Le chef du gouvernement,Youssef Chahed, a déclaré dans une interview à TV 5 Monde, depuis le musée du Bardo, que son jeune âge était "un message délivré par le président Béji Caïd Essebsi, à la jeunesse qui est à l’origine de la révolution et qui n’est pas bien représentée sur la scène politique tunisienne".
"La révolution tunisienne a été faite par une jeunesse qui est sortie dans la rue pour exprimer un besoin de liberté, de démocratie et de travail", a-t-il dit, déplorant une désaffection des jeunes envers la politique. "Six ans après la révolution, nous voyons que la jeunesse tunisienne n’a pas voté aux dernières élections, et n’a pas vraiment participé au processus démocratique". Il est grand temps que cette situation change, a-t-il prôné, faisant part de l’objectif de son gouvernement de susciter l’intérêt de la jeunesse "au fait politique et à la chose publique".
Chahed a dit également l’importance accordée aux femmes, qui représentent 20% de son gouvernement. "Nous avons huit femmes dans des postes clefs", a-t-il dit, admettant que c’était encore insuffisant.
Il a encore souligné que "six ans après la révolution, la Tunisie avait réussi sa transition démocratique, mais ses avancées politiques ne se sont pas accompagnées d’avancées socio-économiques". "Sur le plan économique, nous n’avons pas fait les réformes qu’il faut", a-t-il regretté, annonçant "les quatre réformes essentielles en 2017 : la réforme des caisses sociales, la réforme de la Fonction publique ; la réforme du financement de l’économie et la restructuration des entreprises publiques". Cela permettra de changer le modèle économique et de booster la croissance, a-t-il préconisé, mettant en avant la capacité de la Tunisie à faire une croissance à deux chiffres.
Le locataire de la Kasbah a également fait état d’une reprise du secteur touristique. "Nous avons un retour des touristes en Tunisie, et beaucoup de pays européens ont levé la restriction de voyage", a-t-il dit, signalant que des efforts extraordinaires ont été consentis pour sécuriser le pays.
Sur le retour des terroristes, il a indiqué que le pays était doté d’un cadre légal suffisant pour traiter cette question.
Le chef du gouvernement a mis l’accent sur le défi socioéconomique à relever, "pour renforcer et ancrer l’expérience démocratique tunisienne dans le club des démocraties modernes et développées". "Nous avons 3500 entreprises étrangères en Tunisie, car notre pays reste très compétitif en Afrique, avec beaucoup d’avantages comparatifs, de proximité de l’Europe, de l’Afrique subsaharienne, et d’ouverture sur des marchés voisins".
Il a affirmé que Tunisie était aujourd’hui "une démocratie qui partage les mêmes valeurs que le monde développé, c’est un message que je transmets régulièrement à mes interlocuteurs européens". Il a encore indiqué que l’aide à la Tunisie n’est pas seulement une question de chiffres, mais il s’agit "d’un enjeu géostratégique, car la Tunisie protège les frontières sud de l’Europe". Chahed a appelé l’Europe "à donner les conditions de durabilité à la démocratie tunisienne par un renforcement du processus économique et social".
Source de l'article Gnet
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