Le premier Prix de la Jeune Scène Artistique Méditerranéenne — créé par HYam (Hydra for Artists of the Mediterranean) en partenariat avec la Fondation Jean-Luc Lagardère — a été remis le 2 juillet dernier à l’artiste grecque Maria Tsagkari, chez Artcurial à Paris.
Sa fondatrice, Pauline Simons, s’engage pour le soutien et la défense de la jeune scène artistique grecque pour cette première édition. Avant de repartir sillonner les rives de la Méditerranée à la recherche de nouveaux talents, elle s’est entretenue avec AMA.
Vous avez créé le Prix de la Jeune Scène Artistique Méditerranéenne avec un focus sur la scène contemporaine grecque cette année. Comment est né ce projet qui est finalement double ?
J’ai ce projet à cœur depuis longtemps mais cela a vraiment démarré depuis que j’ai fait l’acquisition d’une maison en Grèce, à Hydra. C’est une île un peu particulière à plusieurs égards : outre le fait qu’il n’y aucun moyen de transport classique, l’activité artistique y est particulièrement dynamique pour plusieurs raisons. En 2009 le collectionneur chypriote Dakis Joannou , président de la Deste Foundation, a repris les anciens abattoirs pour y présenter des expositions estivales ; Pauline Karpidas – une très importante collectionneuse d’art contemporain – a ouvert une galerie sur le port où elle expose l’été des artistes internationaux souvent en partenariat avec la Galerie Sadie Coles. Le dernier acteur de cette scène est Dimitris Antonitsis un artiste et curateur qui a investi un lycée désaffecté dans lequel il fait venir aussi bien des artistes confirmés que des jeunes, grecs et étrangers.
J’ai ce projet à cœur depuis longtemps mais cela a vraiment démarré depuis que j’ai fait l’acquisition d’une maison en Grèce, à Hydra. C’est une île un peu particulière à plusieurs égards : outre le fait qu’il n’y aucun moyen de transport classique, l’activité artistique y est particulièrement dynamique pour plusieurs raisons. En 2009 le collectionneur chypriote Dakis Joannou , président de la Deste Foundation, a repris les anciens abattoirs pour y présenter des expositions estivales ; Pauline Karpidas – une très importante collectionneuse d’art contemporain – a ouvert une galerie sur le port où elle expose l’été des artistes internationaux souvent en partenariat avec la Galerie Sadie Coles. Le dernier acteur de cette scène est Dimitris Antonitsis un artiste et curateur qui a investi un lycée désaffecté dans lequel il fait venir aussi bien des artistes confirmés que des jeunes, grecs et étrangers.
De mon côté, je voulais que cette maison soit autre chose qu’une simple maison de vacances, c’est pourquoi nous sommes en train d’ y construire un atelier pour accueillir des résidences d’artistes, créer des œuvres destinées à l’espace public de l’île et organiser à terme un parcours artistique. Ce sera le second volet de mon projet qui pourra voir le jour dès 2015 et qui se construira en parallèle du Prix, plus rapide à monter et dont l’objectif était d’offrir une première visibilité à la scène grecque.
Est-ce qu’il y aurait un après Hydra ?
Après avoir produit une œuvre à Hydra, l’idée serait d’organiser une exposition personnelle de l’artiste en résidence à Athènes, dans une institution comme le nouveau musée Benaki par exemple, et surtout, de lui donner une visibilité en France, à Paris. C’est un peu ce que fait Katerina Gregos lorsqu’elle a présenté son exposition « No Country for Young Men » à Bozar à Bruxelles avec une sélection de 36 artistes – parmi lesquels on retrouve d’ailleurs, parmi les plus jeunes, 5 de nos 17 candidats retenus pour le Prix HYam. Pour mon projet en revanche, les expositions seront dédiées chaque année au lauréat de la résidence.
Après avoir produit une œuvre à Hydra, l’idée serait d’organiser une exposition personnelle de l’artiste en résidence à Athènes, dans une institution comme le nouveau musée Benaki par exemple, et surtout, de lui donner une visibilité en France, à Paris. C’est un peu ce que fait Katerina Gregos lorsqu’elle a présenté son exposition « No Country for Young Men » à Bozar à Bruxelles avec une sélection de 36 artistes – parmi lesquels on retrouve d’ailleurs, parmi les plus jeunes, 5 de nos 17 candidats retenus pour le Prix HYam. Pour mon projet en revanche, les expositions seront dédiées chaque année au lauréat de la résidence.
Comment s’est fait le rapprochement avec la Fondation Jean-Luc Lagardère ?
