Potentiel candidat à la présidentielle française de 2017, l’actuel maire de Bordeaux, Alain Juppé, souhaite «resserrer» et «approfondir» le partenariat entre son pays et l’Algérie.
Sachant le poids de l’histoire, M. Juppé se posant comme l’homme de l’apaisement appelle à «regarder vers l’avenir».
A la marge du meeting qu’il a animé, hier en début de soirée avec les Français d’Algérie, il a répondu à nos questions.
En quoi l’étape d’Alger est aussi importante pour tout candidat à la présidentielle française ?
Tout d’abord, c’est en tant que maire de Bordeaux que je suis ici. Nous avons un accord de jumelage avec Oran qui fonctionne très très bien. C’est tout aussi important pour le responsable politique que je suis, parce que les relations avec l’Algérie sont essentielles à bien des égards. Au plan stratégique, nous avons une bonne coopération dans la lutte contre le terrorisme, sur le plan économique aussi où ça peut être une relation gagnant-gangant. Et puis sur le plan humain, nous avons des liens anciens qui se resserrent sans cesse. Les binationaux notamment constituent une sorte de passerelle entre la France et l’Algérie. Les familles algériennes ont presque toutes un parent ou plus au moins un proche en France, ce qui constitue une richesse qu’il faut faire prospérer. Et bien évidemment, j’ai profité de ma visite aussi pour rencontrer les Français d’Algérie dans la perspective des prochaines élections présidentielles et primaires.
«L’apaisement» était un maître-mot dans votre discours de campagne, ça pourrait être aussi pour les relations algéro-françaises qui souvent sont émaillées de tension. Que préconisiez-vous pour y parvenir ?
Oui, il y a le poids de l’histoire, les cicatrices qui ne sont pas toujours refermées, mais nous savons bien que les passions s’apaisent avec le temps. Il faut regarder vers l’avenir. Il faut bien faire attention, nous sommes de part et d’autre de la Méditerranée souvent un peu susceptibles. Je constate qu’aujourd’hui les choses vont bien, qu’il faut garder cette bonne compréhension et cette bonne entente.
Vous êtes l’homme de l’apaisement ?
Je le souhaite fortement. Je voudrais vraiment que le partenariat entre la France et l’Algérie se renforce encore et s’approfondisse, parce que nos destins sont tout à fait liés. Le nord et le sud de la Méditerranée ne s’en tireront pas séparés l’un de l’autre. Il faut une politique de développement, une politique qui vise à chercher des solutions aux conflits qui ravagent le Proche-Orient, je pense à la Libye, à la Syrie. Nous devons joindre nos efforts.
Parlant de la Libye justement, vous étiez dans le gouvernement de Sarkozy au moment de l’intervention de l’OTAN. Si c’était à refaire vous changeriez quoi ?
Vous savez, c’est très facile de dire qu’il fallait faire autrement quand nous connaissons la suite de l’histoire. A l’époque, la question était de savoir si on laissait El Gueddafi massacrer sa population et en particulier la population de Benghazi. Il avait annoncé son programme, il voulait «dératiser» Benghazi. Et je pense que la France -sur un mandat des Nations unies- a eu raison d’intervenir. Après, nous avions souhaité accompagner l’opposition libyenne pour construire la transition démocratique et malheureusement c’est ça qui n’a pas fonctionné avec des torts partagés. L’opposition libyenne qui venue au pouvoir n’a souhaité s’insérer dans le processus que nous voulions mettre en place avec les Nations unies. Ça a abouti au chaos actuel. Mais je dois dire qu’il ne faut pas désespérer, il faut soutenir les efforts des Nations unies pour essayer de réconcilier les différentes parties. Il faut aller dans ce sens.
Vous contestez un certain nombre de mesures prises par le gouvernement de votre pays à la suite des attentats du 13 novembre. Pensez-vous que les réponses ne sont pas adéquates ?
J’ai dis qu’il y a des fausses réponses et de bonnes réponses. Quand nous avons mobilisé nos forces de sécurité sur l’ensemble du territoire pour assurer la sécurité des Français, nous avons soutenu l’état d’urgence aussi. En revanche, le débat sur la déchéance de la nationalité n’est pas un bon débat, ça ne changera rien et surtout ça divise inutilement. Je ne comprends pas d’ailleurs la dernière mouture de la proposition qui a été faite par le président de la République. Il appartient aux parlementaires de décider s’ils la voteront ou pas.
Si vous étiez élu en 2017 quel serait votre premier geste en direction de l’Algérie ?
D’abord, n’anticipons pas, la route est encore longue. Il y a d’abord l’étape des primaires à franchir au mois de novembre prochain et puis ensuite, il y aura l’élection présidentielle. Mais comme je le dis, le partenariat avec l’Algérie est absolument essentiel pour toutes sortes de raisons et donc je m’emploierai à le resserrer et à l’approfondir.
Par Hacen Ouali - Source de l'article El Watan
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