Pour donner un nouvel élan économique et repenser le modèle énergétique du Maghreb, des experts de la région lancent une Communauté économique maghrébine de l’énergie et des phosphates (CEMEP).
L’idée d’un Maghreb économique qui avance vers les mêmes objectifs et intérêts se poursuit depuis les indépendances malgré les embûches politiques.
Tantôt, les pays du Maghreb s’inscrivent dans la sphère méditerranéenne, tantôt, l’imaginaire arabe devient dominant en lien avec le continent d'Afrique.
Depuis un demi-siècle, les divisions persistent et empêchent que les cinq pays parlent d’une même voix au sujet de tel ou tel domaine. La mondialisation des échanges s’accélère à la faveur de la révolution de l’information et des nouvelles technologies, et de plus en plus de pays s’organisent en confédération régionale, aussi on aurait pu imaginer que les cinq pays du Maghreb parlent un jour d’une même voix. Peine perdue.
Réseau maghrébin
Ainsi, c’est en dehors de l’appartenance nationale et officielle de l’un ou de l’autre pays que des experts ont décidé d'unir leurs expériences pour créer, par-delà les frontières, un réseau maghrébin fondé sur deux thèmes à forte valeur d'exportation : l’énergie et les phosphates. C’est l’Institut Euro-Maghrébin d'Études et de Prospectives (IEMEP) et son vice-président Gilles Bonafi qui sont à l’initiative de ce réseau fédérateur.
Ce dernier se positionne en force de proposition, notamment numérique, où se retrouvent une quinzaine de personnalités maghrébines, dont des économistes (Camille Sari, Jawad Kerdoudi, Mohamed Dié et Achraf Ayadi), des énergéticiens (Rachid Boutti et Tewfik Hasni), des universitaires (Boualem Alliouat) et des experts de la sphère médiatique, politique et société civile (Mohamed Balghouthi et Kamel Khalifa)…
Nouveau modèle énergétique
L’ambition de repenser totalement les modèles économiques maghrébins est, pour la CEMEP, la feuille de route indispensable pour donner un nouvel élan économique à la rive sud de la Méditerranée. Cet élan passe nécessairement par le changement de paradigme énergétique, le passage des sources fossiles à celles renouvelables.
Les experts de la CEMEP annoncent d'ailleurs : "Le potentiel solaire thermique du Sahara équivaut à 10 fois la consommation mondiale globale d’énergie et le développement de nouvelles innovations technologiques permet aujourd’hui de l’exploiter"
Très concernés aussi par la question de la convergence énergie-numérique (smart grids, villes intelligentes, zéro émissions de carbone…), les experts de la CEMEP veulent affirmer l'engagement maghrébin dans le secteur de l’énergie, et pour cela revenir sur l’échec retentissant, en septembre dernier, du fameux projet Desertec qui devait, par des investissements colossaux, fournir de l’énergie solaire du Sahara à l’Europe.
Consommation en hausse
Sans attendre, l‘énergéticien Tewfik Hasni, le prospectiviste Jean-Baptiste Hubert et Gilles Bonafi se sont attaqués à un des dossiers cruciaux au Maghreb, celui de l’avenir énergétique de l’Algérie. Dans un pays où bientôt, en 2020, l’énergie consommée sera supérieure à celle exportée, il est bien sage de prévoir comme première étude, un rapport intitulé "La révolution énergétique algérienne : un modèle pour le Maghreb"
Les fondateurs de la CEMEP veulent aussi être écoutés au Maghreb pour la qualité de leur veille en matière énergétique, notamment en Europe. Ils viennent de se pencher sur le projet néerlandais de pistes cyclables intégrant des panneaux photovoltaïques, inauguré le 12 novembre.
Les experts du CEMEP se sont mis en quête des scientifiques maghrébins qui auraient travaillé sur ce sujet au sein de la Nato, le CNRS néerlandais qui est à l’initiative. La grande originalité du CEMEP serait en effet de s’appuyer sur les diasporas du Maghreb.
Nidam Abdi (Consultant) - Source de l'article Les Echos
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