Le programme FACE, le grand
projet de soutien aux investissements des MRE d’Europe au Maroc, s’est achevé,
officiellement, aujourd’hui. Il a permis la création de 236 entreprises, mais
la question de son financement, s’il était prolongé se pose. L’Union européenne
en appelle à la responsabilité du Maroc.
« Il faut que le ministère trouve les moyens
financiers et humains pour que ce programme continue. Nous avons montré le
chemin, nous ne pouvons pas continuer car ce n’est pas notre rôle. A vous, les
Marocains de prendre le relai. » L’appel lancé par Eneko Landaburu, ambassadeur
de l’Union européenne au Maroc, à l’adresse du Maroc, pendant la conférence de
clôture du le programme « Faciliter la Création d’Entreprises au Maroc grâce à
la diaspora marocaine installée en Europe » (FACE), ce matin, mardi 15 janvier,
à Casablanca, est clair. L’Union européenne ne veut plus financer le programme,
mais elle ne veut pas le voir s’arrêter là.
Réponse
du berger à la bergère : « Nous sommes prêts à continuer notre collaboration
avec IntEnt [l'association hollandaise qui a porté le projet FACE, ndlr] mais
nous avons encore besoin de nos partenaires pour mener à bien tous nos
programmes », a répondu Abdelfattah Sahibi, directeur du Développement au
ministère délégué auprès du premier ministre en charge de la Communauté
marocaine à l’étranger. Même si le ministère a vu son budget multiplié par deux
en 5 ans, il n’a pas consacré un centime au programme d’aide à l’investissement
dédié aux MRE qui s’est conclu officiellement ce matin par 236 créations
d’entreprises et 844 créations d’emplois directs.
Les 2/3 du budget apporté par l'UE
L’Union
européenne, pour sa part, a investi 1,5 millions d’euros dans le programme
FACE, sur 4 ans. Les trois autres partenaires, IntEnt Pays Bas, l’association
principale et promotrice du projet, l’AFD, Agence Française de développement,
et le CIM, Centrum fur internationale Migration und Entwicklung, ont, de leur
côté, apporté, au total, 680 000 dirhams.
Pour
2,2 millions d’euros d’investissements institutionnels, le Maroc a reçu en
réalité 85 millions de dirhams (7,7 millions d’euros) d’investissement, au
total, grâce aux financements apportés individuellement par les Marocains
d’Europe dans le cadre de leur projet entrepreneurial. 236 personnes ont été
soutenues et aidés grâce au projet FACE car la capacité productive des
traditionnels transferts d’argent est devenue un véritable enjeu de
développement pour les pays les plus avancés dans leurs rapports à leur
diaspora.
3% des transferts sont investis
Le
Maroc a été l’un des tous premiers pays d’Afrique à élaborer une politique
active à destination de sa population émigrée. Aujourd’hui, l’un des objectifs,
en plus de maintenir les transferts d’argent des MRE, est d’accroître la part
de ces transferts attribuée à l’investissement. « En 2005, seuls 7,7% des
transferts étaient investis et la proportion de MRE qui a investi au Maroc a
même tendance à baisser. En 2005, 53% d’entre eux l'ont fait, contre 70% en
1998 », indique Bachir Hamdouch, professeur à l’INSEA-Université Mohammed V, à
Rabat, et auteur de deux études sur les investissements des Marocains Résidant
à l’Etranger (MRE).
Selon
Abdelaziz Maazouz, cette proportion a même encore baissé et s’établit
aujourd’hui à 3% des transferts. Toiutefois, selon le chercheur, 20,9% des
transferts des MRE sont, encore aujourd’hui, déposés à la banque. Une
proportion élevée qui rend optimiste : 20% d’épargne, c’est autant qui peut
être investi de manière productive.
Investir en famille ?
Selon
Thisara Devasurendra, chargé de mission économique au sein de l’association
Migration et développement, à Marseille, partenaire du programme FACE en
France, deux profils se dessinent aujourd’hui parmi les investisseurs MRE. « Il
y a ceux qui préparent leur retraite au Maroc et qui vont investir dans
l’immobilier, l’élevage, dans les régions rurales… Et ceux qui ont une
perspective de business qui ressentent des difficultés professionnels ou
économiques en France et qui se disent, en même temps, qu’ils ont quelque chose
à apporter au Maroc en termes de ressources humaines, de management, de
technologies… », décrit-il.
Ces
Deux profils types peuvent se confondre en un seul projet, comme c’est le cas
dans la famille Ait M’Barek. « Mon père, retraité, a eu l’idée de construire
une piscine municipale à El Malt, dans son village, près de Taliouine, raconte
M. Ait M’Barek, et nous lui avons dit que ce serait bien de faire une auberge
également sur le site et, de cette façon, mes frères et sœurs et moi-même nous
nous sommes greffés sur son projet. Qui voulait créer une boutique de souvenir,
qui organiser des treks … »
Aujourd’hui,
la piscine est presque finie et l’auberge est sur plan. Le père de famille,
après 45 ans de travail en France a mis toutes ses économies dans ce projet «
et il va même vendre un appartement qui lui appartient pour le poursuivre. Au
total on a budgétisé l’ensemble à 350 000 euros d’investissement », explique M.
Ait M’Barek. Un projet monté de toute pièce par la famille hors de tout soutien
financier public.
Source
de l’article Yabilidi
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