Les ministres allemand, français et polonais de l’Agriculture invitent la Commission à mettre en place un «programme d’aide humanitaire en nature» au bénéfice des pays frontaliers de la Syrie.
«L’Europe pourrait utiliser la viande qu’elle a en excédent pour répondre à des besoins humanitaires.» Cette déclaration, c’est Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, qui l’a prononcée jeudi 6 octobre à Rennes au Sommet de l’élevage. En pensant notamment aux centaines de milliers de réfugiés syriens regroupés dans des camps en Turquie ou en Jordanie. «C’est une demande que j’ai faite à l’échelle européenne pour apporter des solutions à des gens qui aujourd’hui ont de grandes difficultés. C’est aujourd’hui sur la table ; c’est un objectif.» Vendredi, cette prise de position a été actée lors d’une rencontre au Mans entre le ministre français et ses homologues allemand, Christian Schmidt, et polonais, Krzysztof Jurgiel, consacrée à «la situation des différents secteurs qui traversent des difficultés, notamment le lait et la viande bovine». Mais elle n’a été rendue publique que ce dimanche.
Pourquoi y a-t-il des excédents de viande dans l’UE ?
La crise bovine et la chute des cours de la viande est due en partie à l’arrivée sur les marchés européens de dizaines de milliers de carcasses de vaches laitières abattues pour tenter de réduire la surproduction laitière européenne et pour faire remonter les cours du lait. Selon la Fédération nationale bovine, près d’un million de vaches laitières de plus qu’en 2015 vont être abattues cette année dans l’ensemble de l’UE afin de réduire drastiquement la production et soutenir les cours du lait.
Que proposent les ministres allemand, français et polonais ?
Ces trois ministres de l’Agriculture européens appellent la Commission à mettre en place un «programme en nature à destination des réfugiés»portant sur des produits à base de viande bovine. Plus exactement, au bénéfice des pays faisant face à un afflux de Syriens fuyant la guerre : Turquie, Liban et Jordanie. Outre sa dimension humanitaire, un tel programme permettrait de s’attaquer – en partie – à la résolution des problèmes liés aux excédents de viande bovine dans l’Union européenne.
Comment les professionnels réagissent-ils ?
Le 6 octobre, à Rennes, quelques manifestants opposés à cette idée avaient interpellé et sifflé le ministre au Sommet de l’élevage. Mais pour Guy Hermouet, président de la section bovins au sein de la Fédération interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev), une telle opération permettrait «d’aider des zones en état de guerre ou en grande difficulté en raison des migrants», mais aussi d’assainir le marché européen de la viande dont les cours s’effondrent en raison d’un afflux massif de bêtes dans les abattoirs.
Par Philippe Brochen - Source de l'article Libération
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