Marché le jour, festival le soir, l'événement, dont c'est la 13e édition d'aujourd'hui à samedi, évolue en prônant toujours plus la diversité
Il est né en 2005 des Cafés méditerranéens déjà initiés par l'association Latinissimo, avec l'ambition d'implanter un marché international de musique dans le Sud, entre Europe et Afrique. En 13 éditions, le Babel Med Music est devenu cet événement culturel et économique reconnu par la filière internationale.
D'année en année, il a étendu son territoire d'influence, dépassant largement les rives de la Méditerranée. Aujourd'hui, les cinq continents se retrouvent à Marseille. Le marché, qui se déroule en journée, attire jusqu'à 2 000 professionnels. Producteurs, diffuseurs, organisateurs de festivals, artistes viennent y faire affaire.
Les retombées ne sont pas toujours immédiates, parfois jusqu'à 2 ans après le premier contact, mais des événements de ce type sont devenus incontournables. Aucune monnaie ne circule donc entre les 150 étals mais beaucoup de poignées de mains, de cartes de visite, de disques... Des speed meetings et des speed listenings ont même été imaginés pour répondre à la demande.
Un collectif de marchés
"L'ambition n'est pas aujourd'hui de devenir plus gros", insiste l'équipe directrice (Sami Sadak, Bernard Aubert, Florence Chastanier), qui privilégie depuis le début "l'esprit de convivialité", mais de consolider l'éthique de départ, fondée sur l'indépendance et la diversité du spectacle vivant.
"Face à l'arrivée de gros financiers dans le secteur culturel qui entraîne le rachat de bon nombre de festivals et de lieux de concerts, quel est l'avenir du spectacle vivant ? Comment contrebalancer cette situation de monopole ? s'interroge Bernard Aubert. Nous savons que l'un des enjeux pour les années futures est de savoir si les particularismes, les sons d'ailleurs, les petites et moyennes entreprises, seront capables de résister à cet ordre nouveau".
La réponse se trouve peut-être dans ce rapprochement entre quatre marchés "sudistes" : le Babel Med Music (Marseille), Visa For Music (Maroc), Atlantic Music Expo (Cap-Vert) et Indian Ocean Music Market (La Réunion). On doit la récente création de ce collectif à la Sacem : "Ce réseau est destiné à faire émerger de nouveaux auteurs et à les accompagner vers la professionnalisation, il a également pour objectif de favoriser la circulation des artistes entre les quatre marchés", précise Lilian Goldstein, responsable du pôle musiques actuelles et jazz, action culturelle, de la Sacem. Aussi, il s'agit d'être "attentif à la défense de la francophonie et sa diversité ; l'actualité internationale qui fait apparaître la tendance des festivals à s'unir, nous amène à la nécessité de la mise en route d'une fédération des marchés pour faire face au marché anglo-saxon." Une dimension que partage Brahim El Mazned de Visa For Music : "Nous sommes tous liés par la défense de la diversité et par la dimension humaine".
Chacun de ces quatre événements voit donc dans ce collectif une façon de défendre "une vision de la créativité" de leurs territoires, selon Florence Chastanier du Babel, tout "en apprenant des uns et des autres", complète Élodie Da Silva d'Atlantic Music Expo. Ainsi, cette année, Lura (Cap-Vert), Pachibaba (France-La Réunion), Fatima Tachtoukt (Maroc) et Mars Street Band par DJ Djel (Marseille) bénéficient de cette "scène Sacem" nomade entre les quatre marchés. Ce collectif se réunit pendant le Babel pour penser à son avenir : "Il est important de mieux se structurer : direction artistique et stratégie de communication communes, échange de données... les pistes sont nombreuses", confie Jérôme Galabert, de l'Indian Ocean Music Market, le marché de La Réunion initié en 2011 sous l'oeil bienveillant du Babel.
Car l'une des forces de l'événement marseillais, c'est d'avoir essaimé : depuis deux ans, il se décline en Babel Minots. Et même cette année, en Babel jazz. Désormais, on parle de "World music & jazz forum". La diversité, comme acte de résistance.
Par Annabelle Kempff - Source de l'article La Provence
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