La patronne de la diplomatie européenne, Federica Mogherini se rend pour la première fois en titre au Maroc ce 21 juillet. Une visite de travail sur fond de contexte sécuritaire tendu dans la région mais aussi de relations très nourries entre le Maroc et l'Europe.
Alors que les 28 ont publié ce printemps comme chaque année une évaluation des politiques publiques marocaines demandant la poursuite des réformes en matière d'économie, de social ou de libertés publiques.
Toute auréolée du récent accord sur le nucléaire iranien dont Federica Mogherini était une des négociatrices, la Haut Représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité passe la journée du 21 juillet à Rabat. Il s'agit d'une visite de travail et de son premier passage en fonction dans le royaume dont l'Europe est un important bailleur de fonds et un partenaire économique clé (50% du commerce du Maroc).
Federica Mogherini, doit rencontrer plusieurs responsables du gouvernement marocain et des deux chambres du Parlement ainsi que des acteurs de la société civile.
Selon un communiqué de la RP UE au Maroc, "L'objectif de la mission (...) est d’échanger avec ses interlocuteurs marocains sur la dynamique du partenariat UE-Maroc et de parcourir les différents dossiers de coopération conjointe comme le commerce, la migration, la sécurité et le changement climatique".
Alors que le Maroc accueille le dialogue inter-libyen ou que Daesh ne cesse de marquer des points au Maghreb, les sujets de défense et sécurité constituent évidemment un gros morceau dans l'agenda de Federica Mogherini.
"Plusieurs dossiers régionaux d’intérêt commun comme la situation en Libye, au Sahel et au Moyen Orient seront également au cœur des échanges", a confirmé la RP UE au Maroc avant la venue de la Haute représentante.
Ce passage express intervient, par ailleurs, sur fond de relations extrêmement fournies aux plans institutionnels et économiques entre le royaume du Maroc et l’Union européenne. Celles-ci s’inscrivent dans la "politique de voisinage" des 28. Dans ce cadre, l'Europe a prévu pour le Maroc une enveloppe de soutien de divers ordres d'environ 750 millions d'euros sur la période 2013-2017.
Perçu comme un pôle de stabilité dans une zone en pleine ébullition, le Maroc est en fait le pays qui bénéficie de la plus grosse enveloppe d'aide européenne dans ce cadre ou via d’autres leviers comme celui de la BEI.
L’importance de ces politiques s'explique en partie par le "statut avancé" obtenu par le royaume en 2008 vis à vis de l'Union, une sorte d’accord d’association survitaminé.
De plus, alors que les droits de douane sont quasiment abolis entre les deux parties, Europe et Maroc négocient depuis le 1er mars 2013, l'Aleca, un accord de libre-échange. Mais les discussions sur l'Aleca sont en fait à l'arrêt depuis plus de six mois. Il s'agit notamment côté marocain de conduire une évaluation plus approfondie de ses effets. Plusieurs secteurs économiques ayant exprimé des craintes quant à l'effet d'une libéralisation accrue des échanges. L'an dernier à l'occasion d'une "mini guerre de la tomate" entre Rabat et Bruxelles, ces craintes avaient pris plus d'ampleur.
En attendant, une reprise des négociations sur l’Aleca, la Haute Représentante doit évoquer aussi de "l’état des lieux du programme de réformes mené par le Maroc et l’accompagnement politique et financier de ces réformes par le programme de coopération de l’UE".
Cette évaluation c'est précisément ce à quoi se livrent les institutions européennes une fois par an en passant au crible comme pour de nombreux pays partenaires, les politiques économiques, sociales et en matière de libertés et droits de l'homme au royaume.
Le dernier document de travail en la matière date du 25 mars 2015 (texte complet à la fin de cet article). Il comprend une douzaine de préconisations prioriaires par exemple sur la politique de migration et d’asile, la réforme du système judiciaire, la lutte contre la corruption ou la mise en oeuvre de la régionalisation.
Certaines de ces réformes, ont, en fait, commencé a être conduites cette année (par exemple la loi organique des finances). A noter par ailleurs que s'il est souvent l'objet de débats enflammés au Parlement européen, le statut disputé du Sahara occidental et de ses populations ne figure que de manière allusive dans ce rapport. Tout comme les sujets des libertés individuelles en relation avec la religion qui ont defrayé la chronique ces derniers mois au Maroc.
De fait, la tonalité d'ensemble de ce texte de travail reste globalement plutôt favorable quant à l'action du gouvernement conduite par l'islamiste modéré Abdelilah Benkirane. Qu'en dira Federica Mogherini ?
Source de l'article Usine nouvelle
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