L’avance européenne sur les facteurs d’efficience, d’innovation et de sophistication lui offre un savoir-faire exportable dont l’Afrique du Nord a besoin pour amener plus de valeur ajoutée.
Cette dernière, dotée d’une jeunesse et d’un stock de main d’œuvre importants, de nouveaux écosystèmes industriels et de nouvelles infrastructures, se verrait ainsi renforcée sur les aspects de compétitivité hors-prix qui lui font encore relativement défaut. Cette stratégie permettait en particulier de répondre aux nouveaux entrants sur le marché du travail en Afrique du Nord.
En développant ses chaines de valeur avec l’Afrique du Nord, l’Europe pourrait abaisser les coûts de production en améliorant la compétitivité prix de la chaîne de production et accélérerait sa transition vers des activités à plus haute valeur ajoutée. Face au vieillissement de la population et des taux de croissance structurellement faibles, l’Europe se voit dans l’obligation de soutenir la croissance par des activités à meilleure valeur ajoutée et d’améliorer sa productivité. Dans ce contexte, le développement des chaines de valeur avec l’Afrique du Nord sont une opportunité supplémentaire de mobiliser les nouveaux atouts du sud en termes de salaires, d’infrastructures et d’environnement des affaires.
Cette stratégie de renouveau par l’Afrique du Nord serait pertinente pour l’industrie manufacturière qui a connu une baisse graduelle en Europe, en touchant particulièrement les emplois en France et en Espagne. Selon la commission européenne, dans son rapport 2013 sur la compétitivité intitulé « sans l’industrie, pas de croissance ni d’emplois », la contribution de l’industrie manufacturière au PIB est passée sous la « taille critique » de 20 % et s’établit désormais autour de 15 %. Ceci est d’autant plus problématique que l’industrie manufacturière a un effet d’entrainement estimé autour de 50 % sur la demande finale dansles autres branches de l’économie.
En Afrique du Nord, le secteur manufacturier est resté relativement stable. Tandis qu’au niveau mondial la part de l’industrie se situait à environ 26,7 % en 2011, le Maroc (29,6 %) et la Tunisie (30,6 %) se situent à des niveaux proches, tandis qu’en Egypte (39,2 %) et en Algérie (48,5 %) l’industrie pétrolière occupe une place toujours très important, comme l’illustre le tableau 6. En termes de volume des échanges, la tendance est à la hausse en Afrique puisque les exportations manufacturières du continent sont passées de 72 Mds en 2002 à 189 Mds USD en 2012, dont les deux tiers ont été le fruit de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie, plus l’Afrique du Sud (PEA, 2014).
Ces dynamiques constituent autant de leviers pour mieux développer la chaine de valeur régionale Europe - Afrique du Nord à travers l’échange de biens et services intermédiaires (PEA, 2014). Le développement des chaines de valeur ne pourra toutefois se faire sans l’impulsion des entreprises internationales puisque les choix de localisation des segments de la chaine sont le résultat des arbitrages entre d’une part les avantages comparatifs des pays partenaires, et d’autre part sur les avantages concurrentiels des fournisseurs de biens et services intermédiaires. En d’autres termes, pour mieux se positionner sur ces chaines, les pays d’Afrique du Nord devront améliorer leurs avantages tout en réduisant les coûts induits par l’externalisation de la production. L’Europe s’est déjà engagée dans ce processus.
Source de l'article l'Opinion Maroc
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