Le PDG de la Compagnie de gestion et d'exploitation du port de Beyrouth, Hassan Koraytem, explique notamment les résultats record de 2015 par l'intensification des contrôles des marchandises. Il confirme par ailleurs à « L'Orient-Le Jour » l'abandon du projet de remblaiement du bassin n° 4.
Malgré la dégradation continue de la situation régionale et de l'activité locale, les recettes du port de Beyrouth ont connu une hausse record de 12,7 %, à 238,9 millions de dollars. Comment l'expliquer ?
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse historique – car encore jamais atteinte jusqu'à présent – de nos revenus.
Elle est premièrement due à l'augmentation d'environ 5 % du nombre total de conteneurs traités en 2015, et ce malgré la mauvaise situation du pays, même si les types de produits ont changé, passant de produits de luxe à des produits de première nécessité.
Parallèlement, les seuls conteneurs destinés à l'exportation ont augmenté de 29 %, car ceux qui transitaient auparavant par la voie terrestre ont progressivement basculé vers le port de Beyrouth (depuis la fermeture du poste syro-jordanien de Nassib, en avril, NDRL).
Enfin, les recettes du port ont également profité de la décision, en février 2015, du ministère des Finances d'ordonner un contrôle renforcé (généralement désigné par « circuit rouge », NDLR) pour tous les conteneurs. Cela a créé du trafic sur le port, car nous devons transporter le conteneur dans la zone d'inspection des douanes, un service que nous facturons aux propriétaires. De plus, les conteneurs sont restés au port plus longtemps, ce qui induit également une augmentation des frais de stockage. Cela étant dit, il s'agit sur ce point d'une situation exceptionnelle qui ne devrait pas se renouveler car le rythme des inspections est progressivement revenu à la normale, avec environ 20 % des conteneurs qui subissent une inspection en profondeur...
Ces dernières années, le port a résolument misé sur le développement des activités de transbordement. L'évolution de la situation régionale compromet-elle ce choix ?
Le transbordement – le transfert de cargaison d'un navire à un autre bâtiment, NDLR – a en effet baissé de 25,8 % l'année dernière, car les pays vers lesquels le port de Beyrouth réexpédie ces marchandises – la Syrie, l'Égypte, la Grèce et la Turquie – sont en mauvaise posture économique, ce qui impacte le nombre de cargos qui leur sont destinés.
À mon avis, cette tendance ne risque pas de changer en 2016, sauf changement radical en Syrie.
Cela étant, les compagnies de transbordement sont toujours présentes et le port restera le hub de transbordement de l'Est de la Méditerranée.
Votre projet de remblaiement du bassin n° 4 pour résoudre la congestion au port a engendré de nombreuses polémiques. Où en est-il ?
Ce projet a engendré des réclamations politiques et communautaires de toutes sortes – les propriétaires de camions du port estimaient notamment que la fermeture de ce bassin risquait d'empêcher les cargos conventionnels d'accoster à Beyrouth, NDLR. Même l'armée s'en est mêlée, voulant en faire usage, ce que nous n'avions pas prévu...
Le projet est donc à l'arrêt et nous allons liquider le contrat de remblaiement.
Pourtant, nous avons toujours besoin de nouvelles surfaces de stockage et l'abandon du projet va se répercuter dans le futur car le terminal à conteneurs est déjà utilisé à 90 % de sa capacité.
Par ailleurs, ce terminal à conteneurs fonctionne 24h/24, tandis que la zone de transport conventionnel de marchandises n'est en activité que pendant les heures d'ouverture (de 7h à 16h). Cette dernière zone ne possède aucune surface de stockage et nous déchargeons les navires directement vers les camions. Le remblaiement du bassin aurait donc également permis de pouvoir travailler avec les cargos 24h sur 24, à la manière des conteneurs.
Le port de Tripoli a débuté l'exploitation de son nouveau terminal de conteneurs en décembre, cela affectera-t-il l'activité du port de Beyrouth ?
Pour l'instant, le trafic portuaire à Beyrouth est à 80 % originaire du Grand Beyrouth et du Mont-Liban, et je ne pense pas que les marchandises concernées soient destinées à passer par Tripoli. Le port de Tripoli pourrait éventuellement absorber le trafic du Liban-Nord, en cas de volonté gouvernementale d'encourager la réorientation des marchandises du Nord afin de désencombrer les routes. Auquel cas, nous ne pourrons que nous plier à cette décision. Reste à savoir si les transporteurs du Nord seront intéressés par Tripoli...
De même, attendons de voir si les compagnies régulières vont ouvrir de nouvelles lignes maritimes vers Tripoli, car, aujourd'hui, il faut encore passer par le port de Beyrouth.
Par Céline HADDAD - Source de l'article l'Orient le Jour
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