La ville intelligente n'est pas un diplôme

Casablanca vient d’intégrer un club restreint de villes intelligentes à l’échelle internationale. La capitale économique a été sélectionnée avec Kansas City aux Etats-Unis par l’organisation scientifique américaine IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) pour faire partie de l’initiative «IEEE smart cities». 

Ce réseau qui compte 25 villes (dont Guadalajara, Trento, Wuxi..) contribuera au processus d’instauration du concept «social frugal smart city» à Casablanca. Entretien avec Gilles Betis, directeur de l’Initiative Smart Cities IEEE.

Une étude de McKinsey: comment faire

- L’Economiste: Concrètement, que devra apporter la coopération avec l’IEEE à Casablanca ?
- Gilles Betis: L’IEEE est une organisation qui travaille sur la connaissance technologique et son emploi. Le but est de produire de la connaissance, formaliser le retour d’expérience, échanger entre villes membres, innover dans les solutions…
Nous comptons 5 villes principales ayant une responsabilité d’animation à l’échelle continentale ainsi qu’une vingtaine de villes affiliées. Objectif: arriver à une centaine de villes affiliées. Elles vont alimenter au fur et à mesure le réseau de leurs problématiques, plan d’évolution vers une ville plus intelligente, leur expertise… Nous focalisons sur des problématiques concrètes à travers l’édition de documents, des cycles de conférences, ateliers, groupes de travail… A Casablanca, l’on compte travailler sur des cas concrets, comme la rénovation du complexe Al Amal. L’idée est de formaliser la problématique et de l’exposer à un réseau d’experts qui va proposer des solutions en fonction de ce qui a été fait ailleurs. Le transport et la sécurité sont également parmi les thèmes qui seront abordés dans le cadre de l’IEEE.
Casablanca a été sélectionnée pour le développement de la notion de ville frugale (qui veut dire faire beaucoup avec peu de moyens). En effet, avec la raréfaction des moyens financiers, une ville comme Casablanca pourrait tirer partie de la ressource gratuite que représentent ses habitants. 

- Comment vous définissez le concept de ville intelligente ? 
- C’est une ville qui va intégrer des technologies d’information, des capteurs, des systèmes d’information… Les réseaux d’internet via la fibre optique dans toute la ville qui permettent un accès au haut débit aux particuliers et aux entreprises. Ce sont des facteurs de création de valeur. Des réseaux téléphoniques 4G et 5G qui fonctionnent correctement sont également des facilitateurs. Il en est de même pour les capteurs dans les poubelles qui vont optimiser la collecte ou sur les réseaux d’eau et d’électricité pour développer des systèmes anti-inondations, les énergies renouvelables.

. Pour le transport public, une ville intelligente adopte un système de billettique simple et pratique, en optant pour l’interopérabilité et son extension à d’autres moyens, pas forcément publics (comme les petits taxis). A titre d’exemple, la même carte qui sert pour le tram et le bus pourrait aussi servir pour prendre le taxi, sans avoir besoin de monnaie.

- Comment se décline le dispositif de l’IEEE ?
- Le développement des villes intelligentes se fait sur 3 niveaux. Tout d’abord, sur le plan technologique, en développant et en déployant des technologies. Plus tard, on passe de la ville technologique à la ville sociétale pour réfléchir sur l’usage, les besoins et la transition dans les comportements.
Aujourd’hui, nous sommes passés à la dimension politique. La ville a besoin d’une vision à long terme. La ville intelligente n’est pas un diplôme, mais un process qui ne prend jamais fin.

Propos recueillis par Aziza EL AFFAS - Source de l'article l'Economiste

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