Les tensions Maroc-UE pourraient-elles ralentir le rapatriement des Marocains clandestins?

Alors que le Maroc vient de s'engager auprès de l'Allemagne et de la Suède à accélérer le rapatriement des migrants clandestins marocains, la démarche pourrait être ralentie.

POLICE ALLEMAGNE

Car depuis le 10 décembre, le Maroc et l'Union européenne sont engagés dans un "bras de fer" suite à l'annulation, par la Cour de justice européenne, de l'accord agricole et de pêche établi en 2012 avec le royaume.

Une note envoyée fin décembre par Mbarka Bouaida, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, appelait les différents départements ministériels à "boycotter" les réunions bilatérales prévues avec l'UE et à "s'abstenir de tout échange ou contact avec la délégation de l'UE à Rabat", selon une copie de la note publiée par LeDesk.ma.

L'accord agricole avait été annulé par la Cour européenne de justice suite à une demande du Front Polisario, qui estime qu'il ne présente pas les garanties nécessaires pour que l’exploitation des ressources du Sahara profite aux populations de la région.

Coup de pression?

"Comment se fait-il qu’un accord que nous avons négocié, signé et adopté à une large majorité par le Parlement européen, et qui est en vigueur depuis deux ans, puisse se retrouver un jour annulé?" s'interroge le chef de la représentation permanente marocaine auprès de l'Union européenne, Anouar Alem, dans les colonnes de Jeune Afrique.

"Sans cette visibilité, il va être difficile d’avancer sur certains dossiers en cours, tels que les négociations de réadmission dans les cas d’immigration illégale ou encore celles de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) entre le Maroc et l’UE", indique le diplomate.

Alors que la crise migratoire s'invite depuis quelques semaines dans les échanges diplomatiques entre le Maroc et ses voisins européens, le royaume pourrait ainsi faire pression sur Bruxelles, qui a jusqu'au 22 février pour faire appel de la décision de la Cour de justice européenne sur l'annulation de cet accord. Au lendemain de la décision de la Cour, les ministres européens s'étaient accordés pour faire appel.

S'il tente de minimiser les tensions entre les deux parties en expliquant qu'il n'y a pas de "rupture des relations avec l'UE", Anouar Alem explique néanmoins que le Maroc ne peut pas "continuer à négocier des accords" avec l'UE s'il n'a pas "l'assurance qu'ils ne seront pas rejetés".

L'Union européenne et le Maroc ont entamé, il y a plus de dix ans, des négociations autour d'un accord de réadmission des migrants clandestins arrivés en Europe et passés par le Maroc. Si le Maroc accepte, conformément au droit international, la réadmission de ses propres ressortissants, il refuse cependant de reprendre les étrangers (notamment subsahariens) ayant transité par son territoire.

Source de l'article Huffpostmaghreb

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