À eux trois, entre similitudes et différences, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie représentent un gros potentiel d’affaires pour les entrepreneurs français de plus en plus distancés sur le terrain par les Chinois, les Espagnols et les Turcs.
Les besoins sont immenses et beaucoup correspondent à des compétences avérées des Rhônalpins. L’énoncé de quelques dossiers d’infrastructures illustre l’ampleur des aspirations.
Un récent road-show organisé à la CCI de Lyon Métropole Saint-Étienne-Roanne, orchestré par Nabila Gara en charge de cette zone à la CCI et soutenu par la compagnie aérienne Transavia a permis de faire un point d’étape sur les trois pays du Maghreb avant une longue série de rendez-vous individuels.
Accords de libre-échange avec le Maroc
Charafa Chebani, directrice du pôle CFCIM-Business France, a rappelé le nombre important d’accords de libre-échange que le Maroc a signés, dont plusieurs avec l’UE, ce qui permet des entrées de produits en exonération de droits de douanes. Le pays s’est lancé dans un certain nombre de réformes bénéfiques notamment à travers ses divers plans sectoriels. Le Plan Halieutis vise à améliorer les pêcheries, l’aquaculture et à structurer les ports de pêche. Côté infrastructures, on notera l’accélération du rythme de constructions autoroutières pour atteindre 1.800 km et relier les villes de 400.000 habitants, la construction de terminaux sur les aéroports des principales villes, le dossier de ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca et les investissements sur Tanger-Med, hub maritime et logistique qui dessert le bassin méditerranéen et l’Afrique de l’Ouest. Tanger-Med 2 devrait représenter 758 millions d’euros d’investissement pour une livraison en 2019.
Malgré une baisse des IDE, le Maroc reste dans le Top 5 des pays d’accueil en Afrique avec l’Égypte. L’automobile (usine PSA de Kénitra) et l’aéronautique restent deux postes porteurs. Les entreprises doivent savoir que les délais de paiement sont longs et s’allongent encore, une notion à bien garder à l’esprit pour ne pas mettre en péril une PME.
Nouveau code d’investissement en Tunisie
Les fondamentaux tunisiens ne sont pas au beau fixe même si certains observateurs espèrent une croissance de 2 % cette année. Le secteur du tourisme est sinistré même si des hôteliers font de gros sacrifices pour maintenir leur personnel et leurs établissements à flots en espérant des jours plus sereins. Les autorités exhortent les Tunisiens de l’étranger à aider leur pays. Un plan de grandes réformes a été décidé pour la période 2016-2020. Il comprend un nouveau code d’investissement "libéral, simple et comportant de grandes ouvertures aux opérateurs étrangers" et des procédures douanières moins lourdes avec, par exemple, la suppression de la taxe sur la consommation. 13.000 sociétés françaises exporteraient vers la Tunisie. Parmi les projets publics touchant les infrastructures, on peut citer la réalisation du premier tronçon de l’autoroute Tunis-Jelma (188 km), la construction d’un pont sur le canal à Bizerte, l’aménagement de 1.450 km de pistes rurales et de plusieurs centaines de kilomètres du réseau classé, la construction de 25 ponts dans 23 gouvernorats. "Les autorités tunisiennes ne négligent pas la logistique avec la construction d’une plateforme de 47 hectares à Radès", observe Habib Gaida, directeur général de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie. Le terminal à conteneurs du port de Radès devrait être étendu. Une autre plateforme logistique multifonctions de 100 hectares serait aussi prévue à Zaghouan. Des améliorations ferroviaires et les travaux du métro, à Sfax, sont aussi envisagés. L’énergie, éolienne et photovoltaïque, l’assainissement, la santé, le sport et les NTIC sont aussi porteurs pour les entreprises rhônalpines, habiles dans ces domaines.
"Ce qui est attendu, ce n’est pas de l’argent, ce sont des savoir-faire"
L’Algérie est un pays de plus de 40 millions d’habitants dont 50 % ont moins de 20 ans, une chance ou une soufrière si les formations et les emplois sont défaillants. La France s’est récemment fait dépasser par la Chine comme premier fournisseur, suivie par l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. L'Hexagone est maintenant son troisième client après l’Espagne et l’Italie. Dans ce pays compliqué mais aux besoins immenses, les importations se feront par crédit documentaire et les Incoterms que recommande Halim Ammar Khodja, de la CCI algéro-française, sont les FOB, CFR et CPT. Le plan quinquennal 2015-2019 fait la part belle au bâtiment et aux travaux publics avec par exemple les équipements pour l’autoroute Est-Ouest de 1.200 km avec postes de péages, centres d’exploitations, station de pesage de véhicules lourds. La réalisation de 53 ouvrages d’art, la construction de tramways dans 16 villes, de 26 barrages, de cinq stades, etc., donnent matière à action pour les entrepreneurs fortement documentés. Gefco France intensifie les fréquences de ses lignes de groupage en transport ro-ro vers le Maghreb et assure les formalités douanières. L’Algérie travaille avec l’université de Toulouse ou le Cetim sur des projets industriels et mécaniques. Le cabinet d’avocats Simon Associés a récemment renforcé ses relations au Maghreb en signant trois nouvelles conventions transnationales avec des confrères algériens, tunisiens et marocains pour faciliter le développement des PME et même le commerce Europe-Asie-Afrique. L’ouverture récente du vol d’Air Canada Lyon-Montréal peut profiter du premier vol lancé en Afrique par la même compagnie entre Montréal et Casablanca pour les gens d’affaires rhônalpins qui oscillent entre l’Afrique du Nord et l’Amérique du Nord…
"Ce qui est attendu, ce n’est pas de l’argent mais des savoir-faire", a relevé Halim Ammar Khodja. Même si ce pays dispose de 130 milliards de dollars de réserves de change, la chute des cours du pétrole contrarie plusieurs projets. Patience, persévérance et présence, un conseil lancé par les trois conférenciers mais à adapter pour bien d’autres contrées.
Par Annick Béroud - Source de l'article Lantenne
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