Changement climatique et populations de poissons en Méditerranée

Des chercheurs de l'IRD (Institut de recherche pour le développement), d'Aix-Marseille Université, de l'Université de Montpellier 2, du CNRS et de Météo-France ont montré1 que le changement climatique affecterait le degré de connectivité des populations de poissons en Méditerranée.
La distance de dispersion des larves piscicoles devrait notamment diminuer de 10 % provoquant une réduction de 3 % des surfaces pêchées essaimées par des larves du réseau d'aires marines protégées.

Les aires marines protégées en mer Méditerranée

La mer Méditerranée comprend plus d'une centaine d'aires marines protégées (AMP) qui jouent un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité marine. Ces AMP participent aussi au maintien des activités de pêche en produisant dans les zones protégées des larves de poissons, qui sont ensuite dispersées vers les zones exploitées. Ces AMP doivent assurer le maintien des espèces exploitées sur l'ensemble du plateau continental. La connectivité des populations, assurée notamment par la dispersion des larves en fonctions des courants, est un élément essentiel de l'efficacité du réseau d'AMP. La question du positionnement de nouvelles AMP reste entière, pour veiller à conserver, voir augmenter ce degré de connectivité, notamment dans un contexte de changement climatique.

Les effets de la hausse des températures sur l'efficacité du réseau d'aires marines protégées

Cette connectivité est influencée par de nombreux facteurs liés au changement climatique. Parmi eux, la diminution de la durée de transport larvaire et la modification de la courantologie. En effet, une augmentation de la température de l'eau devrait diminuer la durée de transport larvaire et affecter l'hydrodynamisme des masses d'eaux.
Les chercheurs ont évalué l'impact potentiel du changement climatique sur la connectivité larvaire en Méditerranée et la capacité du réseau d'AMP à maintenir des populations viables pour des espèces exploitées. Pour cela, ils ont simulé la dispersion de larves en utilisant des modèles hydrodynamiques de circulation marine, capables de prévoir la vitesse et la direction des courants marins jusqu'à la fin du 21e siècle. Sur la base de cette simulation2, l'étude a mis en évidence différents points :
- la connectivité entre les AMP serait affectée. En particulier, la distance de dispersion des larves subirait une réduction de 10 % au cours du siècle (soit 9 km en moyenne)
- la hausse des températures sur la durée de vie larvaire est le paramètre qui aurait l'effet le plus fort sur la connectivité, avec en particulier une accélération des taux métaboliques des larves qui engendreraient une croissance plus rapide et une dispersion réduite
- cette hausse des températures provoquerait également une réduction de la durée de vie larvaire. À la clef une réduction des distances de dispersion d'environ 68 mètres par an, qui entraînerait une diminution des surfaces essaimées par les AMP de 3 % soit environ, représentant 2 700 000 hectares de plateau continental exploité par la pêche. La connectivité entre AMP pourrait cependant augmenter jusqu'à 5 % pour certaines espèces, comme le mérou brun et d'autres espèces thermophiles, dont la reproduction est actuellement limitée par les températures froides du nord de la mer Méditerranée...
Source de l'article News Press
1 : Andrello M et al. (2014) Diversity and distribution DOI: 10.1111/ddi.12250
2 : Scénario A2, atmosphère: ARPEGE-Climat 50km, océan physique: NEMOMED8

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