A la faveur d’une possible stabilisation politique dans la zone, les échanges commerciaux redémarrent entre les deux rives de la Méditerranée. L’Europe va investir près de 13 milliards d’euros. Les entreprises marseillaises sont les premières à en bénéficier.
A la veille du premier tour de l’élection présidentielle en Tunisie, censée confirmer le renouement du pays avec un processus démocratique, les industriels français retiennent leur souffle.
Depuis le printemps arabe, les investissements étrangers ont chuté de 25 %, mais les signes de reprises des échanges économiques misant sur une stabilisation politique se font plus nombreux. « La loi offshore qui encourage les partenariats avec l’Europe depuis 1972 a conduit en Tunisie plus de 3.600 entreprises, dont 42 % sont françaises, explique Khalil Laabidi, nouvellement nommé à la présidence de la plate-forme de coopération pour le développement économique en Méditerranée Anima.
Le nombre d’accords de libre-échange et de conventions conclues fait de notre territoire un hub majeur pour les projets d’investissement de l’Europe en Afrique », a-t-il défendu, il y a quinze jours, à l’occasion des Med Business Days, qui ont rassemblé 500 entrepreneurs du bassin méditerranéens à Marseille. Plus de 520 millions d’euros d’investissements étrangers ont alimenté l’économie tunisienne.
Maintenant que la situation montre des signes de stabilisation dans la zone, d’autres pays espèrent le même traitement. L’Europe vient de les entendre. Sur les sept prochaines années, elle a décidé d’investir 12,6 milliards d’euros pour accompagner les projets de développement d’entreprises européennes dans le bassin. « L’investissement accompagne la marche des pays de la Méditerranée vers une stabilité politique et sociale du Maroc à la Turquie », défend le vice-président de la BEI, Philippe de Fontaine Vive. Les principaux bénéficiaires seront les grands groupes et les Pme qui ont déjà des implantations ou des marchés dans ces pays, mais aussi des entreprises qui diversifient leurs débouchés. « L’Europe et la Méditerranée ont un destin commun », soutient le financier.
Un marché de 200 millions de consommateurs
Les affaires reprennent déjà dans certains secteurs. « La Méditerranée renaît », observe Stéphane Courquin, directeur des lignes Asie-Méditerranée de CMA-CGM. L’armateur dessert 68 ports et 34 pays dans ce bassin où escale le tiers de sa flotte. Tous ses volumes transportés y sont en hausse : + 4 % pour l’Algérie, + 6 % pour la Tunisie, + 9 % pour le Maroc – et les prévisions pour 2015 misent sur une croissance identique des volumes d’échange avec l’Europe, aussi bien à l’exportation qu’à l’importation.
En septembre, le numéro trois du transport maritime par conteneurs a signé un accord avec China Shipping Container Lines et United Arab Shipping Company pour renforcer son offre de service sur quatre routes jugées stratégiques, dont l’axe Asie-Méditerranée, où le marseillais est majoritaire dans deux hubs en croissance, Med Tanger et Malte. « La reprise des échanges s’appuie sur la perspective d’un grand marché commun de 200 millions de consommateurs dans cette région. Après des années de tétanie, les entreprises françaises ne doivent pas tarder à investir ces marchés car la nature a horreur du vide », prévient Emmanuel Noutary, délégué général d’Anima.
Plusieurs vagues d’investissements étrangers ont suivi les révolutions arabes, voyant tour à tour débarquer des entreprises américaines, des Bric et, l’an passé, des pays du Golfe. Pendant cette période, les entreprises européennes historiquement leaders en Méditerranée ont vu leur influence financière passer de 45 % à 25 %.
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