Depuis déjà quelques collections, la mode made in Sud a le vent en poupe et fait tourner les têtes des fashionistas et des acheteurs. Histoire d'enfoncer le clou, le Who's next, le Salon international de la mode à Paris, a carrément donné comme thème de cette édition de rentrée la Méditerranée.
Collection Hiver de la marque marseillaise American Vintage |
La grande bleue fait donc vendre ? C'est certain. Et même rêver. L'engouement pour les marques nées autour du bassin méditerranéen - et sur lequel se penche, en bonne fée et depuis des années, la Maison méditerranéenne des métiers de la mode (MMMM) - est un ticket gagnant pour la route du succès et un gage pour attirer les acheteurs asiatiques ou australiens dans le salon parisien. Certes, la présentation des responsables du salon est un brin caricaturale. On peut lire dans l'édito du Who's next : "Méditerranée... Il suffit de prononcer son nom pour entendre instantanément le chant des grillons, imaginer le clapotis de l'eau translucide et sentir le sable chaud sous nos pieds." Qu'importe ! La Méditerranée, c'est tendance. Car à l'international, et c'est bien là l'enjeu, on craque pour son métissage spontané, ses savoir-faire ancestraux, ses couleurs. Nous sommes partis à Paris avec les créateurs du Sud la semaine dernière. Car le Who's next demeure the place to be pour se faire connaître, rencontrer ses clients et s'exporter avec panache. Paris, nous voilà... Ambiance survoltée.
L'avis de la maison de la mode
Impossible de ne pas croiser Maryline Bellieud-Vigouroux, chargée des relations publiques et du mécénat de la MMMM, sans qui cette impulsion méditerranéenne n'aurait jamais pu avoir lieu. C'est elle qui a imaginé l'événement #Openmymed cet été et invité le couturier Yacine Aouadi au Mucem. Dimanche dernier, elle arpentait les allées du Who's next, s'assurant que les M Major ne manquent de rien. "Ces marques font vraiment cela avec passionle Salon international ne pouvait pas faire l'impasse sur nos talents marseillais et méditerranéens, représentés pour l'occasion dans un espace Openmymed dédié. Une belle opportunité pour ces jeunes créateurs, rendue possible grâce à un partenariat entre le Who's next et la MMMM, dans le cadre aussi du renouvellement de l'opération IDTGV pour faire venir à Paris des influenceurs et acheteurs de notre région".
"La mode, c'est comme l'alpinisme"
Les salons parisiens de la rentrée sont toujours à la recherche de ce qui va faire le buzz. Et cette année (tadam ! ), ce sont officiellement les Provençaux. Déjà présents depuis souvent plus d'une décennie dans tous les salons professionnels, ils sortent officiellement de l'ombre. Une centaine de créateurs avaient ainsi leur stand au Who's next, Première classe ou même, côté bijoux, à Bijorhca du 2 au 5 septembre derniers. Objectif ? Les 50 000 visiteurs, acheteurs, trendsetters, journalistes issus de plus de 100 nationalités qui déambulent dans les allées, porte de Versailles. Certaines marques du Sud font déjà partie du top ten du prêt-à-porter français. Car au côté de griffes très en vue comme Maje ou Sandro, on trouve American Vintage avec, à sa tête, l'emblématique Michaël Azoulay. Emblématique, car il affiche une détermination implacable qui a fait le succès fulgurant de sa marque. Les chiffres donnent le tournis : 550 salariés, 1 200 points de vente multimarques dans le monde, une quarantaine de boutiques en France, trois en Israël, mais aussi à Singapour, au Qatar, des outlets (il sera présent d'ailleurs au futur village des marques de Miramas)...
