La France vient d’accueillir la COP21 et de mener à bien les négociations pour une issue qui a été qualifiée de franc succès : l’Accord de Paris de 2015. Ce texte a obtenu l’adhésion de 196 pays sur un des sujets les plus complexes de notre temps—le changement climatique.
Il a réconcilié les intérêts divergents des pays en développement et des pays développés et effacé le clivage Nord-Sud qui est responsable de la difficulté à obtenir un accord sur le climat au cours des vingt dernières années. En comparaison, les négociations sur le commerce international ont l’air facile. La France être fière de ses talents en diplomatie. Chapeau !
L’Accord de Paris traite de trois problèmes épineux : l’engagement des pays en voie de développement à réduire leurs émissions de CO2 (bien qu’ils ne soient en rien responsables du changement climatique), l’aide financière des pays développés aux pays en développement pour les aider dans cet engagement et les mécanismes de marché pour appuyer l’atténuation.
Maintenant c’est au tour de la France de passer le relais du Nord au Sud en traversant la Méditerranée au pays qui accueillera la COP22, le Maroc. Et d’appuyer le Maroc pour que la COP22 soit un succès comparable à celui de la COP21. En bref, pour passer de la « COP de la décision » à la « COP de l’action » à l’intérieur de l’espace méditerranéen.
En effet, la Méditerranée est un véritable microcosme des enjeux des COP. Nulle part ailleurs dans le monde, autant de pays en développement ne côtoient autant de pays développés. Environ 10% des pays du monde sont rassemblés autour de la mer « au milieu des terres » (du latin méditerraneus) — une situation qui les amène à partager un écosystème interconnecté par des infrastructures physiques, échanger des biens et services, être le théâtre de flux et reflux de migrants, voyageurs et réfugiés.
Au vu de cette situation unique, comment la France et le Maroc pourraient-ils, dans leur espace commun méditerranéen, montrer au monde ce qui peut être accompli, grâce à un partenariat efficace, pour faire progresser le processus COP pendant cette première année critique de l’Accord de Paris ? Quel symbole pourrait représenter, d’ici le premier anniversaire de l’Accord, le pouvoir d’un partenariat entre pays développés et pays en développement ?
Un exemple de symbole serait le changement de direction des flux sur le seul inter-connecteur électrique entre l’Europe et l’Afrique du Nord—au travers du détroit de Gibraltar, là où la Méditerranée s’ouvre au reste du monde. Actuellement, l’interconnexion transporte de l’électricité « grise » du Nord vers le Sud, de l’Espagne vers le Maroc.
Et si la France achetait pour l’occasion de l’électricité « verte » de la plus grande centrale solaire au monde, la centrale Noor-Ouarzazate au Maroc, permettant ainsi à l’électricité de s’écouler du Sud vers le Nord ? Quel serait le message au monde entier d’un tel partenariat climatique et du soutien financier qui l’accompagne ? Et quelles en seraient les conséquences pour l’investissement, les emplois et la croissance économique, alors que l’énergie solaire se déploierait sur l’ensemble du territoire de l’Afrique du Nord en réponse aux opportunités de marché créées grâce à ce partenariat ? Quelle serait l’image pour COP22 ? Quel moteur ce serait pour créer des partenariats climatiques et mener des actions innovatrices en faveur du climat ailleurs dans le monde !
Par Jonathan Walters - Source de l'article Blog de la Banque Mondiale
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