L’utilisation des énergies renouvelables (EnR) dans le tourisme est encore à l’état embryonnaire dans les pays du bassin méditerranéen.
Une région qui se présente, faut-il le noter, comme un point chaud du réchauffement climatique, selon les rapports rendus publics jusque-là, notamment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, la perspective du changement climatique fait peser de lourdes menaces sur le développement durable du tourisme. Les participants à la rencontre consacrée aux opportunités des EnR dans le tourisme en Méditerranée dans le cadre de la 8e Semaine économique de la Méditerranée (SEM), tenue du 6 au 8 novembre dernier à Marseille, n’ont pas manqué de le souligner.
Les intervenants ont tour à tour relevé la nécessité d’opérer cette transition énergétique dans un secteur où la consommation en énergie enregistre une forte croissance, avec toutes les conséquences sur l’environnement et sur les ressources énergétiques conventionnelles. Un rapport de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) montre d’ailleurs que les activités touristiques génèrent 60% des émissions de gaz à effet de serre en Méditerranée, où le transport aérien est le plus utilisé par les touristes dans un secteur où les opportunités de développement des EnR pour réduire les impacts environnementaux ne manquent pas, de l’avis des experts réunis à Marseille.
«Aujourd’hui, le monde évolue très vite, nous sommes en train de changer de société», a souligné André Joffre, vice-président de l’Institut méditerranéen des énergies renouvelables (IMEDER). Et d’ajouter : «La transition énergétique offre des moyens de créer des richesses. Nous sommes à l’aube d’une technologie récente en matière d’énergies renouvelables.»
Mais pour généraliser cette technologie dans les pays de la Méditerranée, notamment ceux de la rive Sud, à l’image de l’Algérie, il y a lieu de jouer sur la formation et sur l’échange des expériences réussies dans cette région. L’Association méditerranéenne des agences nationales de maîtrise de l’énergie (Ademe), a proposé dans ce cadre la mise en place de formations pour l’installation des EnR, la mise en œuvre de projets, et le partage d’expériences entre les pays.
Algérie : Des projets pilotes en attendant la généralisation
Des exemples ont été exposés justement lors de la rencontre de Marseille. Il y a eu, à titre illustratif, la présentation du potentiel de la production d’eau chaude sanitaire et le chauffage des piscines dans le secteur hôtelier au Maroc, et le projet de coopération transfrontalière pour la promotion de la rénovation des bâtiments touristiques en Méditerranée. Il y a également le projet qui sera réalisé en Espagne pour la réalisation de la première île (El Hierro dans l’archipel des Canaries) au monde autonome en énergie grâce à une centrale hydro-éolienne.
Théoriquement, en Algérie, plusieurs projets touristiques pilotes dans l’utilisation des EnR et dans la protection de l’environnement ont été lancés dans l’esprit du «tourisme durable». Mais les résultats ne sont pas encore palpables sur le terrain. L’intégration des EnR dans les projets touristiques reste en effet timide pour l’heure, en dépit des mesures incitatives à l’investissement dans ce domaine, notamment dans le cadre du Schéma directeur de développement touristique (SDAT). Il faudrait, en effet, attendre quelques années pour voir la concrétisation des projets annoncés jusque-là dans certaines wilayas.
On annonce ainsi la réalisation à Oran d’un village touristique fonctionnant exclusivement avec de l’énergie solaire, et qui sera composé de chalets, d’hôtels d’une capacité de 200 chambres, de restaurants et d’un terrain d’équitation. Ce projet, un investissement privé en partenariat avec un opérateur allemand, s’étale sur une superficie de 60 hectares, sur un site localisé sur la corniche oranaise, dans la commune de Bousfer, pour un coût de 80 millions d’euros. A l’instar d’Oran, d’autres wilayas de l’ouest à l’image de Saïda et Sid Bel Abbès ont lancé plusieurs initiatives visant à promouvoir l’utilisation des EnR pour un tourisme en harmonie avec l’environnement.
A l’Est, c’est la wilaya d’El Tarf, compte tenu de son environnement et de ses espaces naturels, qui est appelée à devenir un pôle d’excellence pour le développement de l’écotourisme en attendant que d’autres projets suivent pour la généralisation des EnR dans les zones touristiques, où la demande est également appelée à augmenter. En plus des EnR, l’eau est l’autre enjeu majeur du secteur dans un pays comme l’Algérie où la conversion au tourisme durable nécessite de se pencher sérieusement sur cette question, tout comme sur celle des EnR.S. I.
Par Safia Berkouk - Source de l'article de l'article El Watan
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