Avec l’arrivée du printemps, le tourisme entre la Chine et l’Afrique du Nord entre aussi dans une belle période.
Premier marché émetteur de touristes au monde, avec plus de 122 millions de voyages touristiques à l’étranger en 2016 et 110 milliards de dollars de dépenses touristiques à l’étranger, le marché chinois fait l’objet de toutes les convoitises. Le Maroc et la Tunisie profitent aussi du tourisme chinois, les deux pays d’Afrique du Nord étant une nouvelle destination pour la plupart des Chinois.
Riche d’un patrimoine historique et culturel, les atouts touristiques du Maroc séduisent beaucoup de Chinois. En 2016, le Royaume a connu la plus forte croissance de touristes chinois en Afrique. Un tourisme ouvertement encouragé par les autorités puisque depuis le 1er juin 2016, les touristes chinois n’ont plus besoin de visa pour entrer au Maroc. Cette décision, annoncée lors de la visite officielle du roi Mohammed VI en Chine du 10 au 12 mai 2016, a eu un impact considérable. Le nombre des touristes chinois a en effet été multiplié par six depuis, et ce malgré la distance qui sépare les deux pays.
»Avant l’entrée en vigueur de cette mesure, nous recevions 800 à 1.000 touristes chinois par mois. Aujourd’hui, nous sommes à 6.000, voire 7.000 Chinois par mois. Ce qui fait que l’année prochaine, on devrait s’approcher des 100.000 touristes en provenance de Chine », indique Abderrafie Zouiten, directeur général de l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
Pour continuer à développer ce tourisme, M. Zouiten a également plaidé pour la mise en place d’un plan d’action à court et à moyen termes, avec notamment l’ouverture de lignes aériennes transitant par le Moyen-Orient et l’Europe. A ce titre, selon des professionnels locaux, les négociations sont en cours pour le lancement d’une ligne aérienne entre Marrakech et les grandes villes chinoises. Ces nouvelles lignes devraient, à leurs yeux, profiter des connexions de Qatar Airways sur la Cité ocre, puisque la compagnie qatarie dessert déjà de nombreux pays asiatiques, dont la Chine.
A l’instar de son voisin, la Tunisie a annoncé le 16 février 2017 l’exonération de visa pour les citoyens chinois, à condition de se munir d’un billet d’avion aller-retour et d’une réservation d’hôtel valable, pour une durée qui ne dépasse pas les 90 jours.
Wu Wenzhao a voyagé de Beijing à Tunis pour une mission d’affaires, elle a été parmi les premiers bénéficiaires de cette mesure. « Je suis sortie facilement de la frontière chinoise après avoir pris la carte d’embarquement au guichet de la compagnie aérienne à l’aéroport », raconte Mme Wu, ajoutant qu’il lui a fallu moins d’une minute pour entrer sur le territoire tunisien après l’atterrissage.
L’exonération de visa facilite le voyage dans ce pays à l’histoire millénaire et caractérisé par sa diversité culturelle. « On peut partir immédiatement si on a un plan de voyage », affirme Zhang Tong, une touriste venant de Tianjin.
Aux yeux de Guo Wei, collègue de Mme Zhang, les voyages en Tunisie offrent un très bon rapport qualité-prix, avec d’un côté sa nature charmante, et de l’autre sa culture variée et sa longue histoire. « Elle se situe entre la Méditerranée et le Sahara. On peut profiter de la plage, de la forêt, de l’oasis et aussi des montagnes. En plus, on peut également visiter les sites des empires carthaginois, romain, arabe, ottoman et ceux issus de la colonisation française », précise-t-elle.
Malgré ses ressources touristiques extraordinaires, la Tunisie a connu ces dernières années une période très difficile pour ce secteur, jadis vecteur de la croissance avec une part avoisinant 7% du PIB, suite à un triple attentat en 2015 ayant coûté la vie à plus de 70 personnes, dont la plupart des touristes étrangers.
Le pays relance progressivement le secteur à partir de l’année 2016, enregistrant 5,7 millions de touristes, contre 5,3 millions en 2015. Selon Fang Yi, une responsable du Service international des voyages de Chine (CITS) du bureau de Shanghai, les sites du Patrimoine culturel mondial sur les territoires tunisiens sont un atout pour l’industrie touristique du pays. Les activités culturelles et traditionnelles séduiraient les touristes qui cherchent l’exotisme et le mystère.
Grâce à son climat méditerranéen doux et humide, la Tunisie pourrait devenir une option en hiver face au froid en Europe, la destination traditionnelle pour les Chinois, ajoute Mme Fang. Comme ses homologues chinoises, les agences de voyage tunisiennes sont toujours prêtes à élargir leur business dans le marché chinois, surtout après la mise en ?uvre de cette mesure d’exonération.
Le Service d’accueil de Tunisie a commencé à travailler avec des touristes chinois en 2000. Selon son directeur général Samir Meddeb, son agence a accueilli environ 2.000 touristes chinois en 2016, « une année de bon démarrage ». Le marché chinois constitue presque la moitié de son chiffre d’affaires. De janvier à décembre 2016 – comparativement avec la même période en 2015 – la croissance du tourisme tunisien concernant le marché chinois a atteint 93,6%, soit 7.396 touristes.
Pour continuer dans ce sens, diverses collaborations sont mises en place. Nabil Hedhiri, chef de division et coordinateur des relations publiques de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), mentionne par exemple l’étroite collaboration en cours entre l’Institut du tourisme de Sousse, principale province balnéaire du pays, et une école hôtelière à Ningxia en Chine.
Par l’ouverture d’un vol direct entre les deux pays, la Tunisie voudrait devenir un hub entre la Chine et le continent africain, un de ses principaux partenaires. « Nos homologues chinois sont de plus en plus convaincus quant à notre vision à court, moyen et long termes », déclare M. Hedhiri, affirmant que son pays peut permettre aux compagnies aériennes chinoises de bien explorer le marché africain.
Le marché touristique possède un important potentiel d’expansion et la coopération régionale est nécessaire pour le développement et la commercialisation à l’international des produits touristiques. D’autant plus que le tourisme deviendra l’un des principaux secteurs d’activité dans le développement de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route », dans laquelle sont impliqués plus de 60 pays d’Asie, d’Europe et d’Afrique.
Source de l'article LeMag
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