La Politique européenne de voisinage doit être repensée et les politiques européennes vers le Sud devront s'élargir géographiquement.
Selon Ipemed (Institut de prospective économique du monde), il y a trois raisons autorisant de remettre en cause la nouvelle Politique européenne de voisinage (PEV). L'institut pense que dans sa forme actuelle, notamment pour le sud de la Méditerranée, la dénomination «voisinage» est maladroite et mal perçue au Sud car elle assimile la rive sud à une «arrière-cour» en plus de la confusion entre l'est de l'Europe et le sud méditerranéen qui est inexacte et inappropriée car les réalités politiques, économiques, géographiques et culturelles sont bien différentes. De plus les populations de l'Europe de l'Est se considèrent «européennes» et revendiquent l'intégration tandis que les populations du Sud n'envisagent pas une adhésion à l'Union.
Ainsi, la mise en oeuvre des mêmes politiques pour l'Est et le Sud est contre-performante car le contenu de la PEV est trop uniforme et centré sur le libre-échange avec une offre financière insuffisante. Il y a enfin, l'évolution des réalités géopolitiques imposant une séparation de traitement entre l'Est et le Sud car entre 1995 et 2010, les accords de Barcelone, la PEV et l'Union pour la Méditerranée se sont inscrits dans la même filiation: celle d'une Europe en croissance, puissante, ouverte et qui considérait le sud méditerranéen avec une certaine condescendance.
Or, le modèle de centre et de périphérie qui plaçait la Méditerranée en marge de l'Europe est remis en cause par les responsables politiques du Sud. De nouveaux leaders arrivent au sud de la Méditerranée et refusent ce face-à-face dissymétrique que leur imposait l'Europe. Les nouveaux leaders des courants démocratiques regardent vers l'Europe, mais aussi vers le Proche et le Moyen-Orient et surtout vers l'Afrique subsaharienne.
De marginale, la Méditerranée devient centrale, pivot entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne, est-il indiqué. L'Institut d'étude de prospective souligne que dans ce contexte, la Politique européenne de voisinage doit être repensée et les politiques européennes vers le Sud devront élargir géographiquement la politique de la Méditerranée vers le Moyen-Orient, le Sahel et l'Afrique.
Le rapport intitulé «Pour une nouvelle politique entre l'Europe et le sud méditerranéen» souligne que les constatations critiques portent sur le fait que la PEV est une politique trop euro-centrée avec la volonté de rapprocher les populations des standards européens et l'UE a mené une politique pour attirer les pays vers ses normes. Mais c'est une politique qui n'a pas atteint ses objectifs, en partie du fait que les voisins de l'Europe expriment d'autres aspirations «qu'il faut reconnaître».
En outre, la PEV est une politique trop complexe avec trois cadres financiers et deux commissaires et elle est trop éloignée de la société civile et notamment au Sud. Il faut alors privilégier une autre méthode plus adaptée en s'appuyant sur des structures existantes qui sont, à l'instar de la fondation Anna Lindh, présentes aux côtés des acteurs de terrain.
Pour atteindre cet objectif d'une conciliation des intérêts de l'Union et de ses partenaires, il est nécessaire que les sociétés civiles soient davantage consultées dans leurs diverses composantes. Il est également crucial d'adopter une approche globale, qui ne dissocie pas l'économique, le social, le culturel, est-il ajouté.
Par Ali tirichine - Source de l'article l'Expressiondz
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