Jusqu’en 2000 le thon rouge, « cette vache des mers », qui fraie au large des côtes algériennes, a failli disparaître des pâturages marins méditerranéens.
Les stocks remontent de 150 000 à 600 000 tonnes
Le stock de reproduction était tombé à 150 000 tonnes au milieu des années 2000 pour se reprendre et remonter à environ 600 000 tonnes en 2016. Ce chiffre a certainement été dépassé et cette remontée comble d’aise les écologistes, les pécheurs et les amoureux de la « Mare Nostrum ». On ne peut que s’en féliciter ! Dans le même temps, il faut souhaiter et espérer qu’elle soit annonciatrice d’une remontée plus globale des espèces marines.
Il faut rappeler que l’objectif de rétablissement du thon était fixe à l’horizon 2022. Il serait, vraisemblablement, atteint bien avant, probablement en 2018. C’est là encore une bonne nouvelle en perspective, qui a de quoi colorer notre environnement submergé par la grisaille du quotidien et les flots des contre-vérités déversés par les climatosceptiques et les pourfendeurs de la nouvelle économie.
D’ailleurs, une campagne d’évaluation sera menée au cours de cet été en espérant qu’elle confortera cette remontée écologique et la reconstruction des stocks de thon en Méditerranée.
Persévérer, ne pas relâcher la pression et le contrôle sur les gros prédateurs
Le plan de repeuplement du thon rouge, les règles draconiennes et les contrôles rigoureux qui l’accompagnent ont eu pour effet d’assurer la reconstruction des stocks, mais ont également, provoqué une hausse des prix qui sont passés de 1 dollar à 12 dollars le kilo en quelques années.
Mais ces bonnes nouvelles pourraient être contrariées par l’augmentation de la consommation du thon rouge méditerranéen, notamment au Japon, où ce produit est très prisé par les consommateurs du soleil levant.
Par contre, le thon utilisé pour le « sushi » en Europe est l’albacore, une variété tropicale de moindre qualité que le thon rouge méditerranéen.
Cette embellie risque de susciter des convoitises et amener certains pays à demander des révisions à la hausse de leurs quotas tout en provoquant un relâchement des contrôles. D’autant que beaucoup de pays ont épuisé leur quota, dont l’Algérie avec une part relativement faible. Cette part vient d’être revue fort justement à la hausse cet été.
C’est assez dire que la bataille n’est pas gagnée et tout relâchement dans le contrôle pour les grands prédateurs peut être fatal pour l’espèce.
Une vache des mers méditerranéenne de 650 kg, entre sushi et protection
Il faut rappeler que le thon peut peser jusqu’à 650 kg et mesurer jusqu’à 4 mètres de long. Il fait partie des thunnus, dit thynnus, de l’Atlantique, dont la Méditerranée est l’un des principaux bassins de reproduction et de pêche.
Le retour du thon : un cas d’école !
Au regard des menaces qui pèse sur cette espèce et sur d’autres en Méditerranée, il nous faut militer, pour aider à l’établissement d’un plan de protection et de reconstruction de l’espèce sur le long terme par la Commission Internationale pour la Conservation des Thons (CICCAT), dont c’est d’ailleurs la mission essentielle.
C’est là la preuve que la mobilisation de la communauté internationale, lorsqu’elle est active et soutenue, peut être décisive pour notre Terre et le vivant.
L’adhésion forte de tous les pays de la Méditerranée et leur mobilisation seront à cet égard décisives pour l’avenir de cette espèce et – d’une manière générale – pour l’ensemble de la diversité biologique dans notre région et ailleurs sur d’autres contrées.
Nous y reviendrons.
Pae Chérif Rahmani (Ambassadeur des Désert et des Terres arides - Convention des Nations Unies pour la Lutte Contre la Désertification, Président de la Fondation des Déserts du Monde, Ancien ministre)- Source de l'article TSA
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