Dix-huit années après que la Tunisie
ait signé l'Accord d'association avec l'Union européenne, les citoyens ont eu
l'opportunité, la semaine dernière, d'évoquer les problèmes persistants
touchant aux droits de l'Homme et le rythme du processus de réforme démocratique.
Abdel Basset Ben Hassan, directeur de l'Institut arabe des droits de l'Homme. |
Il
a fallu le départ de Ben Ali pour que la Tunisie obtienne le statut de
"partenaire avancé" avec l'UE.
Si
la Tunisie a été le premier pays méditerranéen à signer cet accord en 1995, ce
statut de partenaire avancé (partenaire privilégié) a toutefois été refusé
jusqu'en novembre dernier en raison des violations faites aux droits de l'Homme
commises sous le régime de Ben Ali.
Le
Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme (REMDH) a organisé une
conférence à Tunis, le 12 avril, pour discuter de ce partenariat privilégié
longtemps ajourné et qui a été finalement mis en place à Bruxelles.
Des
représentants du syndicat UGTT, de l'Association tunisienne des femmes
démocratiques (ATFD), de l'Institut arabe des droits de l'Homme (IADH) et de
diverses ONG ont évoqué les relations entre la Tunisie et l'UE, l'intégration
de l'égalité des genres dans le domaine politique et d'autres réformes.
Dans
la mesure où les antécédents de la Tunisie en termes de droits de l'Homme ont
empêché l'Union européenne de concrétiser le partenariat proposé pour la toute
première fois dans les années 1990, les activistes affirment qu'il est
essentiel de placer la question en priorité pendant que le pays esquisse sa
nouvelle constitution.
L'intégration
des droits de l'Homme dans la constitution tunisienne a dû faire face à
plusieurs obstacles. Les législateurs ont finalement convenu d'inclure dans le
texte "l'universalité des droits de l'Homme" à la condition que les
valeurs tunisiennes ne soient pas violées.
Le
plan d'action 2013-2017 élaboré par la Tunisie et l'Union européenne comprend
également certains objectifs, comme la démocratie, la réforme judiciaire et les
droits des populations marginalisées.
Mais
selon le directeur de l'IADH, Abdel Basset Ben Hassen, le plan présente peu
d'éléments concernant la culture de la citoyenneté. "Nous ne pouvons
parvenir à la démocratie dans une atmosphère de violence, de haine, de Takfir
et d'exclusion", a expliqué Ben Hassen.
La
contribution de la société civile doit aller au-delà de la simple
"consultation", a ajouté le directeur de l'IADH. Il a suggéré la
création de mécanismes à travers lesquels la société civile pourra être
investie dans l'élaboration de politiques, sans pour autant assumer le rôle de
l'Etat.
Rami
Salhi, directeur du Réseau euro-méditerranéen en Tunisie, a reconnu que les
citoyens devaient être davantage impliqués.
"Ces
négociations ne devraient pas se tenir en catimini entre l'UE et la Tunisie. La
société civile doit faire des propositions", a-t-il déclaré à Magharebia.
Tandis
que l'UE et ses partenaires peuvent continuer à mettre l'accent sur la sécurité
et sur l'économie, la politique doit aussi inclure un volet consacré aux droits
de l'Homme, ont affirmé les participants à cette conférence.
"Nous
savons que l'une des priorités de l'UE est la sécurisation de ses
frontières", a dit Rami Salhi à Magharebia. "Nous demandons également
que la frontière tunisienne soit sécurisée pour éviter le terrorisme et le
trafic d'armes, mais cela devra se faire sur la base de droits incontestables,
parce que les immigrants doivent eux aussi être protégés".
Source
de l’article Magharebia
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