Pour la première fois, un rapport parlementaire très complet dresse le bilan des pollutions en Méditerranée et fait dix propositions pour agir au plus vite. Son rapporteur est le sénateur de l'Aude Roland Courteau.
Ca fait déjà plusieurs milliers d'années que les poètes et les prophètes chantent ses charmes… Comme si la «mare nostrum» des Romains, ce grand bassin au milieu des terres, était immortelle. Pourtant, la Méditerranée est malade, très malade et pourrait même devenir agonisante si l'on en croit le très sérieux et très complet rapport parlementaire du sénateur socialiste audois Roland Courteau, rapport qui sera présenté en audition publique à la chambre début février.
Ce rapport synthétise le travail de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Un groupe composé de 18 sénateurs et 18 députés qui a enquêté en France et dans tous les pays riverains et auditionné plus de 200 scientifiques. Leur diagnostic est formel, les pollutions sont nombreuses et menacent la survie écologique de la Méditerranée. Et les parlementaires n'ont éludé aucune question concernant la situation actuelle. Qu'il s'agisse des pollutions d'origine chimique liées à l'activité industrielle des bassins versants, pollution qui ne cesse de croître et dont il devient de plus en plus complexe de mesurer les effets. Ainsi, le rapport alerte notamment les pays riverains sur l'absence de réglementation et de programme satisfaisant pour se débarrasser des «montagnes» de déchets générés par l'économie informatique. Des appareils de plus en plus nombreux qui ont une durée de vie très limitée. La pression touristique n'échappe pas à une analyse plutôt pessimiste. Outre les flux saisonniers de population difficiles à gérer sur le plan écologique, les parlementaires ont constaté qu'en France, par exemple, on compte en moyenne un port tous les 15 kilomètres sur le littoral ce qui perturbe considérablement un biotope fragile et qui abrite encore une grande partie de la biodiversité des océans.
Et les quelque 200 pages de ce constat s'alarment aussi sur les pollutions d'origine agricole, ou encore la dégradation des plastiques qui en fait ne disparaissent pas mais se fragmentent en particules de quelques microns pour perturber dans des proportions très importantes la survie du phytoplancton et par voie de conséquence de toutes les espèces.
«La Méditerranée est victime des pollutions passées, note Roland Courteau, atteinte par les pollutions présentes et sera soumise à l'horizon d'une génération à une pression de pollution d'origine humaine de plus en plus forte dont les conséquences seront démultipliées par les effets attendus du changement climatique».
Sur la base de ce constat «qui n'incite pas à l'optimisme, note encore le sénateur, il est temps d'agir.» Il présentera début février, devant ses collègues, 10 mesures touchant à tous les domaines abordés dans ce rapport pour inverser la tendance à l'horizon 2030.
Une mer presque fermée
Avec un peu plus de 2,5 millions de km2, la Méditerranée ne représente que 1% de la surface des océans. Elle voit pourtant passer 30% du trafic maritime mondial et les pollutions qui vont avec. Sa surface surchauffée évapore plus d'eau qu'elle n'en reçoit des fleuves tributaires. Elle compense en «aspirant» de l'eau de l'Atlantique et de la Mer noire. On estime qu'il lui faut un siècle pour se renouveler.
Source de l'article La Dépêche
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