Friche la Belle de Mai, Frac, Marseille
jusqu’au 11 juin
Sanary-sur-Mer, Ile de Bendor, Toulon (Hôtel des arts & Le Liberté)
Source de l'article Journalzibeline
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