Je me suis rapprochée de la Fondation Jean-Luc Lagardère qui a créé il y a plusieurs années des Bourses pour de jeunes professionnels de la culture et des médias (photographes, journalistes, scénaristes, libraires…). La Fondation a créé l’année dernière un prix pour un écrivain arabe écrivant en français. C’était un prix complémentaires des Bourses habituelles alors, je me suis dit que je pourrais leur proposer un 2e « extra prix » dans le domaine de l’art contemporain, d’autant qu’ils n’étaient pas encore présents dans ce secteur. J’ai proposé ce projet et il a été accepté. La Fondation Jean Luc Lagardère offre donc la dotation de 10.000 euros.
Je me suis rapprochée de la Fondation Jean-Luc Lagardère qui a créé il y a plusieurs années des Bourses pour de jeunes professionnels de la culture et des médias (photographes, journalistes, scénaristes, libraires…). La Fondation a créé l’année dernière un prix pour un écrivain arabe écrivant en français. C’était un prix complémentaires des Bourses habituelles alors, je me suis dit que je pourrais leur proposer un 2e « extra prix » dans le domaine de l’art contemporain, d’autant qu’ils n’étaient pas encore présents dans ce secteur. J’ai proposé ce projet et il a été accepté. La Fondation Jean Luc Lagardère offre donc la dotation de 10.000 euros.
Le groupe Lagardère sera partenaire sur du long terme ?
Nous l’espérons. Le projet HYam est tourné uniquement vers la Grèce, mais le Prix concerne l’ensemble du bassin méditerranéen : l’année prochaine, il concernera la Turquie, le Liban, la Tunisie… L’idée est de montrer progressivement toute la scène méditerranéenne.
Nous l’espérons. Le projet HYam est tourné uniquement vers la Grèce, mais le Prix concerne l’ensemble du bassin méditerranéen : l’année prochaine, il concernera la Turquie, le Liban, la Tunisie… L’idée est de montrer progressivement toute la scène méditerranéenne.
Comment s’est faite la sélection des artistes ?Je suis partie pendant un mois en Grèce, j’ai sillonné les galeries, la Biennale de Salonique, les musées, les fondations, et j’ai cherché des artistes de moins de 36 ans, ce qui correspond aux critères des Bourses de la Fondation Jean-Luc Lagardère dont les candidats ont tous entre 25 et 35 ans.
Est-ce qu’il y a un fil conducteur dans leur travail ?Non, je ne voulais pas que tous ces artistes travaillent dans le même esprit ou avec un même médium : il y a de la photographie, de la vidéo, des installations, de la peinture, du collage, du dessin… Ensuite, ils ont tous une identité méditerranéenne et sont forcément plus ou moins touchés par la crise, de façons différentes.
Tous ces jeunes artistes ont été largement présentés sur le site internet www.hyam.fr et dans les outils de communication du Prix, ce qui leur a déjà apporté une belle visibilité.
Tous ces jeunes artistes ont été largement présentés sur le site internet www.hyam.fr et dans les outils de communication du Prix, ce qui leur a déjà apporté une belle visibilité.
Est-ce que tous s’appuient sur le contexte politique et économique ou certains sont-ils complètement en dehors de cette problématique ?Les deux cas coexistent. Ils sont concernés par leur histoire – on oublie que la Grèce a été occupée pendant cinq siècles, que la période des Colonels n’est pas si éloignée que ça, c’est 1974 — et certains travaillent encore dessus. La Grèce reste le berceau de l’histoire !
À Bozar à Bruxelles, il y a eu deux expositions cet hiver, « Nautilus » et « No Country for Young Men ». La première était un dialogue entre les chefs-d’œuvre de l’archéologie grecque et l’art contemporain, montée par le Ministère de la Culture et offrant une image plutôt belle du pays, tandis que la seconde, organisée par Katerina Gregos – qui sera d’ailleurs la prochaine commissaire de la biennale de Thessalonique et qui fait partie du jury du Prix HYam – était uniquement centrée sur la crise. Je me suis alors demandé pourquoi couper ainsi la Grèce en deux ?
À Bozar à Bruxelles, il y a eu deux expositions cet hiver, « Nautilus » et « No Country for Young Men ». La première était un dialogue entre les chefs-d’œuvre de l’archéologie grecque et l’art contemporain, montée par le Ministère de la Culture et offrant une image plutôt belle du pays, tandis que la seconde, organisée par Katerina Gregos – qui sera d’ailleurs la prochaine commissaire de la biennale de Thessalonique et qui fait partie du jury du Prix HYam – était uniquement centrée sur la crise. Je me suis alors demandé pourquoi couper ainsi la Grèce en deux ?
