Yacine Aouadi, un enfant des quartiers nord de Marseille devenu un talent de la haute couture, dont le travail a été présenté au MuCem, le 20 mai 2016 à Marseille (AFP/Bertrand Langlois) |
Sessùn, American Vintage, Kaporal : avec ses marques historiques au style urbain ensoleillé, des jeunes créateurs toujours plus nombreux et un territoire attractif, Marseille brigue aujourd'hui le titre de capitale de la mode en Méditerranée.
"Il y a un engouement pour la ville en ce moment dans la mode, le cinéma, le numérique. Il se passe quelque chose ici, c'est encore perçu comme un terrain vierge, où il y a de la place et où on peut faire beaucoup de choses", affirme Matthieu Gamet, président de la Maison méditerranéenne des métiers de la mode (MMMM) et directeur général de la marque marseillaise Kulte.
"À Marseille, poursuit-il, on a une mode qui est différente de la haute couture et du luxe parisien, beaucoup plus urbaine, casual, sportive. On pourrait dire que Marseille est à Paris ce que Los Angeles est à New York."
Et la mode de ce Sud pèse déjà plus de 19.000 emplois dans la région, dont la moitié à Marseille, et un milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel, rappellent la Chambre de commerce et d'industrie et l'Agence d'urbanisme de l'agglomération.
Devraient s'y ajouter quelque 600 à 700 emplois promis par le projet du Marseille International Fashion Center (Mif68), qui devrait ouvrir en juillet et accueillir 200 grossistes de textiles, surtout chinois.
Porté par le groupe Résiliance de Xavier Giocanti, qui a investi 30 millions d'euros, ce projet veut concurrencer Aubervilliers en devenant le deuxième marché de grossistes français et être une référence en Europe du Sud et en Afrique du Nord.
"L'histoire de la mode à Marseille remonte à longtemps : le vivier de créatifs s'est constitué par des vagues de migrations - d'Arménie, Espagne, Italie, Afrique du Nord - toutes arrivées dans ce port avec leurs savoir-faire", raconte Mathieu Gamet.
Malgré ces ambitions, Marseille reste une ville relativement méconnue dans le domaine. C'est ce que veut changer la MMMM, fondée en 1988 par Maryline Bellieud-Vigouroux, figure emblématique de la mode dans la région, dont le mari Robert-Paul Vigouroux était alors maire de la ville.
- Yacine Aouadi, enfant des quartiers nord -
Cette association a créé avec l'université d'Aix-Marseille un cursus de management de la mode, "une formation de licence et master unique en France, la seule publique, toutes les autres sont payantes", affirme Aurélia Vigouroux, consultante pour la MMMM, dont Pascale Akiki, la manager générale, souligne les excellents taux d'insertion professionnelle.
La structure déniche aussi des talents, notamment Sessùn, qui fête ses 20 ans, et accompagne les jeunes marques locales et méditerranéennes - comme les lauréates 2016 Charlotte Rekassa, 29 ans, de Manosque et Vadine Sister, 37 ans, de Cassis - ou Charlotte Aire et les bijoux Vadi jewels.
Cet accompagnement leur a permis de bénéficier de coaching et de participer à des salons internationaux.
Pour valoriser ces créateurs et récompenser 20 lauréats chaque année, la MMMM a lancé en 2016 le festival #OpenMyMed. La première édition a été parrainée par Yacine Aouadi, un enfant des quartiers nord de Marseille devenu un talent de la haute couture, dont le travail a été présenté en 2016 au MuCem et au Musée des arts décoratifs et de la mode au Château Borély.
"L'invité d'honneur 2017 sera le styliste Simon Porte Jacquemus, originaire de Mallemort (Bouches-du-Rhône). Une double exposition lui sera consacrée en mai au MuCem et au Musée d'art contemporain. Il adore Marseille et le revendiquedans des collections intitulées +Les parasols de Marseille+ ou +Les santons de Provence+", précise Aurélia Vigouroux.
Le festival de la MMMM a été élargi depuis 2010 à 19 pays méditerranéens. "On veut positionner Marseille en tant que métropole de mode du Sud de l'Europe en mettant en valeur le nouveau courant méditerranéen de créateurs" affirme Matthieu Gamet.
Des créateurs "aux styles très différents, très éclectiques", mais qui émergent de toutes les rives du Sud (Maroc, Espagne, Croatie, Turquie, Israël, Portugal, Liban, Egypte, Malte, Grèce, Italie...) et ont "en commun ce côté lifestyle de partage, de soleil, de mer", résume Aurélia Vigouroux.
Source de l'article Le Parisien
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