Union européenne-Afrique du Nord : du «Plus pour Plus» à des stratégies politiques


S’il reconnaît que Bruxelles c’est du bon travail pour rassembler les Etats membres autour d’une politique responsable en réponse aux révolutions arabes, le rapport (The audit power of Eu-North Africa relations) du European Council on Foreign Relations (ou Conseil européen des Affaires étrangères - CEAE) constate que «ce consensus est en train de s’effilocher».

Pour qu’il puisse «maintenir une position européenne effective et unifié», ce think tank européen indépendant recommande que Bruxelles agisse de trois principales manières : d’abord, travailler plus activement à lier les Etats membres en les encourageant «à soutenir des politiques partagées en fonction de leurs intérêts différents et moyens»; ensuite, admettre la réalité que les enjeux nationaux en Afrique du Nord ne se sont pas simplement évaporés au cours des 18 derniers mois; et, enfin, Bruxelles a besoin, en déployant des propres instruments, «de reconnaître les biais institutionnels» consistant à traiter les pays d’Afrique du Nord en «voisins à transformer en petits européens».

En bref, l’Union européenne doit être «moins technocratique et plus politique dans son approche –ce qui, vu la nature de la bête, est une demande difficile.

Jusqu’ici l’assistance européenne a toujours été, théoriquement du moins, conditionnée à des progrès que les pays du Sud de la Méditerranée étaient tenus de réaliser.

Mais, admet le CEAE, le vrai problème avec l’idée de continuer à user de la conditionnalité dans les relations de l’Union européenne avec l’Afrique du Nord est ailleurs. Il réside dans le fait que «les carottes» offertes –argent, mobilité et plus grand accès au marché- «ne sont pas suffisamment grosses pour constituer un vrai levier –en particulier dans l’environnement post-révolte».

Parce qu’il est convaincu que ce mécanisme a été et sera toujours à mettre en œuvre et ses résultats attendus quasi impossibles à vérifier, le rapport recommande d’élargir l’approche «d’un processus d’évaluation (…) mené par Bruxelles à une politique plus stratégique» qui «focalise sur un nombre plus limité d’outils de benchmark, cherche à exercer une influence moins à travers une évaluation continue qu’à des étapes clefs, mettre à profit des incitations en plus de celles de la politique de voisinage élargie, différencier les Etats de la région non seulement en termes de leurs «progrès démocratiques» mais en fonction de leur réceptivité de l’influence européenne, et reconnaître la réalité des intérêts des Etats membres dans la mesure nécessaire pour garantir que les acteurs clefs soutiennent l’approche collective non seulement à Bruxelles mais également dans leurs deals bilatéraux».

Rappelant que l’approche de l’Union européenne de «récompenser les réformes sera la plus acceptable quand elle semblera alignée avec les aspirations locales, plutôt qu’essayant de deviner ce que ces aspirations devraient être».

En conclusion, le calcul du «Plus pour Plus» devrait, selon le rapport, «focaliser sur les aspects non-négociables d’un système politique démocratique et légitime –incluant responsabilité politique, liberté d’expression et indépendance de la justice». 

A suivre 

Source de l'article Webmanagercenter

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