- Un annuaire pour une meilleure visibilité des compétences féminines
- Il est lancé en partenariat avec le groupe Eco-Médias
- Les femmes sous-représentées dans les débats électoraux, selon la HACA
Le constat est sans appel. Les compétences féminines sont faiblement visibles sur les médias. «Les journalistes ont souvent tendance à solliciter l’expertise des hommes», selon plusieurs intervenants, lors de la cérémonie de lancement du réseau Khabirate Maroc, vendredi dernier à Rabat. Une initiative portée par la Fédération internationale des journalistes, le syndicat national de la presse, la fédération marocaine des éditeurs des journaux en partenariat avec des groupes de référence comme Eco-Médias. Concrètement, il s’agit d’un annuaire en ligne des expertes marocaines. L’objectif est de favoriser une meilleure visibilité de ces compétences féminines et leur implication dans le traitement de sujets relatifs à différents secteurs.
Le rôle des médias est crucial dans cet effort de valorisation des femmes et de lutte contre les stéréotypes, comme l’a rappelé Salah Khaled, représentant de l’Unesco au Maroc. Aujourd’hui, le réseau Khabirate ambitionne d’appuyer cette dynamique. «Cet annuaire n’est pas une fin en soi», précise Youness Mjahed, vice-président de la Fédération internationale des journalistes. L’idée est de pousser vers une «plus grande sensibilisation des rédactions, afin que les journalistes et les responsables des médias veillent à une meilleure visibilité des expertises féminines», a-t-il expliqué. Cette initiative, impliquant le syndicat de la presse, la fédération des éditeurs, des groupes de presse tels que Eco-Médias, veut installer des mécanismes concrets pour atteindre cet objectif, qui ne se limitent pas aux slogans. Pour Amina Lemrini, présidente de la HACA, il est important de garder à l’esprit le cadre normatif qui met sur un pied d’égalité la liberté d’expression et l’égalité des sexes.
Concrètement, il s’agit de favoriser, par des mesures concrètes, une plus grande implication des femmes dans les grands dossiers d’actualité. Surtout que les compétences féminines sont très peu présentes dans les débats dans certains domaines, notamment politiques. Les chiffres tirés du rapport de la HACA sur la couverture médiatique des dernières élections sont édifiants. Sur 1.469 intervenants, 349 seulement sont des femmes. Celles-ci «ont parlé moins que les hommes, se limitant ainsi à 13% du temps de parole», a fait savoir Lemrini. Sur ce total, les femmes responsables politiques ou expertes ne constituent qu’une minorité. Il s’agit la plupart du temps de simples citoyennes interrogées par les chaînes tv dans le cadre de micro-trottoir. La responsabilité des partis politiques est directement pointée. «Ils traînent les pieds quand il s’agit de désigner une femme pour les représenter dans une émission ou dans le journal d’information», selon une responsable d’une chaîne publique.
Carte visite
Initiée par la Fédération internationale des journalistes, Khabirate Maroc est un annuaire en ligne des expertes dans différents domaines. Cette base de données sera alimentée par de nouveaux profils et actualisée régulièrement, est-il indiqué. Lancée dans un cadre méditerranéen, cette expérience a bénéficié d’un financement de l’Union européenne, dans le cadre du programme MedMedia. Quatre pays ont été sélectionnés pour le lancement de ce type d’annuaires, dont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Palestine. Développés en langue arabe, ils sont destinés à constituer un outil permettant aux journalistes de renforcer la contribution des expertes sur des sujets diversifiés. L’idée est de rompre avec le cliché des femmes intervenant uniquement sur des questions sociales ou de droits humains.
Par Mohamed AlMrhabi - Source de l'article l'Economiste
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