Le sucrier multiplie les prises de participations autour de la Méditerranée.
La zone est fortement déficitaire en sucre.
En octobre, les quotas sucriers européens vont disparaître. Tous les industriels s'y préparent, quitte à s'arracher les planteurs afin d'augmenter la production. Pour Cristal Union, le développement de l'activité passe par les deux rives du bassin méditerranéen, où le propriétaire des marques Daddy et Erstein multiplie prises de participations et accords en tout genre.
« Nous voulons développer notre présence commerciale partout dans les zones déficitaires de cette grande région par rachat ou partenariat. Tous nos grands clients sont là, Danone, Coca-Cola... », explique Alain Commissaire, le directeur général du groupe coopératif. Une stratégie radicalement différente de son rival Tereos (ex-Beghin-Say) qui a choisi d'investir au Brésil et en Asie.
Largement déficitaire, le bassin méditerranéen importe de grandes quantités de sucre. Il offre de substantiels débouchés à Cristal Union qui va mettre 500.000 tonnes de sucre de plus sur le marché à la faveur de la fin des quotas de production en Europe. En 2015, Cristal a conclu un partenariat avec le leader mondial du raffinage de sucre brut American Sugar Refining (ASR). Le premier volet de cette alliance s'est concrétisé par une prise de participation de 50 % dans l'entreprise italienne Raffineria di Brindisi (SRB), dans les Pouilles. Une des plus grosses raffineries européennes, dotée d'une capacité de production de 450.000 tonnes de sucre par an.
30 % du marché italien
Située à quelques encablures du port en eau profonde de Brindisi, elle utilise du sucre roux en provenance du Brésil ou des PMA (pays les moins avancés) qui ont obtenu une franchise de droit en Europe. SRB produit à des coûts très bas grâce à l'énergie fournie par sa centrale de cogénération. Avec la raffinerie de Brindisi, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 165 millions d'euros en 2016, « nous contrôlons directement 30 % du marché italien », précise Alain Commissaire.
Présent dans le sucre industriel dans le sud italien, Cristal l'est également dans le sucre de bouche dans le nord au travers de la société commerciale Eridania, dont elle a acquis 100 % du capital l'été dernier. « On y a gagné un très bel atelier de conditionnement, des marques et un marché pour 300.000 tonnes de sucre », ajoute Alain Commissaire. Très implanté en Grèce, Cristal Union a encore élargi sa présence en Méditerranée en juillet, en prenant une participation de 17 %, pour 10 millions d'euros, dans le croate Viro, propriétaire de deux sucreries de taille moyenne.
Le deuxième axe de la stratégie d'expansion en Méditerranée est l'Algérie. Un des plus gros consommateurs de sucre dans le monde avec 35 kilos par personne et par an. Le pays servira de tête de pont vers l'Afrique, profondément déficitaire. Le groupe a pris 35 % d'une joint-venture nouée avec le groupe algérien LaBelle. La co-entreprise, qui sera bénéficiaire dès la première année, a investi 145 millions d'euros dans la construction d'une raffinerie à Ouled Moussa, à 33 kilomètres d'Alger. Entrée en production en janvier 2016, elle fabrique du sucre industriel et du sucre de bouche en sacs et en vrac, à partir de sucre de canne du Brésil. Elle sert le quart du marché algérien et a une capacité de 350.000 tonnes de sucre par an, qui sera doublée « dès que le marché le permettra ».
Par Marie-Josée Cougard - Source de l'article Les Echos
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