Anima et l'Ocemo réunissaient les 10 et 11 juillet 2014 à Marseille les partenaires du projet Edile pour leur présenter leur nouvelle grille d'évaluation des projets d'investissements en Méditerranée.
Zoé Luçon et Bénédict de Saint-Laurent deux des principaux géniteurs de cette grille d'évaluation de l'impact des projets d'investissements. Photo GT. |
D'une durée de deux ans pour un budget de 1,9 M€ financé par la communauté européenne, Edile doit construire un référentiel d'analyse et un guide pratique pour évaluer les retombées des investissements.
La première version de cette grille d'évaluation va être testée en 2014 et 2015 sur une quinzaine de projets d'investissements en Tunisie, au Liban et en Palestine.
Compte tenu des événements actuels dans la Bande de Gaza, la délégation palestinienne n'a pu venir présenter ses dossiers. Ceux proposés par la Tunisie et le Liban ciblent les secteurs du tourisme, de l'agroalimentaire, de la protection de l'environnement, de l'industrie plastique, de l'agriculture, des énergies renouvelables, des mines, ou encore du transport ferroviaire.
L'un des principaux auteurs de ce guide, Bénédict de Saint-Laurent, estime urgente la mise en place de process d'évaluation. « Les autorités font tout pour attirer des investisseurs, sans regarder dans le détail les retombées réelles des projets. Cette carence débouche sur des réalisations surdimensionnées réalisées pour le seul bénéfice des oligarchies, avec peu de retombées positives sur l'économie locale, mais un fort impact négatif sur l'environnement. »
Mettre des chiffres face à des mots
Les 70 critères sont répartis dans une quinzaine de grands chapitres touchant notamment aux retombées en terme d'emplois, de sous-traitance, de formation, de consommation d'énergie, d'eau, et d'espace, de formation, de pollution, de recettes fiscales... Une véritable radiographie analysant tous les impacts directs et indirects.
Cet outil sera destiné aux investisseurs désirant auto-évaluer leurs projets, aux pouvoirs publics, aux bailleurs de fonds, mais pas seulement. Ainsi, Mourad Ezzine, directeur du CMI (Centre de Marseille pour l'intégration en Méditerranée), souhaite le voir utiliser par les ONG et la société civile « afin qu'elles puissent agir en matière de protection de l'environnement avec des arguments solides, quantifiés. »
La Tunisie s'est largement engagée dans le projet Edile. Pour Mongia Khemiri, directrice générale de l'évaluation au ministère du Développement régional et de l'évaluation de Tunisie, la grille d'analyse « arrive au bon moment. Nous allons pouvoir orienter les incitations fiscales et financières vers les projets les plus intéressants pour le pays. Le manque d'évaluations sérieuses dans le passé à conduit à la prise de trop de mauvaises décisions ».
Edile ne pourra produire ses effets que si les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds s'en emparent. Co-président de l'Ocemo, Philippe de Fontaine Vive plaide pour la création « d'un label Edile, qui deviendrait un brevet de bonne conduite en matière de développement durable. Cet outil peut apporter beaucoup dans l'identification des bénéficiaires réels des opérations évaluées, en quantifiant les retombées en matière d'emplois, de salaires, de sous-traitance, de pollution... Les bailleurs de fonds disposent de toute l'expertise nécessaire en matière de retombées économiques, un peu moins au niveau écologique et très peu au niveau social. Edile peut devenir ce référentiel de quantification des impacts. Cette vue globale, cette méthodologie n'existe pas. Les printemps arabes ont créé de nouveaux besoins, des exigences de croissance inclusives, une nouvelle responsabilité sociale que les gouvernements arabes et les bailleurs de fonds ne prenaient pas en compte. »
Si Edile ne reste pas aux fonds des tiroirs, il sera enfin possible de mettre des chiffres face aux déclarations de bonnes intentions.
Gérard Tur - Source de l'article Econostruminfo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire