Les relations bilatérales entre l’Allemagne et les pays du Maghreb ont connu, ces derniers temps, une amélioration constante. Plusieurs responsables allemands et hommes d’affaires ont exprimé à maintes reprises leur réel souhait d’investir davantage notamment en Algérie, dans les secteurs hors hydrocarbures.
Ce développement traduit l’intérêt des différentes parties pour une coopération accrue et diversifiée.
Les soulèvements arabes, déclenchés par la «révolution tunisienne» de janvier 2011, ont non seulement attiré l’intérêt des décideurs allemands en matière de politique étrangère envers la région MENA, mais aussi celui de nombreuses institutions et organisations. Ils ont, de même, incité l’opinion publique et les médias allemands à porter un regard nouveau sur cette région. Ceci est particulièrement vrai pour le Maghreb, et notamment pour la Tunisie, au centre des attentions depuis 2011. Bien que les relations économiques comptaient pour beaucoup depuis des décennies et s’étaient renforcées ces dernières années, les liens sociopolitiques étaient relativement faibles.
Lors de la crise libyenne, l’Allemagne n’a pas participé à l’intervention militaire qui a conduit à la chute du régime de Kadhafi en 2011, mais elle a apporté une aide humanitaire et une aide médicale aux blessés et a contribué au processus de reconstruction du pays. Ses relations avec l’Algérie ont été renforcées et réaffirmées avec la visite de M. Westerwelle, ministre allemand des affaires étrangères, à Alger en janvier 2012, et réciproquement, son homologue algérien, Mourad Medelci, s’est rendu en Allemagne en mars 2013.
Les relations entre l’Allemagne et le Maroc sont étroites et particulièrement intenses dans les domaines de la coopération pour le développement et de la coopération pour l’environnement, le climat, l’économie et les énergies renouvelables.
À l’instar des autres États membres de l’UE, l’Allemagne tâche de mettre en œuvre une politique étrangère qui prend en compte aussi bien les intérêts nationaux que les européens. Toutefois, la politique étrangère de l’Allemagne envers le Maghreb est moins motivée par des intérêts politiques géostratégiques (ou de sécurité) que par des intérêts économiques.
En termes de mesures concrètes, le gouvernement fédéral a alloué pour la période 2012-2013 100 millions d’euros supplémentaires pour aider au processus de transformation en Afrique du Nord. Cette aide a pour objectif de contribuer à compenser les problèmes socioéconomiques auxquels les pays du Maghreb se heurtent actuellement sous différentes formes, qu’il s’agisse du fort taux de chômage (surtout chez les jeunes), d’une situation économique devenue instable après les soulèvements, de l’impact de la crise financière et économique mondiale ou de l’augmentation du prix des denrées alimentaires.
Le rapprochement : Dimension politique
Les bouleversements survenus dans la région ont donné lieu à de nombreuses réactions favorables de la part du monde politique allemand. La création de «partenariats pour la transformation avec la Tunisie et avec l’Égypte» (et aussi, en partie, la Jordanie, le Maroc et la Libye) par le ministère des affaires étrangères dès 2011 a constitué une réponse institutionnelle rapide.
Ces partenariats visent à favoriser la démocratisation et à améliorer la situation économique et sociale de ces pays. Par ailleurs, un processus de restructuration des unités de travail du ministère des affaires étrangères a été lancé. Il s’est traduit, entre autres, par la nomination d’un représentant du ministère des affaires étrangères allemand pour le monde arabe et par la mise en place d’un groupe de travail bilatéral entre les ministères tunisien et allemand des affaires étrangères.
Ce groupe de travail se réunit deux fois par an et se charge d’évaluer les progrès des projets communs. Outre un regain des activités diplomatiques de la chancellerie fédérale et de différents ministères, la commission parlementaire pour les relations de l’Allemagne avec les pays du Maghreb est elle aussi devenue plus active à la suite du printemps arabe. Les relations entre la Tunisie et l’Allemagne se sont intensifiées avec de nombreuses visites réciproques à compter de 2011, dont plusieurs visites du ministre allemand des affaires étrangères en Tunisie (février 2011, janvier 2012 et mars 2013).
Le 9 janvier 2012, le ministre allemand signait avec Rafik Abdelsalam (Ennahda), à l’époque ministre tunisien des affaires étrangères, une «déclaration commune» qui a ouvert la voie à de nombreux projets de coopération germano-tunisienne dans les domaines de la démocratie, de l’État de droit, des médias, de la société civile, de la formation professionnelle, de l’éducation et de la coopération culturelle.
Sur la période 2012-2013, quelque 60 millions d’euros ont été alloués à la Tunisie. En mars 2012, Hamadi Jebali (Ennahda), à l’époque Premier ministre de Tunisie, s’est rendu à Berlin, suivi par le président de Tunisie, Moncef Marzouki, en mars 2013.
En mars 2012, la chancelière Angela Merkel et Hamadi Jebali lançaient les «consultations gouvernementales» qui marquaient une nouvelle étape en termes de diplomatie et constituaient une première dans les relations germano-maghrébines. C’est sur la base de ces consultations que des partenariats pour la transformation, la sécurité et l’énergie ont été mis en œuvre. Les premières consultations gouvernementales officielles entre les secrétaires d’État tunisien et allemand se sont produites le 12 septembre 2012.
Par Ismain - Source de l'article Reflexiondz
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