Discutée entre l’Algérie et la France, dans le cadre des Rencontres Africa2016 à Paris, la coproduction intéresse nombre de pays méditerranéens. Objectif : renforcer l’intégration régionale.
De nouvelles dynamiques d’investissements s’affirment dans l’espace méditerranéen. Les spécialistes estiment que quatre piliers structurent l’initiative de coproduction : le partage de la valeur ajoutée, le transfert de technologies, les investissements durables et le partenariat.
Selon El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine, ce modèle vient remplacer la délocalisation des investissements des pays développés vers les pays dont les coûts salariaux sont faibles, un déplacement de la production hors des frontières nationales qui a montré ses limites à cause notamment du coût élevé du transport des produits finis vers les pays d’origine et l’extension du chômage dans ces pays.
De son côté, Jean-Louis Guigou, président-fondateur de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED), «le moment est venu de passer de l’échange commercial, très infidèle, au partenariat productif». Placer cette logique au cœur d’un partenariat entre la Méditerranée et l’Afrique permettrait de proposer au continent africain un nouveau modèle de développement qui soit plus durable et inclusif. Ce nouveau paradigme se met en place en s’appuyant sur les principaux ressorts des pays concernés que sont la main d’œuvre hautement qualifiée, la présence de partenaires industriels bien installés dans leurs marchés, une base infrastructurelle solide qui continue à se moderniser, l’accès à des marchés émergents, en Méditerranée et au-delà, une jeunesse enthousiaste. Cette nouvelle démarche permet de créer des partenariats gagnant-gagnant car, comme la délocalisation, elle assure une main-d’œuvre à bon marché, un accroissement de compétitivité et des opportunités de création d’emplois, à travers de nouveaux investissements.
Précision : il s’agit d’intégrer des partenaires ou des segments localisés au Sud dans un projet commun de croissance sur le marché européen (500 millions de personnes) et sur le vaste marché africain émergent (2 milliards de personnes en 2050). Il sera également question de contribuer au développement d’une économie plus équitable et durable.
Créé en décembre 2014, l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée vise à démontrer que la coproduction est une piste d’avenir en analysant les politiques industrielles entre les deux rives ainsi que les stratégies des investisseurs euro-méditerranéens, leur comportement, leurs attentes et les difficultés qu’ils rencontrent pour s’insérer dans le tissu local. Néanmoins, avec l’apparition de ces nouvelles dynamiques, telle la coproduction, un travail d’analyse et d’études qualitatives sur dynamiques d’investissements actuellement à l’œuvre en Méditerranée apparait comme nécessaire.
La connaissance fine de ces stratégies industrielles en Méditerranée doit permettre de favoriser le développement de la coproduction et de rendre plus tangible le bénéfice partagé de ce modèle dans la répartition des chaînes de valeur.
Par Fouad Irnatene - Source de l'article Elmoudjahid
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