"Être tenace"
Pour Michaël Azoulay, également membre du conseil d'administration de la MMMM, la transmission aux jeunes marques est importante : "J'ai déjà fait une intervention auprès du Master Mode. La transmission, c'est la base. Et l'expérience s'acquiert sur le terrain. J'ai conscience d'être un exemple, avec humilité bien sûr. Je vois tous ces jeunes qui se lancent, ceux à qui j'ai donné la foi. Bien sûr que l'on est moteur." Michaël Azoulay est un habitué des salons pros. "On a démarré par les salons. C'est le marché qui nous a permis de nous développer. Et même si de nos jours, nous en avons moins besoin, car nous avons de nouveaux business, c'est primordial d'être présent." On le voit bien. Le président d'American Vintage n'a pas cinq secondes à lui. Il fait des "coucou" de loin et accueille en personne les clients. "Être au salon permet de rester connecté avec le canal de distribution des multimarques, grands magasins, boutiques en ligne. Nous devons être là aussi pour donner envie. Et le plus important, c'est de s'exporter. C'est la carte à jouer pour trouver de nouvelles parts de marché."
Le secret de sa réussite ? Du travail, toujours du travail. "Il faut aller de l'avant. La mode, c'est comme l'alpinisme. Il faut continuer d'avancer. Garder cette flexibilité, cette agilité, ce plaisir pour le produit et son développement. C'est le nerf de la guerre. Être tenace... surtout quand ça marche !" Michaël Azoulay a conscience aussi du message précieux véhiculé par la création méditerranéenne, ses valeurs. "Les talents viennent de la différence non ?"
La relève provençale monte au front
Ils sont la nouvelle génération des talents de demain made in Provence. Et comme toujours, la MMMM ne s'est pas trompée sur ses nouvelles recrues labellisées et invitées au Who's next. Car en plus des M Major, les marques à fort potentiel (Les Midinettes, Mademoiselle Socialite, Occidente, Kodds, Espigas, Charlotte Aire), la MMMM a invité la relève, les jeunes labellisés. Une démarche passionnante pour ces tout jeunes chefs d'entreprise qui monte à Paris comme on monte au front. Enfin, pas totalement car certains connaissent déjà un peu l'envers du décor à l'image de William Naïm. Après avoir rejoint l'entreprise familiale et avoir appris le métier d'artisan bijoutier, il obtient un Brevet des métiers d'art en bijouterie et lors de sa formation, gagne le concours du meilleur apprenti de la région Paca. Sa marque propose des pièces intemporelles, unisexes et personnalisables en argent 925 et en or 18 carats faites main dans son atelier marseillais. "Je propose aussi des joncs pour homme, femme et enfant à personnaliser. J'ai une boutique rue de la République depuis six ans où je propose aussi d'autres marques. Mais désormais 50 % de mes ventes sont réalisées avec mes créations. J'ai déjà fait plusieurs salons professionnels comme le Seek à Berlin ou le Capsule à Paris." William est évidemment ultra-connecté et travaille avec les réseaux sociaux. C'est là qu'il fait son marché mais aussi des rencontres précieuses. "C'est important car je travaille seul et je fais tout dans mon atelier marseillais !" S'il s'est rendu au Who's next à l'invitation de la MMMM, c'est pour les contacts : "Je faisais, avant, les salons en tant qu'acheteur, donc je connais le milieu. Les salons permettent de découvrir les univers d'autres créateurs, de croiser des blogueurs, des acheteurs, des boutiques parisiennes, des gens inaccessibles que l'on ne rencontre pas si facilement. En revanche, les gens restent moins longtemps qu'avant au salon. Ils font l'aller-retour dans la journée au lieu de passer trois jours comme avant." Pour Leila Ludwig, créatrice des Méduses vertes, griffe dédiée à la maroquinerie, être parrainée par la MMMM est "une bouffée d'oxygène. On se sent compris et accompagné. Et les salons, une belle occasion de découvrir de nouveaux contacts".
Sandra Delavie, à la tête de la marque de bijoux Soltan, depuis Pertuis, a débarqué dans la capitale avec aussi une deuxième carte de visite. Elle a développé un statut très recherché de graphiste industriel.
Quant aux créatrices aixoises de Lila Jeanne, elles ont déjà réalisé leur rêve de petite fille en imaginant une ligne de sacs girly aux matières atypiques. "Nous sommes montées au salon pour découvrir de nouvelles tendances pour l'été prochain. Il y a une bonne énergie créative aussi."
Par Agathe Westendorp - Source de l'article CorseMatin
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