L’Etat a voulu montrer une Grèce idyllique alors qu’il y a aujourd’hui des quartiers dangereux à Athènes. Chose inimaginable, il y a encore quelques années. Renos Xippas avait un show-room dans un quartier populaire où se sont développé de sérieux problèmes liés au trafic de drogue. Il a fermé ses deux espaces athéniens, tout comme la galerie Gazon rouge, ainsi que The Appart.
Est-ce que la création de ces jeunes artistes grecques est spécifique par rapport à la France par exemple ?
Ils sont très dynamiques, comme dans beaucoup de pays en crise. Ce sont des artistes très sérieux, qui travaillent beaucoup. Certains vivent à l’étranger, et d’autres ont plusieurs boulots et curieusement, ils ne courent pas après les galeries : ils cherchent aussi des résidences et des modes alternatifs. Avec peu de moyens, ils réussissent à monter des projets, des expositions. Des personnalités comme le collectionneur Dimitris Daskalopoulos essaient également de faire bouger les choses : il a par exemple organisé une très belle exposition à la Gennadius Library en associant des artistes grecs et internationaux. Il commence à donner des bourses, tout comme Dakis Joannou qui distribue un prix tous les deux ans, le Deste Prize. En revanche, ces initiatives ne proposaient pas d’accompagnement à l’étranger, ce qui me semblait pour ma part essentiel.
Ils sont très dynamiques, comme dans beaucoup de pays en crise. Ce sont des artistes très sérieux, qui travaillent beaucoup. Certains vivent à l’étranger, et d’autres ont plusieurs boulots et curieusement, ils ne courent pas après les galeries : ils cherchent aussi des résidences et des modes alternatifs. Avec peu de moyens, ils réussissent à monter des projets, des expositions. Des personnalités comme le collectionneur Dimitris Daskalopoulos essaient également de faire bouger les choses : il a par exemple organisé une très belle exposition à la Gennadius Library en associant des artistes grecs et internationaux. Il commence à donner des bourses, tout comme Dakis Joannou qui distribue un prix tous les deux ans, le Deste Prize. En revanche, ces initiatives ne proposaient pas d’accompagnement à l’étranger, ce qui me semblait pour ma part essentiel.
Ce projet sur l’île d’Hydra reçoit des soutiens de la Grèce ?Je compte sur un financement privé et de mon côté je peux prendre en charge la réalisation d’un catalogue, la production des photographies, l’achat d’une œuvre, ce que j’ai déjà fait, mais pas la production, le transport…
Hydra est un microcosme, des collectionneurs et des galeristes comme ThaddaeusRopac s’y retrouvent de même que beaucoup de gens du monde de l’art international.
Le jury du 1er Prix – présidé par Alain Seban président du Centre Pompidou – est composé de personnalités influentes comme Giorgos Agouridis,Président du Centre culturel de la Fondation Stravros Niarchos dont l’architecte n’est autre que Renzo Piano et qui ouvrira ses portes en 2015. C’est l’une des rares fondations qui aident vraiment son pays au niveau social, avec la création par exemple d’un plan anti-chômage de 1,3 million d’euros l’année dernière.
Quels sont les liens avec les institutions grecques ?
Une fois que son centre culturel sera réalisé, la Fondation Stavros en fera don à l’Etat ! Cela comprendra un opéra et les trois bibliothèques d’Athènes qui sont réunies en amont ainsi qu’un parc plus vaste que le jardin national.
Une fois que son centre culturel sera réalisé, la Fondation Stavros en fera don à l’Etat ! Cela comprendra un opéra et les trois bibliothèques d’Athènes qui sont réunies en amont ainsi qu’un parc plus vaste que le jardin national.
Le jury du Prix réunit également Anna Kafetsi, Directrice de l’EMST (Musée d’art contemporain d’Athènes), Maria Kokkinou et Andreas Kourkoulas, architectes et auteurs du nouveau Musée Benaki, Thaddaeus Ropac et Xenia Geroulanos, le galeriste et la directrice de la galerie, Thierry Ollat, directeur du MAC (Musée d’art contemporain à Marseille), Adelina von Fürstenberg, commissaire générale de la dernière biennale de Thessalonique et fondatrice de l’ONG Art For the World, Emmanuel Saulnier, sculpteur et professeur aux Beaux-Arts de Paris et François Tajan, co-président d’Artcurial qui accueille la soirée de remise du Prix…
Chacun des 19 nominés a réalisé une petite vidéo de 2 minutes. Chaque membre du jury a fait part de ses coups de cœur et sélectionné 4 artistes (Rania Bellou, Marianna Christofides, Maria Tsagkari, Athanasios Zagorisios) parmi lesquels a été retenu cette année le lauréat l’artiste grecque de 33 ans Maria Tsagkari.
Source de l'article Artmediaagency
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